Les hôpitaux seront davantage financés en fonction de leur spécialisation et du type de soins prodigués qu’au nombre de prestations.

Coalition Arizona | Une attention particulière portée aux jeunes et à la santé mentale

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

La réforme du financement des soins de santé se poursuit. Le métier d’infirmier sera valorisé, mais comment? L’Arizona promet de s’attaquer à l’épineux (et coûteux) problème de la santé mentale.

Vieillissement de la population, maladies chroniques, santé mentale, financement des hôpitaux, pénurie de médicaments et d’infirmiers: les défis en matière de soins de santé ne manquent pas. Les attentes, surtout du côté du personnel soignant et des structures de soins, étaient fortes; les craintes de sous-financement persistantes. Ont-ils été entendus?

Ambitionnant de faire baisser la pression sur le système hospitalier sans diminuer la qualité des soins, l’Arizona vise une « solidarité efficace » guidée par trois objectifs: prolonger l’espérance de vie en bonne santé, réduire les inégalités en matière de santé et assurer un environnement le plus sain possible.

Innovation et performance

Gros changement en vue pour les hôpitaux qui, dorénavant, ne seront plus financés en fonction des actes posés mais de la pathologie. Le principe, très concurrentiel, du « pay for performance » vise à pousser les hôpitaux à améliorer la qualité de leurs soins et à investir dans les innovations. Le budget alloué devrait toutefois, promet la nouvelle formation, tenir compte des caractéristiques sociales de la population. Malgré cette mise en concurrence, la coopération et le rapprochement entre les hôpitaux sont encouragées. Tout comme le développement de centres de référence et d’excellence et la simplification administrative.

La norme de croissance est maintenue. Aucun pourcentage n’est précisé mais le gouvernement veut avoir davantage son mot à dire sur la destination de cet argent. Le montant ne doit pas servir uniquement à répondre à une augmentation de volume, juge la coalition. Par exemple, une partie de cette somme pourrait être affectée à des objectifs prioritaires.

L’Arizona entend aussi poursuivre la politique de limitation des suppléments d’honoraire. Désormais, la rémunération des spécialistes sera calculée sur la base d’un honoraire « pur » et les frais de fonctionnement sur base de critères objectifs. En attendant la mise en oeuvre complète de ce nouveau financement, des mesures transitoires seront prévues dans le cadre desquelles les hôpitaux continueront d’être financés adéquatement afin de continuer à garantir la continuité des services et la santé financière du secteur hospitalier. Par ailleurs, les médecins seront davantage invités à se conventionner.

Simplication et bilinguisme

Pour compenser le manque criant de médecins et de dentistes, régulièrement rappelé et dénoncé par les associations représentatives des acteurs de la santé, les quotas seront augmentés.

L’Arizona entend également mieux gérer l’occupation des lits dans les hôpitaux, notamment en renforçant l’hospitalisation de jour et l’hospitalisation à domicile. La formation annonce aussi qu’elle planchera sur la simplification et la réduction des certificats médicaux inutiles, en concertation avec les entités fédérées.

Dans les structures hospitalières bruxelloises, le bilinguisme sera exigé pour le personnel soignant. «Aujourd’hui, il n’est pas rare que les néerlandophones éprouvent des difficultes à être soignés dans leur langue maternelle au sein de la capitale, alors même qu’il s’agit de la langue parlée par la majorité de la population dans le pays. Dans une région au statut bilingue, ce n’est pas acceptable».

La nouvelle politique mise en place, peut-on encore lire, sera axée sur les conditions de travail, la valorisation et l’attractivité de la profession et le contenu du travail. Comment? Rien n’est vraiment précisé. Le texte mentionne juste que le gouvernement organisera une concertation avec les prestataires de soins concernés.

Une série de mesures ont aussi été définies pour améliorer l’accès aux soins de santé. L’accès aux contraceptifs de longue durée, par exemple, sera favorisé sur le plan financier. De même que certaines pratiques thérapeutiques comme la kinésithérapie -accessible sans certificat médical- ou la logopédie (y compris pour les enfants ayant un QI plus faible ou atteints de troubles, dont celui du spectre autistique).

Le tabac et l’alcool toujours moins tolérés

Une attention particulière est portée à la santé mentale, surtout chez les jeunes. Les différents baromètres menés ces dernières années ont démontré que la santé mentale des Belges se détériore, surtout depuis la pandémie de Covid-19. Il est question d’épidémie de solitude, de burnout et de troubles anxieux.

«Accroître la résistance et la résilience mentale de notre population, une identification et une intervention plus rapides en cas de problème, l’administration de soins intégrés en cas de pathologies psychiques et psychiatriques sérieuses et complexes constituent des défis majeurs pour les années à venir. Les problèmes de santé mentale ont souvent un impact non seulement sur la personne elle-même mais également sur l’environnement proche et la société au sens large. Il suffit de penser, par exemple, à la proportion importante d’incapacités de travail causées par des problèmes mentaux tels que le burn-out, le décrochage scolaire chez les jeunes et l’augmentation du nombre d’internés et d’hospitalisations forcées», décrivent les négociateurs.

La poursuite de l’intégration des services de santé mentale dans les foyers pour enfants, les CPAS, les centres de services locaux, les médecins généralistes, etc. fait partie des mesures annoncées. Dans les hôpitaux généraux, l’accent sera mis sur un meilleur screening des troubles psychiatriques par une collaboration avec les hôpitaux psychiatriques et les équipes mobiles.

L’accord de gouvernement insiste enfin sur le volet préventif. Les fumoirs dans les lieux accessibles au public seront interdits et le gouvernement élargira l’interdiction de fumer aux terrasses. Il entend aussi introduire une interdiction de fumer dans les camps de jeunesse. Les aides au sevrage tabagique devraient aussi être davantage accessibles et l’attrait des cigarettes électroniques devrait être réduit en limitant fortement la gamme des goûts. Enfin, le message de santé actuel « l’abus d’alcool nuit à la santé » sera remplacé par « l’alcool nuit à la santé ».

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