12% de la population adulte belge utilisent un somnifère
La consommation chronique de somnifères et de sédatifs est problématique au sein de la population belge. Une étude de l’université de Gand, publiée lundi, alerte quant à la relative inefficacité des campagnes et mesures de prévention en Flandre. Une approche plus globale est nécessaire.
Selon la dernière enquête nationale de santé (2018), 12% de la population adulte belge utilisent un somnifère ou un sédatif du groupe des benzodiazépines et des « Z drogues ». On parle ici des bien connus Xanax, et autres Valium. Et d’après des chiffres estimés par le SPF Santé publique, un patient sur trois prend encore ces médicaments huit ans après le début de son traitement, contre les deux seules semaines recommandées. Or, les effets secondaires d’une consommation prolongée sont bien connus: dépendance, somnolence diurne, vertiges, oublis, etc.
Le projet « Benzo-net » (Perception, habitual use and cessation of benzodiazepines: a multi-method nethnography) de l’université de Gand, a cherché a mieux comprendre le vécu des utilisateurs à long terme de ces médicaments dans le Nord du pays. Trente personnes consommant ou ayant consommé ces médicaments depuis longtemps ont été interrogées entre juillet 2019 et février 2021. Les résultats montrent que la majorité d’entre elles a reçu peu d’informations sur les effets à long terme, la date d’arrêt recommandée, l’arrêt pur et simple du traitement et les alternatives possibles pour traiter les causes sous-jacentes à cette consommation.
La recherche montre également que de beaucoup éprouvent un sentiment de honte à l’égard de leur consommation de médicaments, et hésitent à demander de l’aide, préférant se renseigner sur des forums en ligne auprès d’autres personnes malades. Il est d’ailleurs frappant de constater que les deux dernières campagnes fédérales de prévention ont été vécues comme agressives et stigmatisantes par les consommateurs de longue date.
Les chercheurs à l’initiative de cette enquête en appellent donc à penser de manière plus globale la prévention de l’utilisation à long terme, à davantage former les médecins généralistes, à sensibiliser la population, et ce, dans un environnement qui ne stigmatise pas.
Limitée dans un premier au territoire flamand, cette étude devrait s’étendre au sud du pays prochainement puisque, selon la chercheuse responsable Melissa Ceuterick, une collaboration avec l’université de Liège est prévue.