La cathédrale Saint-Louis de Carthage, en Tunisie, où Sonia Mabrouk a rencontré le sacré. © belgaimage

Retrouver la voie du sacré, ok. Mais pour quoi faire ?

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La journaliste Sonia Mabrouk exhorte à reconquérir le sacré. Au départ intime, sa démarche vire au combat contre la «civilisation islamique».

«Le rationalisme occidental nous a aveuglés, nous faisant confondre cause et raison, de sorte qu’à force de tout rationaliser, nous nous retrouvons entièrement désarmés lorsque de terribles maux nous frappent.» Pour y remédier, Sonia Mabrouk, journaliste aux très droitières radio Europe 1 et chaîne TV CNews, appelle, comme le proclame le titre de son dernier essai, à Reconquérir le sacré (1). Son credo est de se soustraire au tout rationnel et au matérialisme débridé. «Durant ce voyage [vers le sacré], vous sortez totalement de la ronde de la société afin d’être en concordance avec vous-même. Le système marchandisé, hyperuniformisé et technologisé, d’un seul coup, n’est plus», argumente l’autrice.

Le sacré représente […] tout ce qui fait lien au sein de la société.

A l’origine, la démarche peut paraître noble et pertinente. D’autant que Sonia Mabrouk indique que «le sacré représente […] tout ce qui fait lien au sein de la société» et qu’il n’est «pas uniquement religieux et encore moins mystique ou à caractère spirituel». Un édifice, un paysage, un événement peuvent provoquer ce «jaillissement de forces à la fois intimes et universelles». Au fil du développement de sa pensée, on s’aperçoit cependant que le sacré a, chez Sonia Mabrouk, une forte voire incontournable dimension religieuse. «Il serait illusoire de penser que le sacré peut être complètement dissocié du religieux» ; «il est urgent de remettre le sacré au centre de nos réflexions, et par là même, l’église au centre du village», assure-t-elle ensuite.

(1) Reconquérir le sacré, par Sonia Mabrouk, L’Observatoire, 144 p.
(1) Reconquérir le sacré, par Sonia Mabrouk, L’Observatoire, 144 p. © National

De l’éloge du sacré, on passe alors à la défense de la chrétienté et des racines judéo-chrétiennes de la France, y compris la messe tridentine en latin, face au transhumanisme ou à l’islam. De la quête intime, on évolue vers un discours politique de protection de la «civilisation» européenne face à la civilisation islamique et orientale, dont l’autrice semble envier la prouesse d’avoir su conserver le souffle du sacré. Bref, au départ d’intentions apparues louables, Reconquérir le sacré se perd dans l’idéologie décliniste. «Nous n’avons d’autre choix que de prendre le chemin de l’homme spirituel pour éviter la déliquescence de notre civilisation. La désacralisation conduit à la décivilisation», soutient Sonia Mabrouk. La survie de l’Occident passera par le sacré, indique le slogan inscrit sur la jaquette de la couverture. D’autres penseront qu’elle passe par la défense de la liberté, de la fraternité, de l’égalité, de l’Etat de droit, bref de la démocratie protégée des menaces de la théocratie.

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