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Qui sont ces Belges qui pourraient devenir papes?
Si le pape François décédait, sa succession s’orchestrerait au Vatican à l’occasion d’un protocole bien huilé. Actuellement, deux cardinaux belges seraient appelés à voter au sein du conclave. Quelques autres ont un lien de proximité avec la Belgique. Auraient-ils leurs chances?
L’état de santé du pape François, hospitalisé à Rome, suscite des interrogations ces derniers jours. Le souverain pontife, jusqu’à nouvel ordre, reste bien en place. Mais c’est assez naturellement que des spéculations occupent bien des catholiques quant à sa succession, qui surviendra tôt ou tard. Qu’on se le dise d’emblée: il y a vraisemblablement très peu de chances qu’un Belge devienne pape. Mais, ce n’est pas tellement courant, deux cardinaux belges participeraient au conclave, s’il devait se tenir prochainement.
Luc Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles depuis 2023, n’a pas été créé cardinal par le pape, à ce stade. Son prédécesseur, Jozef De Kesel, par contre, l’a été en novembre 2016. Âgé de 77 ans, il fait bien partie des cardinaux électeurs, en cas de conclave, puisque la règle veut qu’ils puissent participer au vote s’ils ont moins de 80 ans.
C’est tout récent: la Belgique compte un second membre votant, en quelque sorte. En décembre 2024, en effet, le pape François a élevé Dominique Mathieu au rang de cardinal. S’il conserve bien la nationalité, ce prêtre de 61 ans ne vit cependant plus en Belgique depuis longtemps. Originaire d’Arlon, il a grandi à Damme, en région brugeoise, et appartient à l’ordre des Frères mineurs conventuels. Parti au Liban en 2013, il n’a plus vraiment quitté le Proche-Orient depuis lors, puisque le pape l’a nommé archevêque de Téhéran-Ispahan en janvier 2021. «C’est le seul évêché catholique dans la république islamique d’Iran», indiquait d’ailleurs Cathobel, en octobre dernier, lors de l’annonce de son accession au rang de cardinal.
Le fait que la Belgique compte deux cardinaux électeurs au concile n’est pas courant dans l’histoire récente, mais cette situation n’est pas exceptionnelle pour autant, indique Rik Torfs, professeur de droit canon et ancien recteur de la KU Leuven.
«Habituellement, l’archevêque de Malines-Bruxelles devient cardinal. Mais il y a aussi eu des cardinaux belges travaillant au sein de la curie romaine, qui avaient donc le droit de voter en cas de conclave», précise-t-il. Ce fut le cas du cardinal Jan Pieter Schotte qui fut, de 1985 à 2004, «le secrétaire général du synode des évêques», comme le rappelle Tommy Scholtes, porte-parole francophone de la Conférence épiscopale de Belgique. Il est cependant décédé quelques semaines avant la disparition de Jean-Paul II et n’a donc pas participé au conclave qui s’en est suivi.
Créé cardinal en 1985, Jean Jérôme Hamer, également membre de la curie, est décédé en 1996. «On peut encore penser à Maximilien de Furstenberg (NDLR: créé cardinal par Paul VI en 1967), qui a participé aux deux conclaves de 1978», ajoute Rik Torfs.
Un pape belge, c’est peu probable
Voilà que, un peu moins d’un demi-siècle plus tard, deux cardinaux belges participeront au prochain conclave, pour autant qu’il se tienne avant que Jozef de Kesel atteigne l’âge de 80 ans. En théorie, tout homme baptisé et adulte peut devenir pape, mais l’usage veut que les cardinaux le désignent parmi leurs pairs. Potentiellement, l’un ou l’autre pourrait dès lors être élu pour devenir souverain pontife. Pour autant, les chances que l’élection d’un pape belge se produise demeurent très minces.
Du côté de la conférence des évêques, on se refuse à ce stade à formuler ce type de conjectures. «Parce qu’il faut rester humbles, la Belgique n’est certainement pas au centre de l’Eglise catholique», d’autres régions du monde abritant des populations bien plus ferventes. «Mais aussi parce que je préfère accompagner par la prière et par le cœur l’hospitalisation du pape François», indique Tommy Scholtes.
Rik Torfs, pour sa part, estime «que les deux Belges ont vraisemblablement très peu de chances, même si obtenir la majorité des deux tiers au conclave aboutit souvent à un compromis. Il faut voir quelle dynamique se mettra en place, au moment venu. Mais reconnaissons que Jozef de Kesel est retraité, désormais, et que sa santé lui permettrait difficilement d’endosser de telles fonctions.»
Quant à Dominique Mathieu, franciscain, «sa carrière est quand même marquée par l’humilité. Il a été choisi pour un apostolat peu spectaculaire, il n’a certainement pas cherché le prestige et n’a pas d’expérience au sein de la curie». S’il fallait le formuler en termes plus politiques, c’est un nouveau cardinal, qui ne s’est pas rapproché des cercles de pouvoir du Vatican lors de son parcours. «C’est le cas de beaucoup de cardinaux, d’ailleurs, qui ont été désignés par François, mais n’ont pas d’expérience avec l’administration du Vatican. Ils viennent parfois de pays qui n’avaient pas de cardinal précédemment et ne se sont rendus qu’à deux ou trois reprises à Rome. Rien n’est impossible, mais ce ne sont pas les premiers auxquels on pense», en termes de candidats potentiels.
Ces cardinaux passés par la Belgique
Parmi les 140 cardinaux électeurs, on compte encore plusieurs personnalités qui ne sont certes pas belges, mais ont une forme de proximité avec la Belgique.
C’est le cas du cardinal philippin Pablo Virgilio David, également devenu cardinal en décembre dernier. Né en 1959, il a effectué une partie de ses études en Belgique, pour obtenir un master et un doctorat à la KU Leuven. «J’avais le choix entre Rome et Louvain pour la suite de mes études. C’est un prêtre belge qui m’a convaincu d’opter pour Louvain», confiait-il à Cathobel en décembre, en expliquant conserver des liens d’affection pour le pays. «Une famille m’a adopté et m’a accueilli en Belgique. Avant moi, ils s’étaient déjà occupés d’un autre prêtre philippin qui était doctorant à Louvain. Ces deux professeurs étaient des personnes merveilleuses qui m’ont fait découvrir la culture belge. Ils m’invitaient souvent chez eux. Leurs enfants étaient comme des frères et sœurs pour moi.»
Pour la petite histoire, l’archevêque de Barcelone Juan José Omella a effectué une partie de ses études à Louvain. Notons encore que l’archevêque de Luxembourg, Jean-Claude Hollerich, a effectué ses études secondaires à Clairefontaine (Arlon) et son noviciat à Namur, durant deux ans au début des années quatre-vingt.
Le cardinal sud-africain Stephen Brislin, a lui notamment étudié la théologie à l’UCLouvain, tandis que le Suédois Anders Arborelius est passé par Bruges au cours de son cursus.
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