Ludivine Ponciau
Quand Van Cau renvoyait les cars de migrants vers Bruxelles
«Nous bloquerons ces bus. Ils ne rentreront pas à Bruxelles». La position de Philippe Close (PS), en réponse à la menace réaffirmée de la Hongrie (et cautionnée par Georges-Louis Bouchez) d’expulser des migrants par bus vers la capitale européenne, est ferme mais pas inédite. Un autre bourgmestre socialiste avait en son temps adopté la même posture «peu généreuse» mais politiquement payante.
Dans un tout autre contexte migratoire et il y a quelques décennies de cela, un mayeur socialiste avait empêché un bus de débarquer ses passagers sur le trottoir de sa commune. Cette fois-là, c’était dans le sens Bruxelles-Charleroi, et non Budapest-Bruxelles, que les migrants avaient été ballottés avant de revenir à la case départ, quelques heures plus tard.
Bourgmestre de Charleroi de 1983 à 1995, Jean-Claude Van Cauwenberghe se souvient de la manière dont lui et l’huissier auquel il avait fait appel avaient accueilli ce bus que le fédéral lui avait envoyé, se justifie-t-il, «sans concertation préalable».
Aujourd’hui, la Belgique compte une centaine de centres d’accueil pour demandeurs d’asile, organisés et gérés par le fédéral et répartis sur l’ensemble du territoire belge, ce qui représentant 85% de la capacité totale du réseau. Les autres places d’accueil sont des logements individuels organisés par des CPAS et des associations.
Mais fin des années 1980, début des années 1990, la réalité était tout autre. La pression migratoire était sans commune mesure avec celle que doivent aujourd’hui gérer les états européens et leurs entités locales. Les réfugiés, demandeurs d’asiles et sans-papiers qui se présentaient au compte-goutte étaient généralement accueillis et épaulés par des associations locales. Il y a avait généralement de la place pour tout le monde et l’implication des communes était alors relativement minime.
A leur arrivée et avant même qu’ils n’aient pu poser le pied à terre, les migrants s’étaient vu demander où ils souhaitaient être accueillis. Ne connaissant que le nom de leur premier point de chute, ils avaient naturellement nommé Bruxelles. Pour le mayeur carolo, l’affaire était entendue : si tel était leur vœu, il serait exaucé.
Une décision peu charitable, «pas très généreuse, ni très courageux», admet aujourd’hui le principal intéressé, mais qui, à l’époque, lui avait été assez profitable politiquement puisqu’elle lui avait permis de renforcer sa posture de bourgmestre «résistant, dur et autoritaire». En aurait-il inspiré d’autres?
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