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PPDA, violeur en série ? De nouvelles femmes l’accusent

Mediapart a réuni, mardi, vingt femmes qui accusent Patrick Poivre d’Arvor d’agressions sexuelles ou de viols. Toutes ont expliqué ce qu’elles auraient subi, en réaction à la plainte de l’accusé pour dénonciation calomnieuse, déposée le 27 avril dernier.

« J’étais allongée, il m’a enlevé mon pantalon, ma culotte », « Je n’ai pas le temps de me poser de questions, il me bascule sur le lit, il me déshabille, il se déshabille et il me pénètre», « Je venais pour un entretien professionnel […] cinq minutes après j’avais son sexe dans ma bouche ». Voici quelques-uns des témoignages entendus sur le plateau de Mediapart, ce mardi 10 mai.

Pour la première fois, vingt femmes qui accusent Patrick Poivre d’Arvor, ancien présentateur et vedette de TF1, de viols et d’agressions sexuelles, ont été réunies sur un seul et même plateau pour témoigner. 18 l’ont fait à visages découverts, certaines pour la première fois. « Je témoigne publiquement en réponse au dépôt de plainte de monsieur Poivre d’Arvor. C’est une façon de lui dire que je n’ai pas peur et que je maintiens mon témoignage à savoir qu’il m’a violée quand j’étais mineure », explique Margot Cauquil-Gleizes, enseignante.

L’affaire a démarré en février 2021, lorsque l’auteure Florence Porcel, présente sur le plateau de Mediapart, a déposé plainte. Cette plainte a servi de déclencheur pour d’autres femmes, qui ont par la suite elles aussi décidé de parler. Peu de temps après, Patrick Poivre d’Arvor était invité sur le plateau de Quotidien, émission de la chaîne TMC. Lors de son interview, il a soutenu qu’il n’avait jamais eu recours à des relations non consenties et a mis en avant les témoignages anonymes. « Uniquement de l’anonymat, toujours de l’anonymat, jamais une personne qui n’ose me dire les yeux dans les yeux ».

Une saga judiciaire en vue

La première enquête visant PPDA, ouverte à la suite des témoignages de viols, agressions sexuelles ou harcèlement a été classée sans suite en juin 2021, principalement en raison de faits prescrits ou de preuves insuffisantes. En décembre 2021, Florence Porcel a enclenché une nouvelle plainte avec constitution de partie civile, ce qui a permis l’ouverture d’une information judiciaire, toujours en cours. Parallèlement, deux nouvelles femmes ont porté plainte, dont une pour viol. Une nouvelle procédure judiciaire pour viol a été ouverte.

Le 27 avril dernier, PPDA a déposé plainte pour dénonciation calomnieuse contre seize des femmes qui l’accusent, ce qu’il avait déjà essayé en février 2022, et en mars 2021 (uniquement à l’encontre de Florence Porcel). Ces deux accusations avaient été classées sans suite, faute de pouvoir prouver qu’il s’agissait de fausses déclarations.

Pour les vingt femmes présentes sur le plateau, être accusées de menteuses « est presque comique ». Mais elles rappellent surtout que témoigner est douloureux, et qu’il n’est pas question de « notoriété », surtout que pour la plupart, les faits sont prescrits. L’ampleur des plaintes a aussi été mise en avant : « 23 témoignages si ce n’est pas une preuve, alors qu’est-ce qu’une preuve ? ». Patrick Poivre d’Arvor a été sollicité par Mediapart mais a refusé toute intervention. Son avocat a uniquement rappelé que son client niait tous les faits.

Un véritable « mode opératoire »

Au-delà du nombre d’accusatrices, il s’agit surtout de faits qui sont à chaque fois très similaires. « On décrit le même homme, les mêmes gestes, les mêmes mots, et pourtant on ne se connaît pas », explique la journaliste Hélène Devynck, qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir violée en 1993.

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Au cours de l’émission, beaucoup de femmes ont expliqué qu’elles se reconnaissaient dans les témoignages des autres. Elles décrivent un véritable « mode opératoire ». PPDA abuserait de sa notoriété et réalise parfois du chantage. Pour 13 des femmes présentes sur le plateau, les faits se sont produits dans son bureau, dans la tour TF1.

Des récits inédits ont aussi été dévoilés lors de l’émission, notamment celui de Marie-Laure Eude-Delattre datant de 1985. Elle relate un schéma récurrent dans les témoignages : elle était jeune, naïve, et pensait avoir un entretien avec lui. « Jusqu’au bout j’ai cru que j’allais boire un verre sur une terrasse pour avoir un stage à France 2. Mais je me suis retrouvée dans sa chambre, il a fermé la porte à clef ». Quel que soit l’endroit, PPDA aurait fait en sorte d’amener les femmes dans des endroits clos, à l’abri des regards. Le « viol par surprise » revient dans de nombreux témoignages. Pour beaucoup, tout s’est passé très vite, et la sidération les a empêchées de faire quoi que ce soit.

De son côté, l’accusé se définit comme un grand « séducteur » qui « aime la compagnie des femmes ». Un portrait largement contradictoire avec les témoignages des femmes qui l’accusent, qui expliquent pour la plupart qu’elles ne le trouvaient en aucun cas « attirant », et pour certaines « vieux » parce qu’elles étaient beaucoup plus jeunes que lui au moment des faits.

Un entourage qui « n’a pas vu » ou ne voulait pas voir

Alors que de nombreux viols et agressions ont eu lieu au sein même de son bureau, dans la tour TF1, la question s’est posée de savoir comment personne n’avait pu voir ou entendre quelque chose. Pour la première fois, dans l’émission diffusée par Mediapart, l’ancien PDG de la chaîne Nonce Paolini a répondu. Il assure qu’il ne savait pas et que s’il avait su, il aurait agi en conséquence. « Si une de ces femmes était venue me parler de ça, on aurait fait quelque chose ».

Un témoignage qui a fait « rire » sur le plateau parce que la plupart assure que le comportement de Patrick Poivre d’Arvor était bien connu. Aude Turpault-Darlet, psycho-énergéticienne, explique que lorsque l’assistante de PPDA l’avait amenée à son bureau, elles avaient traversé un open-space. Cette dernière avait alors annoncé :  « L’invitée de Patrick est là ». Tout le monde s’était levé et était parti.

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