Pourquoi la diversité diminue dans les médias (et pourquoi c’est un problème)
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) a présenté son rapport sur l’égalité et la diversité dans les médias audiovisuels. La représentation de la diversité dans les médias régresse. Un manque qui se reflète dans la qualité et la crédibilité de l’information diffusée.
La présence des personnes perçues comme issues de la diversité est en baisse dans la plupart des programmes audiovisuels. Malgré une légère augmentation de 1,05% entre 2011 et 2021, cette évolution s’est inversée depuis 2017. En effet, selon le dernier baromètre, seuls 11,31% des intervenants dans les programmes sont considérés comme issus de la diversité. Cela correspond donc à 1,19% de moins qu’en 2017.
Camille Laville, chercheuse au CSA, avance quelques chiffres : « Selon Statbel, 32,7% des Belges peuvent potentiellement être issus de la diversité : soit 20% d’origine étrangère et 12,6% non Belges. Évidemment, cela ne représente pas l’entièreté de la fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Cependant, cela veut dire qu’aujourd’hui, on est qu’à 11,31% de personnes de la diversité à l’écran alors qu’on est à bien plus dans les faits. On ne demande évidemment pas d’inventer de la diversité là où il n’y en a pas. Je pense qu’il faut aussi représenter une variété de profils différents au sein de la société. Toutefois, il ne faut pas non plus les enfermer dans des représentations stéréotypées. »
Un point que soulève Sarah Sepulchre, professeure à l’UCLouvain : « Un des chiffres qui m’a interpellée, c’est qu’on parlait plus des personnes issues de la diversité quand c’était des news étrangères, internationales, moins pour les informations nationales. Autrement dit, le Belge est vu comme quelqu’un de blanc. Or on sait qu’en Belgique, ce n’est pas tout à fait vrai. »
Lorsque la diversité est présente à l’écran, les personnes interviewées sont souvent le reflet de stéréotypes. Sarah Sepulchre illustre : « Comment imagine-t-on une personne handicapée ? On la voit en chaise. Et surtout répondre aux questions sur le fait qu’il est compliqué de prendre les transports en commun. Pareil dans le cinéma, lorsqu’il y a un film où apparaissent des maghrébins, ce sont des terroristes. Il faut qu’on sorte de ça. »
Camille Laville souligne la présence de stéréotypes de genre très marqués. Le genre est souvent privilégié au détriment d’autres variables de la diversité. Quasiment absentes des écrans, ces variables rendent son analyse difficile. Une autre partie de l’analyse est dédiée aux marqueurs sociaux et examine quand les intervenants issus de la diversité prennent la parole : « On lui donne évidemment la parole pour parler de son identité d’origine, mais pas pour lui parler de ses compétences professionnelles. Quand on voit les autres valeurs de la diversité, il faut y penser et en prendre en compte et se demander à quel titre on les interroge. »
Une meilleure diversité de voix et de points de vue dans les médias d’information pourrait donc, semblerait-il, aider à assurer une couverture équilibrée et complète des sujets traités.
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