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«Plus qu’une goutte d’eau, c’est un seau qui fait déborder le vase»: pourquoi les directeurs d’école organisent une action inédite lundi

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Environ 300 directeurs d’école se mobilisent devant le cabinet de la ministre de l’Enseignement, lundi matin. Les directions déplorent une accumulation de réformes, à courte et moyenne échéance, qui plongent les équipes (et les élèves) dans le flou.

Deux semaines après la grève des enseignants, c’est au tour des directeurs d’école de faire entendre leur voix. Lundi matin, quelque 300 membres de direction issus de la Fédération Wallonie-Bruxelles investiront la place Surlet de Chokier, dans la capitale, pour exiger davantage de clarté pour l’avenir de l’enseignement secondaire. Le lieu choisi par la Fédération des Associations de Directions de l’Enseignement Secondaire Catholique (Féadi) n’est pas laissé au hasard: la place bruxelloise abrite en effet le cabinet de la ministre de l’Enseignement, Valérie Glatigny (MR).

Si certains directeurs avec déjà grossi les rangs des profs lors de l’action du 26 novembre, l’objectif est cette fois de mettre l’accent sur les difficultés rencontrées par les équipes dirigeantes au quotidien. A commencer par les coupes récemment annoncées dans le qualifiant (suppression de certaines options, réduction de 3% de la norme d’encadrement), qui ont pris les directions de court. «Le décret-programme va toucher de nombreux établissements de manière significative, mais personne ne mesure réellement l’amplitude de ces changements, regrette Alain Koeune, président de la Féadi. Pourtant, ces nouvelles mesures vont questionner la viabilité de certaines écoles dès la rentrée prochaine, donc c’est assez rapide et brutal.» 

Manque de concertation

D’autant que cette annonce intervient alors que les directions étaient déjà plongées dans l’incertitude liée à l’implémentation du nouveau tronc commun, prévue dès la rentrée 2026-2027 (pour la première secondaire). «Des tas de questions sont laissées sans réponse», déplore Alain Koeune. Le nouveau tronc commun va en effet impliquer des restructurations et des aménagements importants, tant pour le personnel enseignant et de direction que pour les équipements et les batiments. «La réforme prévoit notamment de nouveaux cours de formations manuelles et technologiques, mais qui va donner ces heures? Une troisième langue sera aussi proposée dès la 2e secondaire, donc il faudra davantage de profs de langues, or nous sommes confrontés à une pénurie criante. Bref, il reste de nombreuses inconnues, qui risquent de se répercuter sur nos équipes et, surtout, sur nos élèves.»

Enfin, les directions d’école exigent davantage de concertation et un dialogue clair avec la ministre. «La Déclaration de Politique Communautaire (DPC) promet noir sur blanc que les associations de direction seront consultées sur les réformes fondamentales, rappelle le président de la Féadi. Or, on doit bien avouer que pour l’instant, ça a un peu du mal à se mettre en place. On a été associé à seulement deux réunions depuis le début de législature.» Les directeurs refusent d’être de «simples exécutants de décisions imposées» et veulent être impliqués dès l’entame des processus de réflexion, pour livrer des réformes réfléchies et anticipées, insiste la Féadi.

Une action inédite

Cette accumulation de difficultés n’a laissé d’autres choix aux directions, pourtant peu coutumières des mouvements de grogne, que de se mobiliser. C’est d’ailleurs la première fois qu’un rassemblement sur la place publique est organisé. «Cette volonté de descendre dans la rue répond à un vrai souhait de nos membres, assure Alain Koeune. Il y a un besoin de marquer le coup, même dans le chef de directeurs qui prônent habituellement la négociation. Cela traduit notre surprise et notre désarroi face aux problèmes à venir. Nous étions déjà dans l’incertitude avec le nouveau tronc commun et le décret Gouvernance, mais voilà que le décret-programme vient rajouter une couche de problèmes de manière imminente et inattendue. Plus qu’une goutte d’eau, c’est un vrai seau qui fait déborder le vase.»

Bien qu’organisé à l’initiative des directions de l’enseignement secondaire catholique, le rassemblement réunira également des représentants d’autres réseaux, qui «partagent les mêmes préoccupations», assure Alain Koeune.

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