Joseph Ndwaniye

La ferveur olympique n’efface pas les inégalités (chronique)

Joseph Ndwaniye Infirmier et écrivain.

Pourrait-on imaginer qu’un jour, des athlètes nigériens, rwandais ou boliviens… raflent des médailles en natation ou en cyclisme?

Il aurait fallu habiter une autre planète pour ignorer que du 26 juillet au 11 août, les Jeux olympiques se déroulaient à Paris, retransmis à l’envi par tous les médias. J’ai toujours été fasciné par les grands champions qui battent les records établis parfois depuis de nombreuses années. Mais je ne me souviens pas d’un tel engouement en Belgique pour l’édition de Tokyo, en 2021, pendant l’épidémie de Covid, ni même pour aucune autre. Sans doute avons-nous tendance à nous identifier aux Français grâce à la proximité géographique et linguistique. D’autant plus qu’il est peu probable que nous puissions les organiser un jour, vu le budget nécessaire.

L’agitation était palpable les jours qui ont précédé l’ouverture. On parlait des Jeux de tous les dangers (contexte postélectoral très tendu, crainte d’attentats…). Le jour de l’ouverture, la tension était à son paroxysme. La veille, des inconnus avaient saboté le réseau ferroviaire français sur de nombreuses lignes, rendant la circulation des trains très compliquée. Mais ces sabotages n’ont eu aucune incidence notoire sur le déroulement de la cérémonie dont la qualité et l’originalité furent saluées dans le monde entier. Première dans l’histoire des JO, elle s’est déroulée non au centre du stade mais sur une portion de la Seine. Seine qui accueillerait aussi l’épreuve du triathlon.

Cette décision a alimenté beaucoup de débats. Tout d’abord quant aux coûts de l’assainissement du fleuve. Certains faisaient remarquer les efforts fournis pour la qualité de l’eau alors qu’on mettait discrètement à l’écart les SDF habitués à dresser leurs tentes sur les quais. Pour prouver la réussite de l’assainissement de l’eau, la maire de Paris et la ministre des Sports n’ont pas hésité à y plonger. Le suspense a duré jusqu’au bout. De fortes pluies se sont invitées à la fête, entraînant avec elles suffisamment de contaminants pour obliger les organisateurs à reporter l’épreuve du triathlon.

«La magie de l’olympisme ne doit pas nous faire oublier que les inégalités persistent.»

Mais dès le début des compétitions, grâce à la magie des médailles et des records, l’indignation a fait place à la trêve espérée par les autorités. Le spectacle fut à la hauteur des attentes, tant du public que de l’organisation. A la fin, lorsque la fièvre est retombée, la vie a repris son cours en attendant les Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre). On ne peut que leur souhaiter autant de succès et de médiatisation. D’ici là, je garde en tête les exploits de nos compatriotes couverts de médailles, Nafissatou Thiam (triple championne olympique de l’heptathlon), Remco Evenepoel (double champion olympique en cyclisme), et tous les autres qui ont dépassé leurs limites (l’important n’est-il pas de participer?).

La magie de l’olympisme qui en l’espace de deux semaines fait concourir les athlètes du monde entier ne doit cependant pas nous faire oublier qu’entre eux, des inégalités persistent. Certaines nations ne peuvent offrir à leurs sportifs les infrastructures qui leur permettraient de s’entraîner et de briller aux yeux de tous. Pourrait-on imaginer qu’un jour, des athlètes nigériens, rwandais ou boliviens… raflent des médailles en natation ou en cyclisme? Peut-être en 2025. Pour la première fois, le championnat du monde de cyclisme sera organisé en Afrique, au Rwanda.

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