
Verbalisé pour ne pas avoir rechargé sa voiture électrique à des bornes… en panne depuis près de quatre mois: «Une absurdité administrative»
Les bornes de recharge pour véhicules électriques du P3 de Liège-Guillemins sont hors service en raison d’un vol de câbles. Ce qui n’empêche pas la SNCB de dresser des PV aux automobilistes.
Le P3 est le seul parking SNCB de Liège-Guillemins disposant de bornes de recharges pour voitures électriques. Elles font partie du contrat de concession attribué à la société néerlandaise Allego en 2020, en charge de la gestion des points de recharge dans 35 gares, pour une durée de dix ans. Problème: les bornes de la plus grande gare wallonne sont en panne depuis près de quatre mois. Pour quelle raison? A quand une réparation? La SNCB se montre a priori transparente vis-à-vis des usagers: «Le service technique est à votre disposition 24/7 en cas d’interruption du service ou d’un souci technique», indique-t-elle sur son site web.
Dans les faits, obtenir les informations fut particulièrement compliqué pour cet usager dépendant de ces installations pour ses déplacements domicile-travail. «Après des dizaines de démarches, je constate que personne ne prend ses responsabilités, témoigne Guillaume Ploumen. La SNCB, propriétaire du parking, a déclaré en décembre qu’elle ne ferait pas les réparations elle-même pour éviter des perturbations ferroviaires. Allego, l’opérateur des bornes, dit que ce n’est pas son problème et que Resa (NDLR : le principal gestionnaire du réseau d’électricité en région liégeoise) doit intervenir. Resa, censé gérer cette réparation, refuse de me donner la moindre information, en invoquant… la protection des données. C’est une belle démonstration d’absurdité administrative.»
Qui est responsable?
Allego lui a finalement signifié que la panne était due à un vol de câbles d’alimentation, ce que confirme également le porte-parole de la SNCB: «Suite à cela, il a été décidé de modifier la connexion des bornes. Une étude est actuellement menée par l’opérateur de réseau Resa pour déterminer la meilleure configuration.» Aucun délai n’est avancé. Contactée en parallèle par Le Vif, Resa avait affirmé dans un premier temps ne pas avoir eu vent du problème. «Dans ce cas précis, les clients disposent d’une cabine qui leur est propre. C’est à eux de gérer cette cabine et tout ce qu’elle alimente. Si, par contre, la cabine n’est pas assez puissante pour couvrir leurs besoins, c’est bien chez nous qu’ils doivent solliciter une adaptation de puissance et à nous de réaliser les interventions nécessaires pour rencontrer leur demande (autant que faire se peut).»
Bien que cette piste soit évacuée, Resa n’a plus fourni d’informations sur la gestion de ce dossier ni sur l’étude en question. La SNCB, en revanche, n’a pas attendu la réparation pour verbaliser régulièrement les automobilistes garés sur les places dotées de bornes de recharge en panne. De son côté, Guillaume Ploumen a déjà reçu trois verbalisations entre le 24 décembre et le 7 janvier dernier. L’agent constatateur se réfère simplement au règlement d’ordre intérieur de B-Parking, stipulant qu’il est «interdit de stationner un véhicule sur un emplacement muni d’une borne de recharge électrique sans faire un usage effectif de la borne de recharge.»
Une obligation du Code de la route, mais…
Il est vrai qu’une telle obligation vaut également pour toute borne de recharge installée sur la voie publique. «A partir du 1er octobre 2022, les véhicules électriques stationnés dans un parking équipé d’une borne de recharge doivent effectivement être raccordés à cette borne, renseigne le site de la police. Sinon ils risquent une amende de 58 euros.» C’est ce que rappelle aussi l’article 70.2.1.3° h du Code de la route. Les automobilistes sont tout autant exposés à ce risque dès que la recharge a pris fin. Brancher le véhicule ne suffit donc pas. Il y a quelques mois, l’émission On n’est pas des pigeons de la RTBF s’était déjà emparée du cas d’un particulier verbalisé quelques minutes après la fin de la recharge de sa voiture en Région bruxelloise. Mais la réglementation n’a toujours pas évolué en vue d’octroyer d’éventuelles minutes de transition aux propriétaires de véhicules électriques, pour leur laisser le temps de déplacer leur véhicule.
Dans le cas évoqué ici, l’application à la lettre des conditions de B-Parking est aberrante, puisque la recharge sur les bornes concernées est tout simplement impossible depuis des mois. La photo du procès verbal pour en attester le fondement prouve, en outre, que l’écran de recharge est lui-même éteint, et donc hors service. De son côté, la SNCB n’a plus fourni de réponse au Vif concernant le fondement des verbalisations effectuées dans ce P3 de Liège-Guillemins. Cette saga illustre qu’une panne de longue durée ne suffit pas à se prémunir d’une éventuelle amende. Et qu’un conducteur de voiture électrique aura tout intérêt à laisser la place vide.
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