Tout ce qu’il faut savoir pour recharger son véhicule électrique de société
La voiture de société électrique gagne du terrain. L’employeur est séduit, surtout sur le plan fiscal. L’employé, lui, se demande souvent s’il sera en mesure de la recharger facilement et sans y perdre. Bornes au bureau ou à domicile, coût et prise en charge, partage… Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la recharge de votre véhicule de société.
Comment fonctionnent les bornes de recharge au travail : qui y a accès, qui paie quoi, etc. ?
A moins que la place manque ou que les autorisations fassent défaut, la plupart des entreprises fournissant des véhicules de société électriques à leurs employés équipent leurs bâtiments de bornes de recharge. En matière d’accès et de paiement, plusieurs formules sont possibles mais très souvent, l’employeur prend à son compte la recharge au bureau – voire au-delà.
« Dans la plupart des cas, la voiture de société s’accompagne d’un badge qui est l’équivalent d’une carte essence pour un véhicule thermique, précise Jean-Marc Ponteville, directeur des relations publiques et presse au sein du Groupe d’Ieteren Automotive. Ce pass sert pour la recharge au bureau et, en général, dans un très large réseau de bornes hors du lieu de travail. » Si l’entreprise ne possède pas de point de recharge au sein de ses infrastructures, la carte peut aussi être un moyen d’accéder à des bornes aux alentours.
Au bureau, la recharge peut parfois demander un peu d’organisation, surtout si le nombre de bornes est inférieur à celui de véhicules ou encore si les voitures sont stationnées toute la journée sur le parking. « Il faut pouvoir céder la place à ses collègues une fois que son véhicule est complètement chargé, illustre Jean-Marc Ponteville. C’est assez facile car la plupart des voitures sont connectées donc l’utilisateur peut suivre la recharge via une application. »
Qui paie l’installation et l’électricité d’une borne à domicile servant à recharger un véhicule de société ?
Beaucoup d’entreprises veillent à faciliter la vie de leurs employés en accompagnant les véhicules de société de cartes de recharge mais aussi de bornes à domicile. Les employeurs assument parfois en partie les frais d’installation, parfois en totalité. « Par contre, en règle générale, il revient à l’employé de faire vérifier son installation électrique et de financer le renforcement du système si c’est nécessaire », souligne Jean-Marc Ponteville.
En ce qui concerne la recharge à proprement parler, tout dépend de la politique de l’entreprise mais, habituellement, la consommation générée à domicile par le véhicule de société est elle aussi payée par l’employeur. Le plus souvent, l’indemnisation s’effectue en fonction de la consommation : « Les bornes connectées, de plus en plus répandues, disposent pour la plupart d’un système de split billing qui permet de distinguer l’électricité destinée au ménage et celle servant à la recharge du véhicule, précise le directeur des relations publiques et presse du Groupe d’Ieteren Automotive. Le travailleur peut ainsi être remboursé sur la base de ce qu’il consomme réellement, et selon un tarif convenu avec l’entreprise. » Il existe également des câbles intelligents qui mesurent et transmettent les données liées à la recharge.
Quid en cas de changement d’employeur ?
Si un employé change de travail après que son entreprise a financé l’installation d’une borne à son domicile, les conséquences dépendront de ce qui est prévu dans le contrat de travail. Le document peut par exemple préciser que le collaborateur doit rendre le dispositif ou est redevable de certains frais s’il quitte l’entreprise dans un délai inférieur à une durée déterminée après l’installation de la borne.
Comment savoir si l’installation électrique de son domicile permet d’accueillir une borne ?
Avant de faire installer une borne à domicile, il est recommandé de contrôler la puissance de son installation électrique. Cette vérification peut s’effectuer via un professionnel ou sur le site du gestionnaire de réseau, et sera utile pour bien choisir sa borne. Installer un point de recharge trop puissant sur un réseau faible ou déjà sollicité par de nombreux autres appareils électriques (pompe à chaleur, boiler électrique, sauna,…) peut en effet augmenter fortement les risques de disjonction.
Que faire en cas de manque de puissance de son installation électrique ?
Il est possible de la faire renforcer mais cela engendre évidemment des frais. Une autre option plus simple peut être de charger son véhicule la nuit, quand aucun autre appareil électrique ne fonctionne, et d’opter pour une borne de plus faible puissance. En général, il n’est pas nécessaire d’installer à domicile une borne de recharge semi-rapide (11 à 22 kW) comme on en trouve dans les zones publiques. « Une borne de 7,4 kW (NDLR : voire 3,7 kW, selon le véhicule) est souvent suffisante même si la charge n’est pas rapide, précise Jean-Marc Ponteville. A la maison, on dispose en effet de plusieurs heures pour charger son véhicule. De plus il est rare de rentrer chez soi avec une batterie presque vide. »
Est-il vraiment utile d’avoir une borne à domicile ?
Pour éviter les risques de coupures, des systèmes de load balancing permettent une meilleure répartition de la puissance électrique dans l’habitation. Le dispositif peut même fonctionner de manière « dynamique », en réduisant ou décalant la consommation de la borne de recharge si de nombreux autres appareils électriques sont sollicités en même temps.
Une borne à domicile n’offre pas seulement du confort en matière de recharge. C’est aussi une solution beaucoup plus sûre et efficace qu’une prise classique (voir ci-dessous),et globalement plus économique que les bornes publiques. L’investissement de départ est assez conséquent puisqu’il faut généralement débourser entre 600 euros et 2 500 euros selon les modèles. L’utilisateur est par contre gagnant à l’utilisation car, selon Testachats, l’électricité fournie par les bornes publiques est en moyenne 50 % à 200 % plus chère qu’à la maison. Par ailleurs, les bornes gratuites ont tendance à se raréfier.
Les bornes de recharge à domicile sont aussi particulièrement intéressantes pour ceux qui possèdent des panneaux solaires. D’une part ces derniers permettent de charger son véhicule gratuitement et avec de l’énergie verte, et d’autre part la voiture électrique est un excellent moyen d’autoconsommer sa production photovoltaïque (à condition d’avoir l’occasion de charger sa voiture en journée). Dans un futur proche, les véhicules électriques pourront par ailleurs servir de batteries domestiques : on pourra non seulement y stocker l’énergie produite par les panneaux, mais aussi l’extraire ensuite pour l’utiliser pour d’autres appareils. Des véhicules et bornes permettant cette charge bidirectionnelle commencent petit à petit à arriver sur le marché belge.
Peut-on ouvrir sa borne à domicile aux tiers (gratuitement ou non) ?
A priori rien n’empêche un propriétaire de borne de la partager avec d’autres utilisateurs. Ce cas de figure est toutefois encore rare, et la législation peu précise : « En principe il faut une licence pour vendre de l’électricité en Belgique, mais il existe une exception pour les bornes de recharge, explique Damien Sury, expert en mobilité durable chez Bruxelles Environnement. Il n’y a donc pas de souci pour partager sa borne avec ses voisins par exemple, mais il ne faut sans doute pas que cela devienne une activité commerciale… »
Comment, alors, distinguer ses consommations de celles des autres utilisateurs ?
Le plus simple est d’opter pour une borne dont l’accès s’effectue via une carte propre à chaque utilisateur. « Ce type de borne coûte plus cher à l’achat et nécessite un abonnement à un opérateur, exactement comme quand on possède un véhicule électrique de société pour lequel l’employeur paye la recharge à domicile, précise Damien Sury. Sans système d’identification, on peut aussi simplement partager sa borne avec des personnes de confiance et s’arranger pour la facturation. »
Même si le partage de bornes est encore assez peu répandu en Belgique, il a de l’intérêt – notamment pour ceux qui n’ont pas la possibilité d’installer un point de recharge chez eux. En France, de multiples applications (Shargy, Plug Inn, Recharge +,…) permettent déjà de « monétiser » sa borne en la partageant avec d’autres. Ces applications servent d’intermédiaires pour les réservations, les paiements et la mise en contact entre les utilisateurs et les propriétaires. Le recours à ces services implique bien sûr des frais, par contre les propriétaires de bornes ont souvent la liberté de fixer leurs tarifs.
Que faire si l’on n’a pas la possibilité d’installer une borne à domicile ?
Pour installer une borne chez soi, il faut non seulement une installation électrique adéquate (voir ci-dessus) mais aussi un endroit privatif à l’intérieur ou à l’extérieur : allée, garage… Comme le rappelle Jochen De Smet, porte-parole d’EV Belgium (fédération belge de la mobilité zéro émission), « il n’est pas permis d’installer une borne sur l’espace public, ni de faire passer un câble de chargement sur un trottoir ». C’est pourquoi les personnes habitant par exemple dans des copropriétés ou maisons mitoyennes peuvent se retrouver dans l’impossibilité d’implanter un point de recharge à domicile.
Sans borne, il reste possible de recharger sa batterie chez soi en connectant directement le câble du véhicule à une prise domestique standard, à condition, entre autres, que le câble ne gêne pas l’espace public. Si cette solution permet d’éviter des coûts d’installation, il s’agit seulement d’une option de dépannage. Le chargement complet peut en effet nécessiter de longues heures (entre dix et vingt heures), et l’utilisation d’une prise domestique augmente fortement les risques de surchauffe de l’installation électrique.
Comment éviter les inconvénients liés à la recharge via une prise domestique ?
L’installation de ce qu’on appelle une prise renforcée, c’est-à-dire une prise plus puissante (souvent 3,2 kW) permettant d’assurer une recharge moins lente et plus sûre qu’avec une prise de courant classique – notamment parce qu’elle est reliée à un disjoncteur – est une option intéressante. Son prix est assez abordable puisqu’il varie d’un peu moins de cent euros à plus de trois cents euros selon les modèles. Une prise renforcée offre cependant des performances moindres qu’une borne et nécessite tout de même de pouvoir brancher un câble à la voiture sans gêner le passage.
Quel est l’impact du tarif capacitaire lorsqu’on recharge son véhicule chez soi ?
Le tarif capacitaire ne concerne pour l’instant que la Flandre. A Bruxelles, seule une composante de ce genre est d’application tandis qu’en Wallonie la mise en œuvre de ce tarif est encore à l’étude. En résumé, le tarif capacitaire prend en compte non seulement la consommation d’électricité totale mais aussi les pics de puissance des usagers. Plus ces derniers sollicitent le réseau de manière importante, plus leurs frais de distribution de l’énergie sont élevés. L’objectif de cette tarification est de mieux gérer l’utilisation du réseau électrique en incitant les usagers soit à étaler leurs consommations au fil de la journée, soit à privilégier les moments où la production via les énergies renouvelables est élevée.
Pour les propriétaires de véhicules électriques, la recharge à domicile peut avoir une incidence sur les pics de consommation et donc sur les frais de réseau s’ils sont soumis au tarif capacitaire. Il existe heureusement des solutions pour maîtriser ses factures, comme opter pour une recharge lente ou décaler celle-ci la nuit. Les bornes intelligentes et systèmes domestiques connectés sont aussi des outils précieux pour programmer l’utilisation de différents appareils électriques au fil de la journée ou pour faire coïncider la charge de la voiture avec la production d’éventuels panneaux solaires. Une borne intelligente peut également adapter sa puissance de charge de sorte à éviter les pics de consommation.
Quelle solution pour partir à l’étranger ? Où et comment recharger ?
Effectuer de longs voyages avec un véhicule électrique est tout à fait possible, même si cela demande quelques adaptations. Le plus important est de prévoir des pauses pour la recharge et de s’assurer qu’on trouvera suffisamment de bornes compatibles avec son véhicule sur son trajet. Cette planification est assez facile à réaliser grâce à des outils en ligne comme Chargemap ou A Better Routeplanner.
D’autres petits gestes peuvent améliorer l’autonomie du véhicule et rendre le trajet plus sûr, comme réduire un peu sa vitesse, ne pas trop charger la voiture, privilégier des charges plus courtes mais plus fréquentes ou encore se préserver une marge d’autonomie en cas de problème à une borne. Il faut aussi penser à vérifier si sa carte de recharge donne accès à un réseau suffisamment étendu à l’étranger, ou s’il est peut être utile de la compléter avec un second abonnement.
Mon employeur doit-il prendre à son compte la recharge hors Belgique ? Ou me prêter une voiture thermique ?
Pour les propriétaires de véhicules de société, la prise en charge des frais de recharge à l’étranger dépendra de ce qui est prévu dans le contrat – exactement comme pour le carburant des véhicules thermiques. Ceux qui le souhaitent peuvent par ailleurs négocier auprès de leur employeur la mise à disposition d’une voiture thermique le temps des vacances, mais ce genre de formule est plutôt rare. Elle existe toutefois aussi pour les particuliers, par exemple avec le service « Switch Car » de Dacia et Renault, qui permet aux propriétaires de véhicules électriques de bénéficier d’une voiture thermique pour voyager durant 15 à 25 jours par an.
Faut-il disposer de cartes de recharge de plusieurs marques, pour la Belgique et/ou pour l’étranger ?
Même si ce sera obligatoire dans tous les points de recharge européens à partir de 2027, le paiement par carte bancaire est loin d’être répandu aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de disposer d’une carte, badge, application ou autre solution de paiement. En général, une carte offrant accès à un réseau étendu suffit pour se déplacer en Belgique et dans les pays voisins. Reste que ceux qui voyagent beaucoup peuvent se sentir plus en sécurité avec plusieurs abonnements. Une seconde carte peut également être utile si le conducteur dispose seulement d’un badge professionnel dont l’utilisation est limitée.
Comment choisir sa carte de recharge ?
Les Mobility Service Providers (fournisseurs de service de mobilité) sont désormais très nombreux : constructeurs automobiles, distributeurs de carburants, fournisseurs d’énergie, installateurs de bornes… Certains proposent des abonnements liés à des points de recharge spécifiques mais la plupart donnent accès à des réseaux multimarques pouvant compter jusqu’à plusieurs centaines de milliers de bornes en Europe, dont des bornes rapides. Cette tendance à l’universalité prend de l’ampleur, comme en témoigne l’exemple de Tesla qui a ouvert ses superchargeurs aux véhicules d’autres marques dans plusieurs pays, y compris en Belgique.
Le réseau n’est pas le seul élément intéressant à prendre en compte au moment de choisir une solution de recharge ; il faut aussi se pencher sur les tarifs et conditions. Certaines cartes sont par exemple gratuites, tandis que d’autres impliquent des frais d’acquisition ou d’abonnement. En général, cette dernière formule s’accompagne de tarifs de recharge préférentiels, ce qui peut être intéressant pour les conducteurs qui recourent beaucoup aux bornes publiques – mais moins pour ceux qui chargent essentiellement leur véhicule à la maison ou au travail. Bref, la meilleure option dépend du profil de chaque utilisateur.
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