Régionaliser le rail? Un projet « irresponsable », estime le ministre Gilkinet
Pour le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet (Ecolo), la scission du rail – réclamée par la N-VA – n’aurait « aucun sens ».
La scission du rail, réclamée par la N-VA depuis plusieurs années déjà, aurait un impact négatif sur la ponctualité et entraînerait des risques pour la sécurité ainsi que des coûts supplémentaires pour les voyageurs notamment, a souligné mardi le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet (Ecolo). Il dénonce « une mauvaise science-fiction politique » et une « menace » pour la mobilité ferroviaire comme pour les finances publiques.
La régionalisation de la SNCB est inscrite au programme du gouvernement flamand depuis plusieurs législatures et la N-VA a déposé l’année dernière une proposition de loi spéciale pour scinder le transport ferroviaire en Belgique. Le sujet est réapparu dans l’actualité récemment avec la publication du livre de Marc Descheemaecker, ancien administrateur délégué de la SNCB, candidat député pour le parti nationaliste flamand et sponsor de cette scission du rail.
Le système ferroviaire belge, conçu depuis près de 200 ans, est pourtant « irréversible« , résume Georges Gilkinet. Sa scission nécessiterait la création d’opérateurs et de gestionnaires d’infrastructures régionaux, ce qui compliquera la circulation des trains en passant d’une région à l’autre.
Chaque jour, 1.000 à 1.200 trains traversent les frontières régionales entre la Flandre et la Wallonie, soit un sur trois, et entre 1.400 et 1.500 passent par la Région bruxelloise. Le réseau ferroviaire compte 20 points de passage entre la Flandre et la Wallonie ainsi que 11 entre la Flandre et Bruxelles, contre 16 points frontières avec les pays voisins.
Parmi les conséquences négatives d’une régionalisation, le ministre de la Mobilité pointe donc du doigt une multiplication des correspondances selon les opérateurs, un impact sur la ponctualité à cause d’une baisse de la coordination, une surcharge administrative notamment pour l’homologation des trains, des surcoûts en structures et en personnel qui seront reportés sur le prix pour les voyageurs, ou encore des risques pour la sécurité.
« On a connu des accidents tragiques sur le rail par le passé, aussi liés à des problèmes de communication », rappelle le ministre. « Le système ETCS (système européen de contrôle des trains, NDLR) est en cours d’installation, il est unique pour toute la Belgique. Si demain des pouvoirs organisateurs régionaux prennent des directions différentes, la sécurité ne sera pas assurée. »
Ces changements engendreraient une perte d’attractivité du ferroviaire, freineraient le shift modal et le développement de l’offre internationale via Bruxelles, considère-t-il.
« Cette volonté de scinder la SNCB et Infrabel n’a aucun sens« , ajoute l’écologiste. « Elle générerait des pertes de temps, d’efficacité, et des coûts énormes. L’ambition de ceux qui veulent une scission n’est pas économique ou industrielle mais de type symbolique, pour remettre en cause l’existence d’un des symboles importants de la Belgique. »
Au contraire, le ministre fédéral estime qu’il faut renforcer la coopération entre le fédéral et les Régions, avec une intégration tarifaire et horaire entre les différents opérateurs du transport public.