La voiture est en recul dans les grandes villes… pas dans les zones rurales. © BELGAIMAGE

Pourquoi les habitants des grandes villes renoncent à la voiture

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Ces dernières années, les ménages qui vivent sans voiture en Belgique sont de plus en plus nombreux, surtout dans les grandes villes. Pourtant, le nombre d’automobiles en circulation ne cesse d’augmenter.

Entre 2018 et 2022, le nombre de ménages, en Belgique, ne disposant pas de voiture, a augmenté de 3%. Selon le bureau d’analyse Sirius Insight, spécialisé dans le géomarketing, cette évolution s’explique par divers facteurs: introduction de zones à faibles émissions comme à Bruxelles, développement de l’offre de transports en commun, du co-voiturage ou de la location de voitures partagées, création de pistes cyclables, instauration de plans de mobilité stricts, et montée en puissance de la dimension écologique des comportements humains.

Le Belge reste toutefois très attaché à sa voiture puisque 73% des ménages en ont au moins une. En 2022, précise-t-on chez Statbel, les ménages belges possédaient en moyenne 1,06 voiture, un constat similaire à celui qui avait été posé en 2021. En août 2023, la Belgique comptait 6 030 700 voitures particulières, un chiffre en hausse de 1,4%. Ces dix dernières années, le nombre de voitures en circulation sur les routes de Belgique a augmenté en moyenne de 0,94% par an.

La diminution du nombre moyen d’automobiles par ménage n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire belge. C’est au centre des grandes villes que les habitants s’en passent le plus facilement. À Bruxelles, le nombre de voitures par ménage a diminué de 6 % entre 2018 et 2022 et de 2% entre 2021 et 2022: 45% des habitants en disposaient en 2022. La Région de Bruxelles-Capitale affiche un taux moyen bien inférieur à la moyenne nationale avec 0,57 voiture par ménage. Le manque de places de stationnement, les embouteillages, le coût du stationnement et la mise à disposition de vélos et trottinettes partagées expliquent en partie cette évolution.

En revanche, plus on s’éloigne des centres urbains, plus le nombre de voitures par ménage augmente. L’offre de transports en commun nettement plus faible et le manque d’alternatives pour se déplacer, via la micromobilité par exemple, rendent la voiture pratiquement indispensable. En Flandre, le recul est avéré, mais moindre qu’à Bruxelles, compris entre 1 et 4%. Par rapport à 2021, précise Statbel, il représente 1%. Les Flamands possèdent en moyenne 1,13 véhicule par ménage. En Wallonie, ce taux moyen de possession s’établit à 1,11, un constat inchangé depuis 2020.

C’est dans la commune bruxelloise de Saint-Josse-ten-Noode que le taux de voitures détenues par ménage est le plus bas: 0,33, en recul de 3% par rapport à 2021. Il est le plus élevé (1,69) à Lasne, en progrès de 1% par rapport à 2021.

On observera enfin que les seniors sont particulièrement fidèles à leur voiture: près de 70% d’entre eux sont en sont les premiers propriétaires. Ces ménages plus âgés achètent généralement un véhicule neuf, qu’ils gardent longtemps. Un tiers des voitures recensées dans cette catégorie de population affiche au minimum 9 ans d’ancienneté, assure Sirius Insight.

Un peu moins d’une personne vivant seule sur deux (49%) se passe de voiture, comme 12,6% des couples sans enfants et 9,9% des couples avec enfant(s). «Depuis 2020, souligne Statbel, on observe une augmentation, très lente mais constante, du nombre de voitures possédées par les personnes seules et les couples sans enfant vivant sous le même toit.» Dans près de 30% des familles monoparentales, on ne recense aucune automobile.

© Statbel

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