Certains n’excluent pas que le vélocargo soit l’avenir de la mobilité à long terme. © belga image

La mobilité douce est en plein essor

Estelle Spoto Journaliste

S’il est encore trop tôt pour affirmer un lien direct avec la crise énergétique, certains signes ne trompent pas: la mobilité douce est en plein essor. Mention spéciale aux vélo et vélocargo électriques.

Dans la tourmente de la crise énergétique, toutes les entreprises ne font pas grise mine. «Notre croissance est de 40% au premier semestre, on peut vraiment parler de succès», affirme Frédéric Van Malleghem, directeur de Cambio Bruxelles, entreprise pionnière des véhicules partagés. «D’une année à l’autre, on multiplie par quatre notre volume d’activité», enchaîne Renaud Sarrazin, cofondateur de la coopérative de cyclologistique Urbike. «Au Point Vélo de Liège, ils ne sont plus à la recherche de demandes de réparations, ils se demandent plutôt comment ils accueilleront toutes les demandes», ponctue Boris Nasdrovisky, manager mobilité active au sein du Service public de Wallonie.

Le vélo trouve de plus en plus sa place dans les déplacements domicile-travail, notamment grâce à l’assistance électrique.

Si la plupart des observateurs estiment qu’on a trop peu de recul pour affirmer un lien de cause à effet avec la hausse des prix du carburant et de l’électricité, force est de constater qu’une partie croissante de la population délaisse la voiture individuelle et se reporte sur les voitures partagées ou la mobilité active. Avec un sacré boom du vélo, surtout électrique (de 300 000 usagers belges en 2017 à 640 000 en 2022, selon le baromètre de la mobilité du Vias institute), soutenu par l’amélioration des infrastructures (le plan Wallonie cyclable 2030 a été approuvé en juillet dernier).

Le modèle néerlandais de la mobilité douce

Boris Nasdrovisky compare la situation actuelle à la réaction des Pays-Bas face aux chocs pétroliers des années 1970: «La hausse des prix du carburant a été un des facteurs déclencheurs de l’essor du vélo aux Pays-Bas. On dit toujours que les Pays-Bas ont la culture du vélo, mais elle y est autant présente qu’en Belgique, en Italie ou en Espagne. C’est plutôt ce qu’on a mis en place à un moment donné qui l’a influencée. En Wallonie, la crise du coronavirus a poussé la population à davantage pratiquer la marche et le vélo. A présent que la crise énergétique a un impact sur le portefeuille, il n’y a plus de petites économies: ces modes actifs testés pendant le confinement sont adoptés au quotidien comme alternatives aux déplacements en voiture. Et le vélo trouve de plus en plus sa place dans les déplacements domicile-travail, notamment grâce à l’assistance électrique, qui permet d’aller plus loin et de gommer les dénivelés.»

Faut-il craindre que la hausse des prix de l’électricité ne contrecarre l’envol du vélo électrique? «Le coût est minime, voire tout à fait négligeable, rassure Renaud Sarrazin, d’Urbike. Nous avons calculé que la consommation d’électricité pour charger la batterie d’un vélocargo revient à 0,0017 euro par kilomètre.» Un argument de poids pour de plus en plus de professionnels qui transportent des petits volumes sur des distances courtes, mais aussi pour Monsieur et Madame Tout-le-monde. En 2021, une enquête menée par 38 marques de vélocargos estimait la croissance à 66% et désignait la Belgique comme premier marché européen pour leur vente. Même Cambio s’y est mis, avec une phase test proposant une quinzaine de vélocargos en Région bruxelloise. «A l’heure actuelle, c’est encore très marginal, souligne Frédéric Van Malleghem, mais ce sera peut-être le futur de la mobilité à long terme.»

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