Davantage de zones 30 dans votre commune? Pourquoi tous les partis sont pour (sauf un)
Faut-il installer davantage de zones limitées à 30 kilomètres-heure dans les communes? Les six partis politiques francophones ont répondu à cette question, en vue des élections communales et provinciales du 13 octobre prochain.
En retard et en voiture, vous vous efforcez de ne pas dépasser la vitesse de 30 kilomètres-heure, aux abords de l’école communale de votre village. Puis, une fois la zone à vitesse limitée dépassée, vous accélérez pied au plancher pour tenter de gagner quelques précieuses minutes. Et pestez sur ces politiques, qui instaurent toujours plus de zones 30 aux abords de votre lieu de vie.
Qu’à cela ne tienne: ces politiques en voudraient encore davantage. En tout cas au PS, au PTB, au MR, chez Ecolo et les Engagés. Les socialistes y sont favorables «de manière générale», même si les réalités des 281 communes wallonnes sont diverses et variées. «Nous voulons des espaces de vie apaisés aux abords des écoles et commerces. Pour autant, installer une zone 30 n’a pas la même dimension dans une ville traversée par des grands axes que dans un village plus reculé», commente Stéphanie Wilmet, la porte-parole du PS. De leur côté, Les Engagés expliquent qu’il faut « tendre vers des centres urbains, des villages et des quartiers apaisés, après une analyse pertinente de sécurité et de mobilité et de lutte contre les nuisances ».
Seul DéFI est opposé à davantage de zones 30. « La majorité des voiries communales bruxelloises sont déjà des zones 30. Par ailleurs, nous souhaitons que la mise en œuvre de la zone 30 généralisée fasse l’objet d’évaluations sur certains tronçons en termes de plus-value sur la sécurité ». Les amarantes estiment que dans les centres-villes wallons et aux abords des sites sensibles (écoles, crèches), des zones 30 sont déjà mises en place. Et mentionnent que « la mise en place de zones 30 additionnelles doit faire l’objet d’une évaluation au cas par cas en fonction des besoins d’un lieu donné en termes de sécurité ».
“Le nombre de zones 30 se multiplie, en particulier dans l’hypercentre des communes”
Benoit Godart, porte-parole de Vias
Bénéfiques, les zones 30?
Les chiffres avancés par l’Institut Vias, en charge de la sécurité routière, démontrent l’impact des zones 30 sur la société. « Une nouvelle étude européenne a montré que le nombre d’accidents baisse de 23%, le nombre de tués de 37% et le nombre de blessés de 38% », énumère Benoit Godart, porte-parole de Vias. En parallèle, les auteurs ont constaté une baisse de 18% des émissions de CO2 et une pollution sonore réduite de 2,5 décibels. « Les effets bénéficient surtout aux habitants, qui sont très sensibles à la sécurité routière. On remarque en tout cas que le nombre de zones 30 se multiplie, en particulier dans l’hypercentre des communes. »
Même son de cloche du côté de l’Agence wallonne pour la sécurité routière (AWSR), qui rappelle qu’en cas d’accident, un piéton renversé par une voiture circulant à 30km/h survit dans 98% des cas. Le chiffre descend à 90% pour la vitesse de 50 km/h, et tombe à 60% pour une vitesse de 70 km/h. « Au-delà de 80 km/h, ses chances de survivre à l’accident seront pratiquement nulles », écrit encore l’AWSR.
Surtout aux abords des écoles
Dans la pratique, les zones 30 se retrouvent le plus souvent aux abords des écoles, signalées par des panneaux et/ou des marquages au sol. Dans la commune de Courcelles, en périphérie carolo, c’est le seul endroit où on en retrouve. « Je ne suis pas du tout favorable à une zone 30 généralisée sur l’entièreté du territoire, pose la bourgmestre Caroline Taquin (MR). Je serais déjà heureuse que tous les automobilistes respectent la zone 50. » Toujours d’après l’AWSR, 66% des conducteurs déclarent ne pas respecter les zones 50, contre 73% pour les zones 30. Voici comment se justifient les Wallons à cet égard: 1 sur 4 indique se sentir forcé par les autres véhicules à rouler plus vite, 1 sur 5 évoque le fait que les véhicules ne soient pas conçus pour rouler à une telle vitesse et, enfin, 1 Wallon sur 8 dit avoir l’impression de perdre du temps.
“Je ne suis pas du tout favorable à une zone 30 généralisée sur l’entièreté du territoire”
Caroline Taquin (MR), bourgmestre de Courcelles
La sécurité routière, à l’ordre du jour de la DPR
Si les zones 30 ne sont pas mentionnées texto dans l’accord de gouvernement wallon, il y a bien plusieurs paragraphes consacrés à la sécurité routière dans la DPR. Ainsi, le gouvernement wallon veut favoriser « l’installation de dispositifs de limitations de vitesse dynamiques adaptées aux conditions climatiques, moments et circonstances de circulation ». Dispositifs qui inciteraient les automobilistes à davantage respecter les limitations de vitesse, et fluidifieraient le trafic. Le gouvernement souhaite également « la mise en place localisée de zones apaisées en agglomération en concertation avec les riverains », et la sécurisation des abords d’écoles, de parcs et de crèches.
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