Brussels Airport: la tentative avortée d’Alexander De Croo de faire nommer son candidat
Depuis deux ans, le conseil d’administration de Brussels Airport est sans président. L’actionnaire canadien ne serait pas favorable à une tentative de nomination politique.
Un éventuel durcissement des normes de bruit, un permis d’environnement qui expire au milieu de l’année prochaine et des plans d’expansion: les sujets brûlants ne manquent pas, à Brussels Airport. À cela s’ajoute la difficile reprise après la crise du coronavirus. En 2022, l’aéroport a enregistré près de 19 millions de passagers: deux fois plus qu’en 2021, mais moins que les 25 millions constatés avant la pandémie.
Depuis deux ans, Brussels Airport Company n’a plus de président du conseil d’administration. Le dernier, Marc Descheemaeker de la N-VA, a été remercié pour services rendus en 2021. Depuis lors, la désignation de son successeur est dans l’impasse.
À l’origine du conflit, il y a un désaccord entre les actionnaires. Le gouvernement belge, par l’intermédiaire de la Société fédérale de participations et d’investissements (SFPI), détient un quart des actions. Le reste appartient à des investisseurs privés. Au sein de ce groupe, le principal acteur est le Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (RREO). Ce fonds de pension canadien possède un portefeuille de 226 milliards d’euros.
Dans le carrousel des nominations du gouvernement Vivaldi, l’Open VLD a revendiqué le poste de président du conseil d’administration. Selon plusieurs sources, le Premier ministre Alexander De Croo s’est approprié la nomination. Il propose Wouter Gabriëls, banquier d’affaires et ancien chef de cabinet du Premier ministre Guy Verhofstadt (Open VLD).
Ancienne culture politique
Les actionnaires ont chargé un chasseur de têtes de trouver un candidat approprié. Après plusieurs tours de table, deux candidats sont restés en lice: Wouter Gabriëls et Roberte Kesteman, ancienne CEO du fournisseur d’énergie Nuon.
Les actionnaires privés souhaitaient nommer Roberte Kesteman, notamment parce que le poste de président n’a jamais été occupé par une femme. Cependant, Alexander De Croo tient à Wouter Gabriëls. Selon la convention d’actionnaires, les deux actionnaires doivent être d’accord. D’où l’impasse.
En guise de solution provisoire, le conseil d’administration est désormais présidé alternativement par des représentants des deux camps d’actionnaires. « Cette situation n’affecte pas la gestion de l’entreprise ni la bonne gouvernance », a déclaré le porte-parole Ihsane Chioua Lekhli.
En tout état de cause, aucune solution ne semble en vue avant les élections de l’année prochaine. En outre, un événement récent n’aurait fait qu’intensifier le conflit. Selon deux sources, le Premier ministre Alexander De Croo aurait téléphoné personnellement aux dirigeants du géant canadien des pensions pour régler l’affaire entre eux. Cela aurait été mal perçu à Toronto. « Les entreprises anglo-saxonnes n’apprécient pas cette forme de vieille culture politique ».
Le cabinet d’Alexander De Croo n’a pas voulu commenter l’appel téléphonique en question. « Les deux candidats ont passé les sélections et ont été jugés aptes. Les actionnaires doivent se mettre d’accord prochainement », répond-il.
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