Une boîte noire obligatoire pour ma nouvelle voiture: suis-je concerné?
À partir de ce mercredi 6 juillet, les nouveaux modèles de véhicules devront obligatoirement être équipés d’une boîte noire, plus précisément appelée ‘Event Data Recorder’. Cette obligation s’étendra à toutes les nouvelles voitures à partir de 2024. Comment ce boîtier fonctionne-t-il et qui est concerné? Le point.
À l’heure actuelle, la plupart des véhicules sont déjà équipés d’une boite noire, appelée Event Data Recorder. Ce système est en réalité présent dans la majorité des véhicules depuis 2011. A partir de ce mercredi 6 juillet, il devient obligatoire pour tous les nouveaux modèles de voiture mis sur le marché. Et dès le 7 juillet 2024, pour toutes les voitures neuves, tous modèles confondus.
Dès lors, pourquoi cette obligation intervient-elle maintenant, alors que la majorité des véhicules sont déjà équipés de cette technologie ? Le but est d’harmoniser le système au niveau européen. «Le problème est que chaque marque avait sa propre manière d’encoder les données. La nouvelle indication européenne impose une liste précise de données, qui doivent être lisibles et accessibles plus facilement. Ce qui n’était pas le cas auparavant », nous précise Stef Willems, porte-parole Sécurité Routière (Vias).
De fait, les données récoltées par l’Event Data Recorder sont rarement exploitées correctement et les constructeurs automobiles n’y donnent pas toujours accès. À partir de ce 6 juillet, la réglementation européenne va donc changer pour que les tribunaux puissent disposer de ces informations en cas d’accidents importants.
Quelles données l’Event Data Recorder est-il capable de récolter ? A peu près tous vos comportements au volant avant et après un accident. « La vitesse, les indications de freinage, les changements de direction, et si l’airbag a été déclenché. Ce sont des données-clés qui peuvent être utilisées pour départager un litige après un accident’, nous explique Stef Willems.
Ce précieux boitier n’est pas accessible à portée de main pour le propriétaire du véhicule. Il est placé en-dessous de siège conducteur, dans un compartiment sécurisé, afin qu’il reste intact en cas d’accident.
Qui peut avoir accès à ces données ? Dans la majorité des cas, la justice, le parquet ou un juge qui en demande l’accès en cas de litige. Et concernant les assurances ? On parle d’un accès au cas par cas, indirect et sous conditions. En cas de discussions juridiques, par exemple, elles pourraient en demander l’accès via un juge. Mais la question ne semble pas encore tout à fait déterminée légalement.
La plupart des modèles actuellement sur le marché actuellement possèdent un Event Data Recorder. Comment s’assurer qu’un modèle en est équipé ? En cas de doute, le plus simple reste de poser la question à son garagiste, ou de le vérifier dans le manuel du véhicule. Que faire si le véhicule est équipé d’une ‘ancienne’ boite noire? « Rien », nous assure Stef Willems. Le conducteur n’est pas contraint de réaliser une demande de renouvellement: c’est au constructeur à rendre l’ensemble des données davantage accessibles et à se calquer sur la nouvelle loi européenne.
Cette obligation va-t-elle provoquer un coût supplémentaire à l’achat de nouveaux modèles ? A priori non, car cette technologie est déjà présente depuis de nombreuses années, « il s’agit juste d’une standardisation pour toutes les marques», ajoute Stef Willems.
Un paquet d’autres nouveautés obligatoires
L’Event Data Recorder n’est pas le seul outil obligatoire pour les nouveaux modèles. Il fait partie d’un package d’éléments d’aide à la conduite imposés par l’Europe. Dans lequel on peut également retrouver l’ISA (Intelligent Speed Assistance – obligatoire pour tous les nouveaux modèles dès ce 6 juillet 2022, pour les véhicules neufs dès 2024), qui envoie un signal sonore au conducteur dès que la vitesse maximale en vigueur est dépassée, ou encore l’Alcohol Interlock (un connecteur universel pour un éthylomètre antidémarrage, afin de faciliter son installation en cas décision judiciaire qui en impose l’utilisation pour le conducteur).
Dans ce package d’outils obligatoires pour les nouveaux modèles, que nous avons pu consulter, on peut également trouver, entre autres :
Le Lane Keeping Assist (qui augmente la résistance du volant et empêche le véhicule de dévier de sa trajectoire – obligatoire pour tous les nouveaux modèles dès ce 6 juillet 2022, dès le 7 juillet 2024 pour toutes les nouvelles voitures) ;
Le Advanced Driver Distraction Warning (système qui aide le conducteur à rester concentré sur la route et l’avertit s’il est distrait – obligatoire à partir du 7 juillet 2024 pour tous les nouveaux modèles) ;
Le Driver Drowsiness Recognition (système détecte les signes de fatigue et de somnolence chez le conducteur – obligatoire à partir du 6 juillet 2022 pour les nouveaux modèles, à partir du 7 juillet 2024 pour tous les véhicules neufs) ;
Le Collision Warning System (capable de détecter la présence d’éventuels objets – obligatoire pour tous les nouveaux autobus et camions dès 2024) ;
Le Reversing detection system (système permettant d’alerter le conducteur sur la présence de personnes et d’objets derrière le véhicule, obligatoire pour tous les nouveaux modèles à partir de 2024).
Des effets dissuasifs
Chaque nouveau modèle de voiture devra être équipé, en fonction de la date butoir spécifiée, de tous ces systèmes afin de pouvoir être homologués pour le marché européen.
Ces nouveaux outils technologiques, peu à peu obligatoires pour les constructeurs, doivent contribuer à l’amélioration de la sécurité routière en Europe. Aux États-Unis, où la boîte noire est présente dans les voitures depuis 25 ans déjà, le nombre d’accidents a significativement chuté : on parle d’une baisse de 20%.
Peut-on espérer une telle baisse chez nous ? « Les gens savent qu’en roulant avec ce système, toutes leurs actions au volant peuvent être connues. Il y a donc un effet dissuasif. Mais qui est dur à mesurer avec exactitude », tempère Stef Willems (Vias). « Cela fait déjà 20 ans que les voitures deviennent de plus en plus sûres, avec de nouveaux systèmes qui ont un impact réel sur la sécurité routière. Mais ce ne sont que des outils d’aide à la conduite, le conducteur reste responsable», rappelle-t-il.
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