Quel avenir pour les concessionnaires? « Les grands groupes et les petites entreprises peuvent coexister »
Le paysage des concessionnaires a profondément changé en l’espace de quelques années. Les petites entreprises familiales sont de plus en plus souvent reprises par un grand groupe. Que réserve l’avenir aux détaillants automobiles? Nous avons posé la question à Eddy Haesendonck, le PDG d’Hedin Automotive Benelux, auparavant PDG du BMW Group Belux.
A vos yeux, Hedin Automotive est probablement le principal distributeur Mercedes-Benz du pays mais la société d’origine suédoise est bien plus que ça. L’Hedin Mobility Group rassemble pas moins de 44 marques automobiles dans 14 pays européens. En Belgique, Hedin Automotive a réalisé un parcours remarquable ces dernières années. Il a commencé par reprendre sept concessions Mercedes-Benz et Smart en Flandre orientale fin 2017. Il en compte désormais vingt. Depuis lors, Hedin Automotive vend également Toyota, Lexus, RAM et Mazda. Il est l’importateur officiel du tout-terrain INEOS Grenadier et de Hongqi, une marque de luxe chinoise.
Les grands groupes, comme Hedin Automotive, sont de plus en plus présents. Comment expliquez-vous cette évolution?
Eddy Haesendonck : « Elle est logique. De nombreux distributeurs sont des entreprises familiales, fondées dans les années 60 et 70. Elles en sont à la troisième génération. D’où cette question: cette génération est-elle mue par l’ambition de persévérer dans le secteur automobile ou préfère-t-elle vendre l’entreprise? En outre, les constructeurs misent de plus en plus sur une « stratégie tache d’huile ». Certaines régions sont couvertes par une seule partie, afin de créer des synergies entre différentes petites implantations. Cette tendance s’étend bien au-delà de nos frontières: elle est mondiale. En fait, ce processus ne s’est accéléré que ces dix dernières années en Belgique. »
Le petit garage indépendant a-t-il encore un avenir?
« Oui. Les grands groupes et les petites entreprises peuvent coexister. Une entreprise familiale dotée de la bonne mentalité qui assure sa succession a certainement un avenir. Les entreprises familiales belges saines, qui ont un bon rendement et qui suivent la stratégie du constructeur, peuvent continuer à faire des affaires de manière durable. Chez BMW, par exemple, de nombreuses entreprises familiales continuent à œuvrer avec succès. »
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Pourquoi Hedin Automotive importe-t-il aussi la marque de luxe chinoise Hongqi?
« Il y a vingt ans, les marques traditionnelles haut de gamme se partageaient déjà la majeure partie du marché. Il existait pourtant d’autres marquées dotées de leurs propres clients, comme Saab. Nous croyons au succès de Hongqi. Cette marque fabrique des limousines pour l’Etat depuis soixante ans et débarque maintenant en Europe. C’est un commerce complémentaire pour le segment qui n’est pas desservi par Mercedes, Audi ou BMW. Pour les clients qui veulent autre chose. La Hongqi E-HS9 est un SUV électrique luxueux de six ou sept places. Dans un an, deux autres modèles du segment moyen vont sortir: une Sedan et un SUV. »
Vous êtes également PDG d’Hedin Automotive Pays-Bas. Quelles différences y a-t-il entre le marché belge et le néerlandais?
« Les véhicules sont généralement plus modestes aux Pays-Bas. Les voitures belges sont en moyenne nettement plus jeunes: huit ans contre douze aux Pays-Bas. Notre parc est plus jeune et plus vert grâce aux voitures de société. Les mesures prises contre ces véhicules sont contre-productives pour l’économie et pour l’environnement. Regardez ce qui s’est passé aux Pays-Bas: l’intérêt pour les voitures électriques a fortement baissé alors qu’il y a six ans, ce pays était le chef de file de l’Europe, avec la Norvège. Le gouvernement néerlandais a depuis limité son soutien à l’achat de véhicules électriques. Le consommateur préfère donc les solutions économiques aux écologiques. »
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