Pour la première fois en Belgique, une navette autonome testée sur la voie publique
Un drôle de véhicule se balade à Han-sur-Lesse. Pouvant accueillir une quinzaine de passagers, ce mini-bus autonome fait la navette du parking des autocars à la billetterie du domaine des Grottes de Han. Lancée début septembre, il s’agit du premier test d’un véhicule autonome sur la voie publique en Belgique.
Un itinéraire programmé
En écoutant les explications de Jean-François Gaillet, directeur innovation and technology de l’institut VIAS, qui pilote ce test, nous nous replongeons quelques années en arrière. A l’époque où nous répétions plusieurs fois le trajet qui sépare la maison de l’école avec un parent, avant de le réaliser seul tous les jours. Cette navette autonome a suivi le même apprentissage. Elle a appris son trajet par coeur en modélisant le tracé grâce à ses lidars, des capteurs qui scannent son environnement en trois dimensions, et le GPS. Une fois configurée, elle est capable de refaire le même chemin grâce à cette carte 3D, et à ce signal GPS très précis. Ses huit lidars sont alors utilisés pour détecter des obstacles : lorsqu’un piéton traverse la rue par exemple.
Sans pilote ?
Ce n’est pas la première fois que l’institut VIAS teste ce type de navette. Il avait effectué un test similaire sur un circuit privé en octobre 2017. Le code de la route a dû être ensuite adapté pour permettre à ce type de véhicule d’être testé sur la voie publique. Et il sera encore appelé à évoluer.
Selon l’article 8.1, » tout véhicule en mouvement doit avoir un conducteur « . Bien qu’étant autonome, un opérateur doit donc se trouver à bord. Pouvant accueillir 15 passagers, la navette est considérée comme un véhicule de transport de personnes. Il faut donc obligatoirement un pilote à bord qui possède le permis D.
Si la technologie le permet, pourrait-elle légalement conduire toute seule à l’avenir ? Notre code de la route découle des Conventions des Nations unies prises à Genève en 1949, puis à Vienne en 1968. Elles ont permis d’harmoniser les règles de circulation et les panneaux de signalisation. » Il y a une discussion pour considérer qu’un véhicule pourrait rouler sans chauffeur à condition qu’un opérateur puisse reprendre le contrôle à distance « , explique Jean-François Gaillet. En Belgique, un chapitre devrait être consacré à la voiture autonome dans la prochaine version du code de la route, qui serait attendue pour fin de l’année prochaine.
En test à la Stib en 2019
Ces minibus pourraient donc trouver leur chemin dans des lieux touristiques, dans des centres hospitaliers, sur des campus universitaires, sur des sites industriels, voire dans un réseau de transports en commun.
Dans la capitale, la Société des transports intercommunaux de Bruxelles va aussi tester des navettes autonomes l’été prochain. Des tests qui se feront par étapes : d’abord sur des sites fermés, puis sur la voie publique. L’objectif est d’évaluer si ce type de véhicule peut être un bon complément à l’offre actuelle de transport en ciblant le dernier kilomètre. Cette navette autonome pourrait relier un parking de dissuasion à une station de métro, par exemple. Il est cependant encore trop tôt pour savoir sur quels itinéraires ces navettes seront testées. Un appel d’offres a été lancé pour louer deux navettes autonomes d’une capacité de 6 à 10 personnes. Le marché devrait être attribué à la fin de l’année.
Certaines limites
Spécialisé dans la sécurité routière et la mobilité, l’objectif de l’institut VIAS est de mieux connaître le fonctionnement de ce véhicule autonome, mais aussi de constater les aménagements qui doivent être fait sur le terrain – modifier une priorité, par exemple -, ou voir comment il se comporte lorsqu’il passe près d’une rangée d’arbres en plein automne. Il faut dire que cette technologie a ses limites : la pluie intense, le brouillard, et la neige peuvent réduire voire aveugler ces lidars.
Une navette similaire devrait être testée à Waterloo, près de la Butte du Lion, au mois d’octobre. Ces deux tests devraient être terminés à la fin du mois de novembre. » L’idée est de faire une étude pour un déploiement sur un parcours plus grand pour l’année prochaine « , poursuit Jean-François Gaillet. Pour VIAS, ces tests sont un laboratoire grandeur nature. L’institut n’a pas vocation à installer ce type de navettes un peu partout, mais son exemple pourrait inspirer d’autres entreprises ou collectivités à les tester voire à les adopter.
Made in France
Ces navettes sont fabriquées par la société française Navya, dont le groupe Keolis est un des principaux actionnaires. Elles ont été testées et sont encore en test dans plusieurs pays à travers le monde, notamment en France, à Paris et sur le site de la centrale nucléaire de Civeaux ; à Candiac, au Québec ; à Perth, en Australie.
25 km/h
La vitesse maximale de cette navette électrique.
9 heures
L’autonomie de la navette.
250.000 euros
La valeur de la navette autonome utilisée par l’institut VIAS, qui la loue le temps des tests.
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