Par ordre chronologique: Ferdinand Porsche avec une des premières Volkswagen Coccinelles - Ferry avec la Porsche 356 et la VW Coccinelle - Alexander Porsche a conçu la légendaire 911 et Ferry Porsche au volant de la Porsche 356. © National

Porsche célèbre ses 75 ans: récit d’une affaire de famille

Urbain Vandormael Spécialiste voitures  

Il n’y a pas de lumière sans ombre. Porsche, le fabricant allemand de voitures de sport, n’échappe pas à la règle. La marque est d’origine autrichienne et est toujours aux mains des familles Porsche et Piëch. Le constructeur s’est retrouvé au bord du précipice à quelques reprises en l’espace de 75 ans mais il a surmonté toutes ces crises et enregistre à nouveau des bénéfices colossaux.

Une longue histoire en résumé. Le père fondateur, Ferdinand Porsche, voit le jour le 3 septembre 1875 à Mattersdorf, en Autriche. Le jeune homme, surdoué et empreint d’assurance, veut impressionner le monde par ses connaissances techniques. En 1900, il a alors 25 ans, il vole la vedette à l’Exposition Universelle de Paris en présentant la première voiture particulière quatre roues motrices à propulsion hybride. Une technologie désormais à la pointe de l’actualité, typique de ce visionnaire, fils d’un ferblantier.

L’ambitieux Ferdinand finit par être engagé par Daimler-Benz, à Stuttgart, mais il est constamment en conflit avec ses patrons. A la fin des années 20, il fonde sa propre entreprise grâce à son indemnité de licenciement. Il travaille dans la cave de sa villa, Feuerbacher Weg 48. Le chancelier Adolf Hitler lui demande de concevoir une «voiture pour le peuple allemand». Epaulé par son fils Ferry et son gendre Anton Piëch, il fabrique la Volkswagen Coccinelle.

La Coccinelle améliorée

A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, Ferry retourne à Gmünd, en Autriche, où le reste de la famille a passé le conflit. Il y fonde la Porsche Konstruktion GmbH et assemble une voiture de course pour le compte d’un riche entrepreneur italien dans la petite scierie de sa sœur Louise. Le bénéfice engrangé lui permet de faire libérer son père et son beau-frère, détenus en France pour collaboration avec le régime nazi.

Un an plus tard, le 8 juin 1948, Ferry Porsche présente un petit coupé en tôle d’acier, équipé de pièces de la VW Coccinelle. Les journalistes qualifient la première Porsche 356 de «Coccinelle améliorée» qui n’a pas l’ombre d’une chance face aux bolides italiens de l’époque. Porsche Junior est piqué au vif. Il place le petit moteur boxer à refroidissement par air derrière l’essieu arrière et monte deux carburateurs Solex pour conférer plus de puissance au bolide. Une légende est née. La scierie est désormais trop petite. La famille déménage à Zuffenhausen, une banlieue de Stuttgart. Le carrossier D’Ieteren vole au secours de son collègue et assemble à Bruxelles 700 exemplaires de la 356 roadster.

Les journalistes automobiles qualifient la première Porsche 356 de «coccinelle améliorée» qui n’a pas l’ombre d’une chance contre les bolides italiens de l’époque.

911, un chiffre porte-bonheur

En 1964, nouvel exploit. La puriste Porsche 911, une création d’Alexander, le fils de Ferry, dégage virilité et sportivité. Elle fait sensation. Les premiers prototypes portent le nom «901» mais Porsche rebaptise la série «911», à la demande de Peugeot. C’est le début d’une never ending successtory.

Construire des autos fascinantes n’est pas une garantie de succès financier. Au début des années 90, les banques menacent de couper tout crédit. Porsche ne produit plus que 15.000 voitures de sport par an et est lourdement endetté. Wendelin Wiedeking vient au secours de Porsche, change radicalement de cap et élargit la gamme, avec la Boxster, la Cayman et la Cayenne, un SUV sportif. C’est un coup de maître, qui remplit les caisses et incite à l’orgueil. En 2009, après un raid raté de la petite Porsche contre la grande Volkswagen, le fabricant de voitures de sport passe à nouveau par le chas de l’aiguille. Volks- wagen AG devient l’actionnaire principal de Porsche AG, qui conserve toutefois son autonomie au sein du groupe. En échange, le holding familial Porsche SE obtient 53,4% des actions donnant droit au vote de Volkswagen AG. Voilà donc comment une nouvelle apparemment mauvaise a accru la fortune des familles Porsche et Piëch.

L’entrée en Bourse partielle de Porsche AG en septembre 2022 est un autre exemple de technologie financière. Elle confère encore plus de puissance au groupe automobile et rapporte. Ce capital vient à point à ses parrains, Wolfgang Porsche (80 ans) et à son cousin Hans Michel Piëch (81), qui peuvent ainsi assurer le train de vie de leur descendance. Celle-ci a toujours la nationalité autrichienne. Presque tous les membres de la famille travaillent et habitent aux alentours de Salzbourg, où ils mènent une existence discrète.

Le président Wolfgang Porsche est le seul à faire parler de lui, de temps à autre. Il effectue la navette entre Munich et Zell am See, le port d’attache des familles Porsche et Piëch, qui y possèdent de l’immobilier et des terres – y compris un hôtel de luxe, un centre de congrès et l’aéroport régional. L’été dernier, Wolfgang Porsche a fêté ses 80 ans dans la propriété familiale. Les membres du clan sont inhumés dans une chapelle située à l’ombre du Schüttgut. Même décédés, ils ne quittent pas le giron familial.

Une situation inhabituelle

Il est rare qu’un consortium qui emploie 650.000 personnes dans le monde soit dirigé par deux familles de milliardaires. Elles ne sont certes pas impliquées dans la gestion quotidienne mais elles ont le dernier mot dans tous les dossiers importants. Les familles ont placé des personnes de confiance à tous les postes-clefs du groupe. La plupart y ont fait leurs classes. Oliver Blume, l’actuel patron de Volkswagen, a d’abord dû faire ses preuves à Zuffenhausen, avant de prendre la tête du groupe à Wolfsburg. On ignore encore qui succédera bientôt à Wolfgang Porsche et à Hans Michel Piëch.

Porsche – Driven by Dreams

Pour clôturer les festivités de Porsche 75, AutoWorld organise une exposition regroupant 60 modèles illustrant l’histoire et la force novatrice de la marque automobile allemande. L’expo Porsche – Driven by Dreams retrace l’histoire de la marque de voitures de sport en rassemblant 60 modèles spéciaux, dont 22 proviennent du musée Porsche de Zuffenhausen. La 911 Speedster Concept et la 930 Turbo, qui est probablement l’ultime super auto, consti- tuent les points forts de l’exposition. La Porsche 356 Gmünd, assemblée en 1948 dans la scierie de la famille Porsche en Autriche, sera évidemment de la partie. L’exposition s’intéresse également aux succès sportifs de la marque et met à l’honneur les pilotes Porsche belges Jacky Ickx, Thierry Boutsen et Laurens Vanthoor.

L’expo « Porsche – Driven by Dreams » est accessible à AutoWorld jusqu’au 25 février. Pour plus d’informations: www.autoworld.be

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