Depuis 1988, des sessions spéciales sont organisées pour des publics spécifiques désireux de passer leur permis de conduire théorique. © BELGAIMAGE

Permis de conduire: un candidat sur cinq réussit son examen en «session spéciale»

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Quelque 5.500 personnes atteintes d’un trouble du langage ont présenté leur examen théorique pour le permis de conduire en 2022, à Bruxelles et en Wallonie. En moyenne, 20% ont réussi.

En 2022, 5.367 candidats à la conduite ont présenté leur permis théorique lors de sessions spéciales organisées en Région wallonne. Ils étaient 126, la même année, à passer l’épreuve dans le centre d’examen de Schaerbeek –le deuxième centre bruxellois, situé à Anderlecht, ne dispose pas de statistiques à ce sujet.

Les «sessions spéciales» sont élaborées pour un public spécifique, en difficulté d’une manière ou d’une autre avec le langage. «Les candidats dont les facultés mentales ou intellectuelles, ou le niveau d’alphabétisation, sont insuffisants peuvent, à leur demande, subir l’examen en session spéciale», stipule l’arrêté royal ad hoc, qui date de 1988, à une époque où les permis de conduire relevaient de la compétence du pouvoir fédéral. Une matière transmise aux Régions depuis 2015.

Des candidats conducteurs ne maîtrisant pas suffisamment la langue en raison de leur analphabétisme ou de troubles de l’apprentissage peuvent ainsi passer cette épreuve, accompagnés d’un examinateur qui reformule pour eux les questions de l’examen et leur laisse davantage de temps pour y répondre. Un interprète en langue des signes assiste les candidats souffrant d’un handicap auditif. Les questions posées sont les mêmes que pour tous les autres candidats et l’examen en session spéciale concerne toutes les catégories de permis.

Pour bénéficier de ces conditions particulières, il est indispensable de présenter un document attestant un niveau d’alphabétisation insuffisant, des facultés mentales ou intellectuelles faibles, des troubles d’apprentissage ou un problème de surdité. Ces certificats ou attestations sont délivrés, par exemple, par un centre psycho-médicosocial, un institut d’enseignement spécialisé, un centre d’observation et de guidance ou un centre d’orientation professionnelle.

«Nous ne disposons pas de statistiques sur les troubles qui motivent l’accès à une telle séance, note Camille Thiry, porte-parole de Bruxelles Mobilité. Des problèmes de dysphasie et de dyslexie sont cependant souvent évoqués.» En 2022, le taux de réussite de ce groupe d’élèves particuliers s’est élevé à 19%. Au centre d’examen d’Anderlecht, qui ne tient pas de statistiques pour les sessions spéciales, le taux de réussite est évalué à 10%. Il est de 41,6% pour les candidats hors sessions spéciales.

A Bruxelles, des séances spéciales en anglais sont également organisées pour ceux qui ne maîtrisent ni le français ni le néerlandais. En 2022, au centre d’examen de Schaerbeek, 2.035 personnes ont opté pour cette formule, avec un taux de réussite d’environ 47%.

En Wallonie, 21% des 5.367 candidats au permis B ont décroché le sésame en sessions spéciales –contre 35% hors sessions. «Nous ne disposons pas de chiffres pour chaque « catégorie » (langue des signes, difficulté de lecture ou de compréhension/analphabétisme)», indique-t-on à l’administration wallonne.

En mai dernier, l’exécutif wallon a avalisé la mise en place d’un projet pilote, qui commencerait le 31 octobre 2024. Celui-ci organisera toujours des sessions pour des publics précis mais permettra également aux candidats qui ne connaissent pas les langues de l’examen –le français ou l’allemand– d’accéder à des sessions spéciales, par exemple en anglais.

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