Le gazole n’est plus indispensable
Si le diesel est appelé à disparaître du paysage autombile d’ici à quelques années, qu’en est-il de ses chasses gardées traditionnelles : camions, bus, bateaux ? Ces fortesses-là pourraient aussi bientôt vaciller.
Le diesel compte encore de nombreux partisans, dont Carlos Tavares, patron de PSA. Début 2015, il n’hésitait pas à déclarer que » le diesel moderne est parfaitement propre » et qu’il est le » meilleur ami » de la lutte contre le réchauffement climatique, émettant moins de CO2 que l’essence. Amer, il a récemment lâché que » le diesel a gagné la bataille technologique, mais perdu la bataille politique « . Le scandale VW a pourtant démontré que le diesel propre relève en partie uniquement de la théorie.
Le bureau de consultance AlixPartners prévoit que le diesel ne représentera plus que 9 % des ventes en Europe en 2030. Une bonne nouvelle pour les… raffineries belges. Selon la Fédération pétrolière de Belgique (FPB), elles ont produit 4,79 millions de tonnes d’essence en 2016 pour une consommation nationale d’à peine 1,48 million de tonnes (17 % de la consommation de carburants contre 83 % de diesel). La FPB martèle également que le transport ne peut se passer de pétrole qui alimente 94 % de l’activité en Europe. La Commission européenne prévoit effectivement que la mobilité restera dépendante du pétrole à hauteur de 83 % à 85 % à l’horizon 2030.
Pour Damien Ernst, la mobilité verte s’imposera plus rapidement sous l’effet des interdictions des villes et de la démocratisation de la voiture électrique. Les analystes de Bloomberg New Energy Finance estiment qu’elle pourrait devenir la moins chère à l’achat dès 2025 grâce à la baisse du prix des batteries (-73 % entre 2010 et 2016).
Le professeur de l’ULiège souligne par ailleurs que la mobilité verte ne se cantonne pas aux voitures mais menace aussi les chasses gardées traditionnelles du gazole. Proterra vient de battre un nouveau record avec un bus électrique qui a parcouru 1 772 km en une seule charge. De série, le » Tesla des bus » offre des véhicules affichant une autonomie de 400 à 560 km avec l’argument de vente choc qu’il est moins cher qu’un bus diesel à l’exploitation grâce aux économies sur le carburant et l’entretien. » Concernant les poids lourds, la principale interrogation est actuellement de savoir s’ils passeront par le GNL (gaz naturel liquéfié) ou pas avant d’adopter l’électricité. » Tesla et Mercedes ont d’ores déjà présenté des projets avancés de camions électriques urbains (autonomie de 200 à 300 km) alors que Nikola Motors vise à y ajouter une pile à combustible qui offrirait une autonomie de 1 500 à 1 900 km.
» Même la navigation est concernée par la lutte contre le diesel dont les moteurs polluent les ports et les ponts (des navires de croisière) « . En fin d’année, HH Ferries lancera deux ferries de 8 414 tonnes fonctionnant sur batteries électriques pour la traversée du Sund entre la Suède et le Danemark.
Parmi les plus dépendants (financièrement) au diesel et à l’essence figurent évidemment les Etats. Damien Ernst souligne toutefois que le prix de gros de l’électricité ne représente déjà qu’environ 15 % du prix au détail, une structure de prix finalement pas si différente des hydrocarbures. Là aussi, la marge fiscale peut devenir de plus en plus importante.
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