Le carburant est-il aussi qualitatif dans toutes les stations? Ce que disent les 9.000 échantillons prélevés l’an dernier
Certaines chaînes de stations-service affichent des prix systématiquement plus faibles que leurs concurrents. Avec parfois une image tenace associée: le carburant qui y est livré serait de moins bonne qualité. Les contrôles sont pourtant fréquents en Belgique et confirment la qualité des différents produits.
Entre les stations des grandes chaînes Esso, Shell, Q8 ou encore Total, certains noms moins connus se repèrent le long des routes belges. Gulf, Maes, Gabriëls, voire de plus petites enseignes encore, proposent du carburant parfois à des prix plus faibles qu’à la concurrence. Avec une interrogation des automobilistes: prix plus faibles, mais carburant de qualité?
Le Fapetro (Fonds d’analyse des produits pétroliers) veille à la qualité des produits mis en vente sur le marché belge et en assure la surveillance systématique, avec des contrôles fréquents. Des échantillons de carburants sont collectés dans les différentes stations-service du pays avant analyse, afin de s’assurer de la conformité aux normes européennes en vigueur. L’an dernier, plus de 9.300 échantillons ont été collectés à travers les 3.000 stations implantées en Belgique, avec un taux de conformité élevé.
«Il faut vraiment rassurer les clients sur cette croyance des moins bons carburants: 95% des prélèvements ont été jugés conformes en 2023. Même dans les pompes des grands groupes ou dans celles dites sans marque, la qualité du carburant est irréprochable», certifie Jean-Benoît Schrans, de Energia (ex-Fédération belge pétrolière), sur base des derniers chiffres livrés par le Fapetro.
Les quelques infractions constatées sont jugées marginales et sont principalement relatives au point d’éclair (la température à laquelle le produit commence à s’enflammer au contact d’une étincelle), à la pression de vapeur (cette tension varie entre le carburant livré en été en hiver, mais il peut y avoir des dépassements lors du chevauchement des saisons) et à l’indice d’octane (un indice plus élevé offre une meilleure résistance à l’auto-inflammation). «Ce sont des points sans incidence sur la qualité du produit livré aux automobilistes, qui n’ont pas de conséquence pour la voiture non plus», assure encore le porte-parole d’Energia.
Ces dernières années, le taux de non-conformité des échantillons, prélevés par les agents itinérants et analysés par un ou plusieurs laboratoires, a peu varié, restant la plupart du temps sous les 5%. Les infractions constatées restent souvent les mêmes que celles soulevées en 2023. Lorsque des échantillons ne correspondent pas aux attentes, l’exploitant est informé et tenu de se mettre en règle, ce qui est vérifié lors d’un second contrôle.
Dans son rapport pour 2023, le Fapetro constate que la qualité des produits pétroliers distribués en 2023 sur le marché belge est similaire celle enregistrée en 2022 et la juge satisfaisante (contre «bonne» en 2021, lorsque le taux global de non-conformité se situait sous les 5%). «Toutefois, la légère dégradation observée dans les stations publiques en 2022 continue à se manifester. Celle-ci est en partie due à l’augmentation du volume d’essence vendu sur le territoire qui accroît le risque de contamination croisée», détaille-t-il.
Quid des carburants «premium»?
Certaines enseignes vendent également des carburants présentés comme «premium», pour quelques centimes de plus le litre que les carburants ordinaires. Il s’agit de mélange propre à chaque marque, avec ajouts de divers additifs aux produits. «Cela peut améliorer l’efficacité du carburant, son rendement. Certaines combinaisons permettent de garder les moteurs plus propres. Elles ont toutes leur spécificité et répondent aux mêmes exigences minimales de qualité», précise encore Jean-Benoît Schrans.
Certaines stations se font également livrer depuis les mêmes endroits, avec le même produit de base. Lorsque les prix des carburants sont plus bas, il peut s’agir d’une politique commerciale de l’enseigne, qui s’adapte aux tarifs pratiqués à proximité pour attirer les clients. Certaines stations proposent également peu ou pas de service à côté de la livraison de carburant, avec des caisses automatiques, permettant de rogner sur les coûts de fonctionnement.
Il faut également rappeler que les produits pétroliers sont soumis à des prix maximums qui ne peuvent être dépassés, dont la plus grande part se compose de taxes et d’accises. Actuellement, sur un litre d’essence 95 E10 à 1,674 euro (prix maximum), 29 centimes sont de la TVA, 60 centimes pour des accises et cotisation énergie, le prix du produit brut vaut pour environ 55 centimes. Il reste 22 centimes en marge et coûts de distribution. La plupart des postes sont évidemment incompressibles et il ne reste que peu de latitude aux enseignes pour faire jouer la concurrence. La qualité du produit ne peut intervenir sans respecter les exigences minimales en vigueur.
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