12.569 jours de retard: 2023, l’une des pires années pour l’espace aérien européen
L’année 2023 a été l’une des pires en deux décennies en ce qui concerne les retards de vols liés à la gestion de l’espace aérien, déplore vendredi A4E, l’association des compagnies aériennes européennes. Selon cet organisme de lobbying basé à Bruxelles, plus d’un quart des vols ne sont ainsi pas arrivés dans les 15 minutes de l’heure prévue.
Les performances de l’espace aérien européen se sont donc encore dégradées l’an dernier, avec une augmentation notable des retards et des coûts, ce qui affecte tant les compagnies aériennes que des millions de passagers, regrette A4E. Selon des données d’Eurocontrol, l’organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, les retards en route dus à la gestion des flux de trafic aérien ont été les deuxièmes plus importants de ces 20 dernières années. Ils ont atteint 18,1 millions de minutes, ce qui équivaut à 301.000 heures ou 12.569 jours de retard. Des chiffres plus élevés que ceux enregistrés en 2019, avant la pandémie de coronavirus, quand davantage d’avions avaient volé.
Selon A4E, la nature « rigide et inflexible » du secteur européen de la gestion du trafic aérien aggrave le problème et rend difficile la lutte contre ce type de retards. L’insuffisance des plans de capacité et des niveaux de recrutement des contrôleurs ne fera qu’accroître la pression sur l’espace aérien européen, prédit l’organisme. Déjà pour le reste de l’année 2024, les plans de capacité indiquent une capacité insuffisante pour la prochaine moitié de la décennie, ce qui signifie qu’il est peu probable que les retards diminuent de manière significative, prédit A4E. « Cette situation est d’autant plus préoccupante que l’espace aérien européen se rapproche des niveaux de trafic de 2019, voire les dépassera cet été », met en garde l’association.
« Alors que la technologie de la navigation aérienne a progressé à toute vitesse, les compagnies aériennes empruntent une route régionale parsemée de détours et de feux de signalisation. L’Europe a besoin d’une autoroute aérienne fluide et efficace« , résume, de manière imagée, Ourania Georgoutsakou, la directrice générale d’A4E. Des objectifs pour la performance de l’espace aérien sur la période 2025-2029 ont été récemment publiés. « Mais ils sont très décevants », assène la patronne de l’organisation de lobbying, « et ne contiennent pas le haut niveau d’ambition qui permettrait de réduire les retards ». « Alors que nous nous dirigeons vers une période estivale de pointe, nous demandons aux prestataires de services de navigation aérienne de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour fournir la capacité nécessaire afin de minimiser les retards et d’assurer un été serein pour tous », conclut Ourania Georgoutsakou.
Les explications de Ryanair
Ryanair a notamment dû annuler un total de 60 vols jeudi et vendredi en raison d’une « sous-performance » de l’espace aérien à travers le continent. Plus de 30% des 3.500 vols de la compagnie irlandaise ont en outre été retardés jeudi, pour encore 25% des départs de la première vague matinale (150 avions sur 600) qui ont eu lieu en retard vendredi.
D’après Ryanair, cette sous-performance est due à des « pénuries de personnel » répétées, alors pourtant qu’il ne devrait pas y avoir de grèves du côté des aiguilleurs du ciel français cet été, contrairement à ces dernières années. Ryanair évoque aussi une « panne d’équipement » au sein du centre de contrôle d’Eurocontrol de Maastricht (Pays-Bas). C’est de là qu’est géré l’espace aérien supérieur (de 24.500 à 66.000 pieds) au-dessus de la Belgique, des Pays-Bas, du Luxembourg et du nord-ouest de l’Allemagne – l’une des zones aériennes les plus fréquentées et les plus complexes d’Europe.
« Au cours des trois dernières années, les redevances ATC en Europe ont augmenté de façon record, mais les niveaux de personnel et de service ont continué à diminuer », constate la compagnie. Elle demande à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de prendre des mesures pour réformer d’urgence ces services de contrôle aérien européen, qui sont dans un état « lamentable ».