L’OMS appelle à la vigilance sur la grippe aviaire, mais se veut rassurante
L’OMS a appelé à la vigilance mercredi face à la transmission de la grippe aviaire à des mammifères mais s’est aussi voulue rassurante pour calmer les peurs d’une pandémie de H5N1.
« Les récentes transmissions à des mammifères doivent être surveillées de près« , a déclaré le patron de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’un point de presse régulier à Genève. Mais « pour le moment, l’OMS évalue le risque pour l’homme comme faible« .
Depuis la fin 2021, l’Europe est aux prises avec sa pire épizootie de grippe aviaire, qui circule aussi sur le continent américain. Cela a conduit à l’abattage de dizaines de millions de volailles domestiques dans le monde, dont beaucoup sont porteuses de la souche H5N1.
La récente détection de la maladie chez un certain nombre de mammifères, notamment des renards, des loutres, des visons, des lions de mer et même des grizzlis, suscite une inquiétude croissante sur le risque plus élevé pour les humains.
Le docteur Tedros a souligné que depuis l’apparition du virus en 1996, « la transmission du H5N1 vers, et entre les humains, et rare et peu soutenue ». Pour autant « nous ne pouvons pas supposer que cela restera le cas, et nous devons nous préparer à tout changement du statu quo ».
Il appelle les pays à « renforcer la surveillance là où les humains, les animaux d’élevage ou sauvages interagissent » et indique que son organisation discute avec des laboratoires pharmaceutiques « pour s’assurer que, si nécessaire, des vaccins et des antiviraux soient disponibles » en quantité suffisante.
Transmission rare
Au cours des deux dernières décennies, il y a eu 868 cas confirmés de H5N1 chez l’homme avec 457 décès, selon les données de l’OMS. Il y a eu quatre cas confirmés et un décès en 2022 et le mois dernier l’Equateur a signalé le premier cas de grippe aviaire (AH5) en Amérique du Sud chez un humain: une fillette de neuf ans qui était en contact avec des volailles de basse-cour.
Son état « s’améliore », a déclaré aux journalistes le responsable des urgences de l’OMS, Michael Ryan, ajoutant que jusqu’à présent, rien n’indiquait que d’autres personnes avaient été infectées. C’est le déroulement habituel lorsque des humains sont infectés, a expliqué la docteure Sylvie Briand, en charge de la prévention des épidémies et des pandémies à l’OMS.
« La transmission de l’animal à l’homme est rare, et lorsqu’il infecte l’homme, la transmission entre humains n’est pas facile, car le virus n’est pas bien adapté », a-t-elle expliqué. Mais, a-t-elle averti, « nous devons être vigilants pour nous assurer que la propagation chez les animaux est contenue » parce que « plus le virus circule chez les animaux, plus le risque est également élevé pour les humains ».
Le docteur Ryan a convenu qu’une propagation intense parmi les petits mammifères « crée la possibilité que ce virus puisse évoluer ». Mais, a-t-il souligné, « notre travail est de garder une longueur d’avance ». « Protéger les humains ne consiste pas seulement à gérer les virus chez les humains. Il s’agit de gérer les virus dans le règne animal et en particulier dans cette interface animal-humain », a-t-il expliqué, appelant à une action concertée. « Les risques peuvent être réduits » et « les gens ne devraient pas s’alarmer », a insisté le docteur Ryan.