Les médias sont-ils des « suppôts du pouvoir » ?
Les médias sont-ils des «suppôts du pouvoir», comme on les en accuse souvent sans apporter d’éléments très probants? Maître de conférences à l’université de Strasbourg, la sociologue du journalisme Julie Sedel apporte des éléments de réponse dans Sociologie des dirigeants de presse (1). Des dirigeants qui, par leur origine sociale – les classes moyenne et supérieure – et par leur formation, s’assimilent fort à l’élite traditionnelle.
L’étude de Julie Sedel porte sur la France, dont l’évolution de la direction des médias est ainsi résumée: «Les dirigeants de presse, principalement issus des réseaux de la Résistance, entretiennent [de la Libération aux années 1970] des liens forts avec le champ bureaucratique et politique. Les années 1980 se caractérisent par une libération du secteur audiovisuel, et par l’arrivée d’industriels et le recrutement de managers. Cette tendance s’accélère dans les années 1990 pour se renforcer aujourd’hui dans les grands groupes médiatiques, tandis que, dans les organes de presse prônant une conception de l’information indépendante, les journalistes se présentent comme étant aux commandes.»
La tentation de collusion avec le pouvoir des propriétaires de médias pour soigner leurs intérêts est donc bien réelle. Pour autant, Julie Sedel constate que les immixtions dans le travail des rédactions sont rares «premièrement parce que intervenir sur les contenus contrevient au droit, deuxièmement parce que cela risquerait de mettre à mal le prestige de l’institution, capital toujours fragile, et troisièmement parce que les actionnaires sont en majorité des actionnaires dormants, davantage intéressés à percevoir des dividendes qu’à s’impliquer dans l’entreprise»…
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