Les luttes des minorités ont une part d’universel
Le sociologue Albert Ogien en prend pour preuve l’engagement de ces combats en faveur du progrès de l’égalité.
Lorsque des minorités expriment des revendications, leurs détracteurs leur opposent souvent le reproche de saper l’universalité des valeurs qui fondent la société. Dans Emancipations. Luttes minoritaires, luttes universelles? (1), le sociologue Albert Ogien s’inscrit en faux contre cette idée.
L’auteur analyse les combats des féministes, des populations racisées, des minorités sexuelles, toutes minorités civiques, à la lumière de celui des minorités sociales et y décèle une convergence des luttes: «Le mépris que les dominants manifestent à l’égard de ce que peuvent bien penser les personnes en situation de minorité civique vaut également pour la situation de minorité sociale dans laquelle la classe ouvrière a longtemps été cantonnée.» La lutte des minorités civiques est cependant différente, notamment parce qu’il n’est jamais exclu qu’un individu quitte le prolétariat et change de statut au cours de sa vie tandis qu’une personne membre d’un groupe placé en situation de minorité y reste confinée tant que celle-ci n’a pas été abolie.
Pour autant, le combat des minorités civiques n’est pas antinomique avec l’universalisme, développe Albert Ogien. Et son argumentaire est assez convaincant: «La visée d’une lutte d’émancipation est la suppression d’une situation de minorité. […] Toutes (les luttes analysées dans ce livre) reposent sur une exigence fondamentale: la réalisation de l’égalité de tous et de toutes ; et son corollaire: la liberté de chacun de vivre son existence à sa convenance. Ne serait-ce qu’en raison de cet engagement en faveur du progrès de l’égalité, chaque lutte d’émancipation contient une part d’universel. Sous certaines conditions, il arrive que la réalisation complète de cette exigence soit annexée à une transformation radicale de l’ordre du monde.»
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici