Les «croyants» seraient-ils plus enclins à sauver la démocratie?
Par leur capacité à être respectueux d’autrui, ils sont bien placés pour y parvenir, juge Jérôme Chartier. L’actualité ne le prouve pas forcément.
Pour surmonter la crise de la démocratie libérale, les pistes sont multiples. Ancien mandataire Les Républicains et aujourd’hui directeur du forum de réflexion Les entretiens de Royaumont, Jérôme Chartier prône, dans La Démocratie des croyants (1), une démarche originale pour y parvenir: se fonder sur les «croyants», pris dans une acception large, à savoir «ceux qui s’inscrivent dans un projet et croient en quelque chose de plus grand qu’eux, qu’il s’agisse du divin, de l’humanité, de la nation organique – et pas seulement sociale –, de l’esprit de la démocratie».
Son diagnostic sur la maladie de la démocratie repose essentiellement sur quelques constats partagés par d’autres. «Nos structures politiques sont remises en cause par la disparition de l’intermédiation provoquée par le numérique.» «La confrontation avec les modèles autoritaires – qui peuvent apparaître conjoncturellement plus efficients – contribue également à reléguer les démocraties au rang de systèmes impotents, peinant à décider et à exprimer leurs visions.» «Au fil du temps, l’individualisme, renforcé par l’emprise des réseaux sociaux – dont le modèle économique consiste justement à rassembler les individus qui se ressemblent sans jamais créer de collectif qui les englobe – mine tous les systèmes de vie en commun, y compris la démocratie.» Résultat, selon Jérôme Chartier: «Nous sommes passés du “je décide, donc je suis” au confortable “je m’abstiens, donc je râle”», ce qui n’aide pas particulièrement à revigorer la démocratie.
Nous sommes passés du “je décide, donc je suis” au confortable “je m’abstiens, donc je râle”.
Mais pourquoi les croyants seraient-ils plus aptes à la sauver? L’auteur pense qu’ils «sont en mesure de revivifier notre démocratie actuelle par leur capacité à être tolérants et respectueux des convictions d’autrui, et à encourager la confrontation sereine des idées, tant que la croyance communautarisée et instrumentalisée n’investira pas les travées des hémicycles». Certes, Jérôme Chartier inscrit sa réflexion dans le respect de la laïcité française, qui garantit a priori une disqualification des séparatismes. Mais il faut bien reconnaître que l’image qu’ont donné ces derniers temps de leur combat certains croyants rien que dans les démocraties occidentales, aux Etats-Unis, en Pologne, en Israël ou même en France, fait sérieusement douter du bien-fondé de l’espoir de revitalisation de la démocratie imaginée par Jérôme Chartier.
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