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L’église de scientologie en opération séduction sur les réseaux sociaux: pourquoi ça n’a rien d’illégal
Des publications sponsorisées de l’église de scientologie ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux, à tel point que l’organisme français de lutte contre les dérives sectaires a émis un avertissement. En Belgique, quelques signalement ont également été constatés par le CIAOSN.
Ces dernières semaines, elles sont apparues sur les écrans de nombreux internautes, affichant des visages radieux, la promesse d’améliorer la vie de tout un chacun et la mention «Je suis scientologiste». L’église de scientologie a investi les réseaux sociaux pour y diffuser une série de publicités sponsorisées, invitant à s’intéresser à «la plus jeune des grandes religions au monde», comme elle se qualifie.
Ces publicités renvoient vers un site français de l’organisation basée aux Etats-Unis, qui dispose aussi d’une antenne à Bruxelles. «Qui sont les scientologistes? Curieux? Apprenez-en plus», proposent encore ces messages publicitaires.
Le 9 janvier, la Miviludes, organisme français de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, publiait un avertissement relatif à cette campagne de communication. «Les pratiques de la scientologie peuvent présenter des risques de déstabilisation mentale, d’exigences financières exorbitantes et de rupture avec l’environnement d’origine, notamment familial», prévenait-elle.
La Miviludes indiquait alors avoir reçu des signalements portant sur cette campagne de communication. «L’adhésion à la scientologie peut notamment se faire à l’occasion de tests de personnalité gratuits, de conférences « d’introduction » gratuites, ainsi que de cours et d’étude de la « dianétique », la méthodologie d’apprentissage et de développement personnel créée par Ron Hubbard ou encore par toutes autres manifestations « culturelles » ou à « visée humanitaire »», décrivait encore l’organisme français, qui rappelait au passage quelques condamnations dont ont fait l’objet des personnalités ou des organisations liées à la scientologie, outre-Quiévrain.
En Belgique, le CIAOSN (Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles) indique avoir aussi reçu plusieurs questionnements et interpellations au sujet de cette campagne. Rappelons qu’il n’existe pas, dans notre pays, de listes ou de registres de «mouvements sectaires» à proprement parler, le principe général étant celui de la liberté de culte et celle de manifester ses opinions, telle qu’inscrite dans la Constitution.
En Belgique toujours, un procès avait marqué les esprits il y a une petite dizaine d’années. Faisant suite à une enquête longue de 18 ans, il visait l’interdiction et la dissolution de l’organisation en Belgique. Les chefs d’inculpation relevaient alors notamment de l’escroquerie, de la pratique illégale de la médecine ou encore du non-respect de la législation sur la vie privée. En mars 2016, en bout de course, les préventions furent jugées irrecevables, empêchant toute interdiction de l’église de scientologie dans le pays.
Quant à la campagne de communication visible ces dernières semaines, il n’y a sur le plan légal rien de problématique en soi, le droit d’exercer du prosélytisme étant un corollaire de la liberté de culte, pour autant qu’il ne dépasse pas les limites de ce droit telles que posées par les autorités. Ces restrictions, indique le CIAOSN, doivent être prévues par des dispositions légales, «justifiées par des buts légitimes – la protection de la sécurité, de l’ordre public, de la santé publique, de la morale ou des libertés et droits fondamentaux d’autrui – et être adéquates, nécessaires et proportionnées par rapport à ces buts».
Mais de manière générale, la prédication est un droit directement lié à celui de la liberté de croyance, comme le confirme d’ailleurs la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’homme (CEDH). Les quelques commentaires étonnées, voire offusqués qui ont été rédigés par des internautes sous les publications sponsorisées de l’église de scientologie n’y changeront pas grand-chose, à vrai dire.
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