Selon l’application de rencontre Tinder, les chances de trouver l’amour en ligne seraient plus importantes lors du «Dating Sunday» (le 5 janvier) en raison d’une affluence massive des utilisateurs. © Getty Images

Le «Dating Sunday», c’est ce dimanche: véritable aubaine pour les célibataires ou coup de comm’ des applis de rencontre?

Elise Legrand
Elise Legrand Journaliste

Après les fêtes de fin d’année, Tinder et Bumble connaissent un véritable regain d’activité. Le premier dimanche de janvier serait d’ailleurs le jour le plus propice à la naissance d’idylles virtuelles. En misant sur ce «Dating Sunday», les applications de rencontre espèrent surtout relancer un modèle économique à bout de souffle.

Si l’amour ne s’est pas glissé sous le sapin de Noël ou sous le gui du Nouvel An, il pourrait bien faire une apparition surprise lors de l’Epiphanie. A en croire les applications de rencontre, le début du mois de janvier serait en effet la période la plus propice pour trouver l’âme sœur en ligne.

Selon Tinder, référence en matière de flirts virtuels, l’activité sur la plateforme connaît son pic annuel le plus important lors du premier dimanche de janvier. Au cours de ce «Dating Sunday», qui tombe le 5 janvier en 2025, le nombre de swipes (NDLR: sélection des profils en glissant vers la gauche ou vers la droite) s’avère 20% plus élevé que durant le reste de l’année. Le nombre de likes augmente en outre de 15%, et les nouvelles conversations de 12%.

Les utilisateurs de Bumble sont également particulièrement actifs durant les premiers jours de l’An neuf. Mais pour l’application rivale de Tinder, c’est plutôt le «Dating Monday» (cette année, le 6 janvier) qui serait l’aubaine à ne pas manquer pour les célibataires. En 2024, l’activité y avait été 40% plus importante que durant les fêtes de fin d’année, et ce, particulièrement en soirée. De manière générale, le lundi entre 21 heures et 22 heures apparaît d’ailleurs comme le créneau le plus plébiscité par les utilisateurs français (aucune donnée existante en Belgique).

La solitude des fêtes

Qu’importe la date exacte, la haute saison des rencontres virtuelles s’étend en réalité sur plusieurs jours, pour se prolonger jusqu’à la Saint-Valentin, affirme encore Tinder. Plusieurs facteurs concommitants peuvent justifier cette période de forte affluence, à commencer par la volonté de changement. Le passage à l’An neuf est généralement synonyme de bonnes résolutions. Pour certains, cela passe par davantage de sociabilisation. «C’est le moment de l’année où on met tout à plat et où on se fixe de nouveaux objectifs, rappelle Martine Clerckx, sociologue et cofondatrice de l’institut stratégique sociétal Wide. Pour les personnes qui souffrent d’isolement, s’inscrire sur une application de rencontre peut être une première étape pour renouer des liens, qu’ils soient amicaux ou amoureux.»

Malgré des célébrations à foison, les fêtes de fin d’année peuvent en outre raviver le sentiment de solitude. Confrontés aux modèles de famille parfaite et de couples soi-disant heureux, les célibataires assis seuls à table ressentent parfois un certain décalage avec les injonctions sociales. Et les sempiternels «Et alors, les amours?» lancés entre le fromage et le dessert ne sont pas de nature à arranger les choses. Sans parler de la tendance virale aux récapitulatifs de l’année sur les réseaux sociaux, où chacun se pavane sous son meilleur jour. Bref, l’étalage du bonheur des uns fait le malheur des autres. «La période des fêtes met en avant les configurations familiales et amoureuses traditionnelles, confirme Martine Clerckx. Pour les célibataires, le besoin de trouver l’amour, ou du moins de se mettre en couple, peut alors se faire ressentir davantage.» Qu’ils soient solos de longue date ou fraîchement séparés (les ruptures sont généralement plus nombreuses après les fêtes, rappelle Tinder), nombreux sont ainsi ceux à (re)télécharger les applis lors du «Dating Sunday».

Dating Sunday: passer l’hiver au chaud

D’autant qu’après la frénésie des réveillons et des orgies culinaires, l’ennui et la routine peuvent rapidement refaire surface. Un retour à la réalité qui peut parfois s’avérer brutal. «Janvier est une période très creuse, note Martine Clerckx. L’année entière est rythmée par des événéments en tous genres, de la rentrée scolaire à Carnaval, en passant par Noël et Halloween. Mais le mois de janvier n’a pas encore fait l’objet d’un véritable concept marketing.» Surtout que l’hiver est parfois synonyme de repli sur soi, contrairement à l’été, plus propice aux sorties et aux rencontres. «Certains célibataires n’ont pas envie « d’hiberner » tout seul, illustre la sociologue. Ils sont donc davantage actifs sur les applis, pour trouver un partenaire pour passer l’hiver au chaud.»

Bien que basés sur des statistiques de fréquentation objectives, l’avènement de ces «Dating Sunday» ou «Dating Monday» témoigne également de la nécessité, pour les applications, de regagner des parts de marché. «Il y a évidemment une part d’exploitation marketing derrière ces concepts», reconnaît Martine Clerckx. De nombreux utilisateurs se détournent aujourd’hui de Tinder et Bumble, lassés des déceptions à répétition sur ces plateformes qui sont devenues des «outils» plutôt que de «véritables espoirs» de rencontres.

Dégringolade boursière

Le dating burnout, le ghosting et le harcèlement ont notamment fait chuter le nombre global de téléchargements des applis de 287 millions en 2020 à 237 millions en 2023, notait un article de The Economist en août dernier. Selon le cabinet d’études Sensor Tower, le nombre d’utilisateurs mensuels de ces plateformes est en outre passé de 154 millions en 2021 à 137 millions au deuxième trimestre de 2024.

Une perte d’intérêt qui se traduit également sur le plan économique. Après une hausse fulgurante durant la pandémie de Covid-19, la valeur boursière des applications de rencontre a dégringolé ces dernières années. L’action de Match Group, propriétaire de Tinder, Meetic et Hinge, a ainsi baissé de 67% en cinq ans, passant de 169 millions de dollars en février à 32,61 millions au 2 janvier 2025, selon l’indice NASDAQ. La chute de Bumble Group (qui détient également Fruitz) est encore plus spectaculaire: de 75,46 millions de dollars en février 2021, l’action est passée à 7,97 millions début janvier 2025 (-89%). Seule l’application Grindr, réservée à la communauté LGBTQIA+, semble tirer son épingle du jeu, avec une valorisation financière en hausse depuis son entrée en bourse en novembre 2022.

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