La Belgique, comme toute l’Europe, changera d’heure le dernier week-end d’octobre. © PHOTOPQR/VOIX DU NORD/MAXPPP

Le changement d’heure arrive: tout ce qu’il faut savoir sur ce sujet plus politique qu’il n’y paraît

Le Vif

Une heure en plus ? Une heure en moins ? Quels sont les impacts du changement d’heure sur notre facture et notre santé ? Les citoyens européens s’étaient pourtant prononcés pour l’abolition de cette pratique, mais les ministres ne se sont pas mis d’accord. Le Vif débrief.

Chaque année, c’est la même rengaine. A l’approche du changement d’heure, les questions sur l’organisation, les raisons et l’impact de ce petit trébuchement du temps refont surface. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le changement d’heure prévu la nuit du 26 au 27 octobre prochain.

Cette nuit-là, les horloges reculeront d’une heure. L’heure d’hiver règnera donc jusqu’au dernier week-end de mars, soit la nuit du samedi 29 au dimanche 30, où l’Europe repassera au GMT+1. La raison de ce changement d’heure est issue du secteur industriel. Dès la XXVIIIe siècle, Benjamin Franklin avait déjà émis l’idée de changer l’heure en fonction des saisons afin d’économiser de l’énergie. A l’époque, l’Europe est sceptique. Puis vient la période des krachs pétroliers, dans les années 1970, et l’industrie du Vieux Continent ne peut plus jouer les gros bras. La Belgique remonte alors ses montres pour la première fois en 1977. L’ensemble des pays européens feront de même à partir de 1980.

Contre-temps en Europe

L’Europe, justement, harmonise la pratique en 2002. Anecdotique pour ses dirigeants, le changement d’heure devient pourtant un sujet prisé par l’industrie et les citoyens. Depuis les années 1970, le paysage industriel a changé. Les usines consomment moins, l’éclairage publique aussi, et les gains deviennent marginaux et les conséquences sur la santé (et même la sécurité routière selon certains) n’en vaudraient plus la peine.

Chez les Européens, le sujet déchaîne pourtant les passions. Une consultation publique est organisée en 2019 et 4,6 millions de personnes y participent. Un record ! Il n’y a pourtant pas de débat endiablé, puisque 84% des consultés se positionnent en faveur de l’abolition du changement d’heure, appuyés par la Comission et le Parlement Européen. Objectif: en finir avec ce sursaut du temps en 2021.

Trois ans après l’échéance, force est de constater que le sujet a souffert des affres du temps. En 2019, les ministres européens en charge des Transports dans leurs pays respectifs ne trouvent pas d’accord. Une majorité d’entre eux étaient en faveur de l’idée, mais une étude d’impact et de faisabilité est demandée. Certains pays (généralement plus au Sud) demandent d’adopter l’heure d’été, alors que d’autres (généralement plus au nord) plaident pour l’heure d’hiver. Entre-temps, la crise sanitaire, les négociations autour du Brexit, la guerre en Ukraine et l’inflation ont occupé tout l’espace politique.

Les médecins préconisent l’heure d’hiver

Si toutefois le dédale législatif européen venait à aboutir, quel serait l’impact sur la santé ? Il est encore complexe de s’appuyer sur des études empiriques démontrant l’impact ou non du fuseau horaire choisi sur la santé des individus. Si l’heure d’été, par les larges créneaux d’ensoleillement qu’elle peut offrir en soirée, favorise le contact social, l’heure d’hiver est plus adaptée à notre horloge biologique. «La lumière du matin rétablit la concordance entre le fonctionnement de l’organisme et le déroulement de la journée», expliquait Chrisitna Schmidt, chercheuse au Centre de chronobiologie du sommeil (ULiège) au Vif en 2023. Or garder l’heure d’été implique que de nombreux Belges se lèveraient bien avant le soleil en hiver. «Plus il y a un décalage important entre l’horloge biologique et l’environnement, plus on voit augmenter par exemple des difficultés à assurer une performance soutenue durant la journée. » La boucle avec la raison économique de Benjamin Franklin est donc bouclée.

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