L’échange de maisons est particulièrement prisé par les familles avec enfants. © Getty Images

Le boom des échanges de maison pour les fêtes: «On voyage léger et on ne paie presque rien»

Quiconque a déjà eu envie de fêter Noël ou le Nouvel An dans une autre ville le sait: en fin d’année, les prix des hôtels et autres B&Bs flambent. Il est toutefois possible de passer les fêtes loin de chez soi sans payer d’hébergement, à condition de laisser d’autres personnes profiter de son logement. L’échange de maisons séduit de plus en plus de Belges… et inquiète l’Horeca.

Lors de ces vacances d’hiver, 3.500 Belges ont opté pour l’échanger de maison afin de passer les fêtes ailleurs. C’est ce qui ressort du bilan de HomeExchange, le leader du marché.

Le concept est simple: loger quelques jours (les séjours de longue durée sont possibles mais moins prisés) chez d’autres utilisateurs qui, pendant ce temps, occupent votre logement. Coût de l’hébergement? 0 euro. Il faut tout de même payer une souscription annuelle (160 euros) pour profiter du portail.

Anne, de Rixensart, est fan. Ce samedi, elle partira avec son mari et leurs trois enfants à Amsterdam, où ils fêteront le passage à l’an neuf. Inscrite depuis trois ans, elle a déjà participé à 16 échanges. «Quand on voyage en famille, c’est difficile de trouver le logement adéquat, explique-t-elle. Les B&Bs sont rarement très spacieux, tandis que les hôtels ne correspondent pas au style de vacances que l’on recherche. Ici, on peut trouver des maisons qui disposent de suffisamment de lits pour tout le monde, tout en étant intéressantes sur le plan financier. Cela permet aussi de voyager léger puisqu’on y trouve tout le nécessaire, y compris des jouets et des livres pour nos enfants ou même des vélos laissés par les propriétaires.»

Lors de son inscription, cette enseignante en Haute Ecole ne pensait pas qu’elle réussirait facilement à trouver des candidats pour séjourner à Rixensart. «Le Brabant Wallon n’est pas le coin le plus prisé, mais sa position centrale reste intéressante.Mais c’est surtout la capacité d’accueil de notre maison qui attire, puisqu’on échange le plus souvent avec des familles à deux ou trois enfants», témoigne-t-elle.

Sans surprise, les villes belges pour lesquelles HomeExchange recense le plus d’échanges sont Gand, Bruxelles et Bruges. La Wallonie grignote toutefois son retard, puisqu’elle a enregistré 140 échanges lors de ces vacances d’hiver, ce qui représente une hausse de 81% sur un an. La Région de Bruxelles-Capitale en compte 277 (+61%), la Flandre 162 (+25%).

Globalement, les utilisateurs belges ne partent pas loin de chez eux. Les trois destinations les plus populaires sont la France, la Belgique et les Pays-Bas. «Le succès est très marqué chez les Belges cette année, mais cela reflète une croissance généralisées dans les pays occidentaux, détaille Sarah Marouzé, responsable presse chez HomeExchange. Depuis le Covid, les gens ont envie de partir plus souvent et l’inflation les pousse à chercher des alternatives plus accessibles. Ils recherchent aussi des expériences plus authentiques et des vacances qui sortent des sentiers battus.»

Si l’échange de maisons fait le bonheur d’un nombre grandissant Belges, il ne réjouit pas tout le monde. A commencer par la Fédération HoReCa Wallonie. «Selon moi, cela s’assimile à de la concurrence déloyale, réagit Emmanuel Didion, son président. Même si on parle d’échanges entre particuliers, il s’agit tout de même d’une transaction commerciale. Or, les intéressés ne paient pas de TVA. Cela représente un manque à gagner pour l’Etat.»

En plus des échanges «réciproques», HomeExchange permet d’héberger des vacanciers sans partir de sa maison. En échange, l’hôte gagne des points, qu’il pourra utiliser pour d’autres échanges «non réciproques» ou donner en compensation à un autre utilisateur dont le logement dispose d’une plus haute valeur que le sien. «Cela existe en théorie mais, personnellement, je n’ai jamais dû payer des points à quelqu’un qui avait une maison plus belle et/ou mieux située que la mienne», précise Anne.

Emmanuel Dion pointe un autre problème: le risque de voir certains se servir de la plate-forme à des fins commerciales. «On l’a vu avec Airbnb, avec des personnes achetant des biens dans le seul but de les louer. En fin de compte, elles retirent un logement du marché immobilier», souligne-t-il. L’ampleur de la pratique est impossible à quantifier, mais Anne indique que la connaissance qui lui a parlé de HomeExchange y propose effectivement une maison qu’elle n’occupe pas, ce qui lui permet d’emmagasiner des points.

Ce type d’hébergement échappe à tous les contrôles en matière de sécurité

Emmanuel Didion

Président de la Fédération HoReCa Wallonie

Du côté d’Ardenne-Etape, leader du marché de la location en Ardenne belge, on se veut moins alarmiste. «Le concept est intéressant et on le tient à l’œil, mais je ne pense pas que l’on doive considérer l’échange de maisons comme un gros concurrent dans l’immédiat, estime Charlotte Frenay, responsable communication. Le manque de contrôle par rapport à des hébergements pour lesquels la législation est beaucoup plus stricte peut toutefois jouer en leur défaveur.» Emmanuel Dion embraie: «Les gîtes et maisons d’hôte reconnus par le Commissariat général au tourisme doivent de remplir des conditions de sécurité, notamment en matière de détecteurs d’incendie et de portes coupe-feu. Ce type d’hébergement échappe à tous ces contrôles.»

Si la plate-forme n’est pas soumise à une telle réglementation, HomeExchange instaure tout de même des garde-fous: vérification de l’adresse et de l’identité de l’utilisateur, prise en charge des dommages matériels jusqu’à un million de dollars et mise en place d’une caution (500 dollars) pour les dommages mineurs.

«Bien sûr, laisser des inconnus occuper sa maison lorsqu’on n’est pas là peut être assez stressant, concède Anne. Mais il y a un système de notation et je n’ai jamais connu le moindre souci jusqu’à présent

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