Mélanie Geelkens

La sacrée paire de Mélanie Geelkens | Ces Occidentaux qui partent s’offrir une femme aux Philippines

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Certains Occidentaux ne visitent pas seulement les Philippines pour ses plages paradisiaques et ses magnifiques rizières: ils ont fait le déplacement pour se trouver une femme. «A l’ancienne», de préférence.

Certains se rendent à Istanbul pour faire disparaître leur calvitie, à Tunis pour s’octroyer une petite liposuccion ou à Tirana pour se faire poser de nouvelles dents. Et d’autres rejoignent les Philippines pour s’offrir… une femme. Il faut les voir, toutes ces tempes grises (1), parfois ces bedons proéminents, se promener à Panglao, Siquijor ou El Nido au bras de jeunes beautés locales.

Oh! ce phénomène n’est guère strictement philippin: il fut également observé en Thaïlande lors d’une précédente escapade asiatique. Et même copieusement observé, tant et si bien que les autorités locales se fendent de larges panneaux publicitaires dans les aéroports, rappelant aux distraits que le tourisme sexuel constitue un délit.

Il faut dire que les Thaïlandaises (les Philippines semblent moins ostentatoires, pour ce qu’il a été possible d’en voir) n’ont, dans certains quartiers de Bangkok, rien de cibles passives. Un Blanc qui entre dans un bar se voit immédiatement entouré d’un essaim de prétendantes. «Ce n’est pas compliqué, racontait à l’époque un Liégeois vivant sur place. Aux chauves, elles susurrent qu’ils ont de beaux cheveux. Aux gros, elles complimentent leurs beaux abdos.» Cet expatrié ajoutait –en des termes moins imagés que les suivants– que les Occidentaux n’avaient que l’embarras du choix pour l’épandage de leur semence, et que la plupart ne laissaient filer aucune opportunité.

Il n’est point ardu de comprendre les raison$ pou$$ant ce$ (trè$) (jeune$) dame$ à courtiser même des messieurs qui, en d’autres terres, sous des cieux moins tropicaux, connaissent probablement une certaine misère sexuelle, pour ne pas écrire une misère sexuelle certaine. Assis au coin d’un bar à cocktails de Panglao, ce quinquagénaire américain raconte qu’il se marie le mois prochain et précise –alors que personne ne l’avait lancé sur le sujet– qu’il a rencontré sa chère et tendre sur Internet et que dès le début de leurs échanges, il fut sommé d’envoyer quelques dollars pour aider sa future belle-famille.

Que d’océans certains seraient prêts à traverser, pour s’accrocher à leurs privilèges.

Ces quelques dollars expliquent pourquoi ces lubriques touristes ne semblent guère honnis par la population. «C’est une bonne chose: ils investissent dans l’économie», indique Lemuel, Philippin de 27 ans. Construction de maisons, de bars, de magasins, d’hôtels… qu’ils financeront peut-être à 100% mais qu’ils ne détiendront jamais totalement (aux Philippines, les étrangers peuvent posséder un bien immobilier, pas le terrain sur lequel il est bâti).

Une énième variation de l’équation sexe contre deniers? Pas exactement. Car ces Occidentaux ne cherchent pas uniquement la luxure. «Ils viennent chercher une femme philippine», assure Lemuel aussi naturellement que s’il exposait que la Terre est ronde et que l’eau mouille. C’est-à-dire? «Une femme gentille, serviable, douce, accueillante, qui préparera les repas, fera le ménage, s’occupera d’eux…»

Bref, une boniche (une esclave?). Une femme «à l’ancienne», à la cuisine ou au lit, en somme. Qui ne leur cassera certainement pas les oreilles avec le féminisme et l’égalité des genres. Que d’océans certains seraient prêts à traverser, pour s’accrocher à leurs privilèges et au monde d’avant…

(1) L’honnêteté intellectuelle impose de préciser que des tempes encore colorées semblent voyager dans le même but.

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