La natalité est-elle quand même utile pour sauver la planète?
Aux écologistes qui appellent à ne plus procréer, Frédéric Spinhirny et Nathanaël Wallenhorst opposent la faculté d’agir que porte un enfant pour la société.
Se garder de faire des enfants est une recommandation et un engagement que des écologistes formulent comme piste pour préserver l’environnement de la planète, menacé par le dérèglement climatique et les atteintes à la biodiversité. Le raisonnement paraît, de prime abord, logique: réduire le nombre de consommateurs des ressources de la Terre devrait contribuer à sa survie. Mauvais calcul, rétorquent le philosophe et directeur d’hôpital Frédéric Spinhirny et le docteur en sciences de l’environnement et professeur à l’université catholique de l’Ouest (Angers, France) Nathanaël Wallenhorst dans leur essai Vous voulez sauver la planète? Faites des gosses! (1). Au fondement de leur réflexion, figure la «générativité sociale», «une pratique visant à renforcer le lien social et à augmenter notre pouvoir de commencer une action susceptible de modifier la marche des choses». La natalité assure la faculté d’agir. A contrario, l’injonction à ne plus faire d’enfants traduit, selon les auteurs, une vision défaitiste de l’avenir du monde.
L’injonction à ne plus faire d’enfants traduit, une vision défaitiste de l’avenir du monde.
Frédéric Spinhirny et Nathanaël Wallenhorst avancent cinq arguments pour convaincre les éco- logistes radicaux de renoncer à leur mantra. «L’augmentation de la population mondiale est problématique mais elle n’est pas la cause première et principale de l’effondrement des écosystèmes et de l’emballement climatique.» Le lien entre les incertitudes actuelles et la responsabilité des enfants à venir n’est pas établi. La diffusion des récits pessimistes commence à prendre corps dans les pratiques sociales. La position des tenants de non-parentalité risque de déboucher sur un nihilisme plus grand encore que la crise climatique. Et en renforçant l’individualisme, elle encourage le renoncement à la politique, ce dont profitera le pouvoir économique.
«Il nous paraît plus pertinent de remettre en cause les contraintes économiques et sociales artificielles que nous avons bâties depuis près de deux siècles et qui ont produit ce monde invivable», ajoutent les auteurs. Ils voient donc «l’ennemi» dans «l’économie hégémonique et injuste» et pas dans l’enfant à naître. Ils soulignent aussi qu’une baisse de la natalité a de toute façon commencé à l’échelle mondiale. Ce rappel implicite de l’importance de la natalité pour l’environnement indique, en creux, que leur théorie de la procréation porteuse d’un avenir meilleur, aussi séduisante soit-elle, est un pari incertain.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici