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Journée mondiale de l’Hypersensibilité: une société plus sensible aux hypersensibles

Anouche Nicogossian

Le 13 janvier est consacré depuis 2019 Journée mondiale de l’Hypersensibilité. Instaurée par le psychanalyste franco-suisse Saverio Tomasella, cette journée rend compte indéniablement du besoin d’identification des personnes concernées. Effet de mode ou véritable évolution sociologique, l’hypersensibilité semble à tout le moins concerner davantage la population.

A l’hypersensibilité s’associe l’intensité : des émotions, des pensées, des sensations, de l’empathie. “Une personne hypersensible est, par définition, plus sensible à certaines situations, subtilités et réagit à certains stimuli avec plus d’intensité que la majorité de la population”, définit Marie Tilleux, psychologue clinicienne spécialisée dans le haut-potentiel et l’hypersensibilité. 

La proportion des personnes hypersensibles est estimée entre 15 à 20% de la population mondiale. Certains chercheurs parlent même de 30%. Pour Marie Tilleux, l’évolution réside moins dans les chiffres que dans la parole. “Si l’on a aujourd’hui l’impression qu’il y a plus de personnes hypersensibles qu’avant, c’est parce que nous en parlons davantage. Il y a plus de livres disponibles, les médias et les réseaux sociaux abordent également le sujet”, analyse-t-elle.

La société au service de l’hypersensibilité

La disponibilité croissante de l’information sur le sujet permet aux personnes de s’identifier à cette hypersensibilité et de poser des mots sur des ressentis qu’elles ne pouvaient jusqu’ici pas expliquer. Se pose alors la question d’un potentiel effet de mode, à en voir les nombreux tests d’hypersensibilité et témoignages qui prolifèrent depuis. Mais, selon la psychologue, il s’agit plutôt d’une évolution sociologique. “Nous sommes désormais dans une société qui donne de plus en plus de place à l’individu, à sa personnalité et qui favorise progressivement l’expression de ses émotions. Les personnes s’autorisent à en discuter. Avant, l’hypersensibilité n’était pas un sujet que l’on abordait. Le concept n’est d’ailleurs apparu que très récemment en psychologie”, développe-t-elle. C’est avec les travaux de la psychologue américaine Elaine Aron, débutés en 1991, que le terme “hypersensibilité” fait son apparition.

L’auto-diagnostic pour mieux se faire aider

Cette publicisation du concept a permis une forme d’auto-diagnostic (bien que l’hypersensibilité ne soit pas une maladie), basé sur des lectures ou des tests. En découle alors un nombre plus important de patients désireux d’aborder cette partie de leur personnalité.

Les tests utilisés par les psychologues sont avant tout qualitatifs et se retrouvent facilement sur Internet. Ils se basent sur une vingtaine de questions auxquelles il faut répondre par “oui” ou par “non”. Une fois un certain nombre de “oui” atteints, la personne peut se dire “hypersensible”. “Le plus important n’est pas tant le résultat : une personne hypersensible peut très bien ne pas avoir le nombre de “oui” requis pour se définir comme telle et pour autant se sentir hypersensible, et inversement. Nous nous basons toujours sur ce que ressent le patient avant tout”, explique Marie Tilleux. 

Cet auto-diagnostic, la psychologue le voit d’un bon oeil : “S’auto-diagnostiquer n’a pas d’incidence particulière si ce n’est que la personne se donne l’occasion d’être aidée à mieux gérer ses émotions et à mieux vivre avec elle-même.” Elle encourage néanmoins à bien distinguer hypersensibilité, sensiblerie, haut-potentiel et même, haut-potentiel émotionnel, des notions proches, à la frontière parfois poreuse

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