Traité de Rome: les Six ont signé un traité en blanc en 1957
Les six pays fondateurs des Communautés européennes ont signé des pages blanches en apposant leur paraphe au Traité de Rome en 1957, a raconté à l’AFP un des journalistes présents lors de cet événement.
David Willey, ajors jeune journaliste âgé de 24 ans, est envoyé par l’agence de presse Reuters pour couvrir l' »événement » qui ne semble guère en être un pour la presse britannique.
« J’étais le plus jeune dans le bureau et à Reuters », la signature de ce traité « n’était pas considérée comme une grosse histoire », explique David Willey, aujourd’hui à la retraite après avoir été correspondant à Rome pour la BBC pendant plus de 35 ans.
La Grande-Bretagne n’étant pas partie prenante au Traité instituant la Communauté économique européenne (CEE) ni à celui créant la Communauté de l’énergie atomique (Euratom), les journaux britanniques sont restés plutôt discrets.
Le Times de Londres « n’y a consacré qu’un tiers de colonne », se rappelle David Willey en montrant une copie de cet article.
Mais peut-être avaient-ils une bonne raison de ne guère s’y intéresser, puisque les six pays fondateurs de la CEE (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) n’ont finalement signé qu’un traité « en blanc ».
Ebauches à la poubelle
« Ce qui est plutôt amusant c’est que nous avons réalisé après que le Traité de Rome était en fait rempli de pages blanches, parce qu’il avait dû être préparé à la hâte et que l’organisation italienne n’étant pas parfaite, ils ont été contraints de remplir les blancs après » la signature, précise le journaliste à l’AFP.
L’anecdote est confirmée par des sources officielles européennes.
« Seules la première et la dernière page des deux gros volumes ont pu être imprimées à temps. Entre ces deux pages, rien que des pages blanches », affirme ainsi Albert Breuer, un des responsables de la logistique de l’événement en 1957, sur le site officiel de l’Union européenne.
Et ce n’est pas seulement la faute des organisateurs italiens, selon cet ancien fonctionnaire. Les Suisses ont également apporté leur contribution en bloquant le train qui devait acheminer les documents de Bruxelles à Rome. Et comble de malchance, le personnel d’entretien de la salle où ont ensuite travaillé les experts a jeté une grande partie des ébauches du traité à la poubelle !
L’événement est néanmoins resté gravé dans la mémoire de David Willey, alors qu’il déambule dans la grande salle des Horaces et des Curiaces, qui domine toujours la place du Capitole à Rome et où se retrouveront samedi les 27, 60 ans après l’évènement.
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