Les perles d’une caviste (1/7) : « Z’avez du rosé pamplemousse en BIB ? Non, ben mettez m’en en bouteilles alors »
Les cavistes, ça en entend des belles, tous les jours. Sandrine Goeyvaerts les recense dans un livre. Et nous sert des inédites.
BIB, pour bag-in-box, la déclinaison moderne du cubi d’antan, ou de la caisse-outre pour les Québécois. Il a plutôt mauvaise réputation, notre BIB, ce qui est bien dommage : en soi, le contenant n’est pas criminel, c’est ce qu’on met dedans qui peut l’être. En effet, il a longtemps été dévolu aux picrates innommables, alignés en rangs de pelures d’oignons, sous les néons des linéaires de supermarché. Halte-là ! Le BIB a depuis fait sa révolution, et on peut y trouver des vins plutôt fruités et plaisants, à boire rapidement – car le contenant n’a pas vocation à faire vieillir le vin – et même, mais cela relève beaucoup du marketing, des grandes AOP. Ecologique, pratique, déclinable en deux, trois, cinq ou dix litres, il est l’ami des grandes tablées et autres réunions de famille.
Est-ce une raison pour y mettre du rosé-pamplemousse ? Je ne crois pas, non : les vins aromatisés ne sont qu’une déclinaison moderne des hypocras d’antan – un mélange de vin, de sucre et de plantes, herbes, fleurs ou fruits, parfois aux vertus médicinales – et autres » cocktails » à base de vin. Ce qui a changé, c’est cette version prête-à-boire, souvent dopée aux colorants, arômes et conservateurs avec des combinaisons de goût presque infinies. Vin blanc-pêche ou fruit de la passion, rouge-cola ou spéculoos, vin bleu, infusé à la marijuana, aux magnolias (laissons donc Claude François tranquille ! ), avec des bulles ou non, tout existe ou existera.
Sans condamner totalement ces boissons à base de vin – sachez tout de même qu’au-dessus de votre épaule, je jette un regard désapprobateur – préférez leurs versions home made. Certaines régions ont leur vin aromatisé : dans le sud-ouest de la France, on mêle de la liqueur de noix aux vins rouges, du pousse-rapière (une liqueur à base d’orange et d’armagnac) aux blancs. En Bourgogne, c’est bien entendu la crème de cassis qui vient parfumer l’aligoté : le kir ! L’incontournable spritz italien est devenu un classique (amer et prosecco), mais connaissez-vous le tinto de verano espagnol, composé de vin rouge, limonade et glace ? Fier de votre belgitude ? Filez un coup de sirop de sureau à un vin blanc sec.
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