La « lamentable » restauration d’un château mauresque suscite le désarroi (VIDEO)
La restauration d’un château mauresque dans la ville de Cadix dans le sud de l’Espagne provoque le désarroi des locaux et des défenseurs du patrimoine et l’hilarité des touristes.
El Castillo de Matrera, le château de Matrera construit au 9ème siècle, a subi les assauts des Maures et des chrétiens pendant des siècles. En 2013, la tour médiévale était menacée de destruction après de fortes pluies. Erigé au rang de monument national en 1949, les restes de cet édifice impressionnant sont tombés aujourd’hui dans les mains d’une société privée de construction et ont échappé aux experts en archéologie. L’idée derrière la restauration récente du château était de redonner à sa tour sa grandeur et sa forme d’antan avec des matériaux bruts contemporains afin de protéger ses murs abimés par les attaques successives à travers les âges.
Mais résultat final déplaît fortement aux locaux, rapporte La Vanguardia, ce jeudi 10 mars. Le résultat se révèle effarant pour les amateurs d’histoire, hilarant pour les visiteurs moins sensibles. Sur les réseaux sociaux, les commentaires sur cet avant-après surprenant abondent. Une « honte » clament les uns, un « désastre » estiment les autres. « Ils ont fait de la construction, pas de la restauration, est d’avis un habitant de Villarmatin, interrogé par la chaîne espagnole La Sexta. Ils ont foutu [la tour] en l’air ! »
« Ils ont foutu [la tour] en l’air ! »
Hispania Nostra, une association chargée de préserver le patrimoine culturel espagnol, n’y va pas par quatre chemins, évoquant un « désastre » sur son site.« « Cette restauration est lamentable et a profondément choqué les habitants et les touristes », a aussi expliqué le groupe au Guardian. Des étrangers nous ont écrit pour dire qu’il ne comprennent pas cette folie, qu’ils décrivent aussi comme un ‘massacre du patrimoine’. Et ils ont raison. » Elle ajoute: « Il n’y a pas de mots pour décrire cette abomination ».
Selon Carlos Quevedo Rojas, l’architecte du projet, ce n’était pas le but de restaurer le bâtiment, mais bien de le protéger contre les dégradations et de préserver les ruines dans leur forme d’origine. Il affirme avoir simplement respecté les consignes données par les propriétaires du château. « Il fallait consolider les éléments fragilisés, différencier la structure d’origine des nouveaux éléments – ce qui est imposé par la loi – et redonner sa forme d’origine à la tour », se défend-il au Guardian.
Cette restauration que beaucoup considèrent comme ratée vient s’ajouter au scandale du « Christ défiguré » , un portrait centenaire réalisé sur le mur d’une petite église de Borja dans le nord de l’Espagne, qui avait été restauré avec les moyens du bord de façon désastreuse par une dame de plus de 80 ans.
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