« Je crois que votre vin, là, il a des gaz : j’ai pas signé pour ça ! »
Les cavistes, ça en entend des belles, tous les jours. Sandrine Goeyvaerts les recense dans un livre. Et nous sert des inédites.
Avoir des gaz est tout à fait naturel, cela arrive même aux mieux embouchés. Il est surprenant, c’est vrai, quand on achète un vin non muselé, bouché somme toute de façon traditionnelle et vendu comme un » vin tranquille « , de le sentir frisouiller sur la langue. Tant qu’il ne pétarade pas et qu’il ne sent pas mauvais ! Si c’est le cas, faites-le échanger, une refermentation malvenue peut être en cause. Sinon, pas de panique, s’il vous plaît.
Voici l’explication : lors du processus chimique de la fermentation, le sucre se transforme en alcool, c’est connu mais saviez-vous que la levure pète ? Ce micro-organisme basique se lâche en gaz carbonique, et pas qu’un peu ! C’est d’ailleurs le secret des effervescents tels que les pétillants naturels : enfermer le jus gorgé de sucres, blindé de levures, dans une bouteille sans rien pour les inhiber et laisser la magie opérer. Bam ! Champagne… Enfin, façon de parler. Le jus est devenu – grâce à la fermentation et au dégagement de CO2 resté prisonnier – un vin pétillant. Pour le champagne proprement dit, on aime à se compliquer un peu la chose : c’est un vin, non un jus, qui subit une seconde fermentation en bouteille grâce à un coup de pouce sous forme d’ajouts de sucres et de levures…
Revenons à la question sur notre tranquille pas si serein : quand le vin a fini de fermenter, normalement une bonne partie du gaz s’échappe. Si à la fin de l’élevage lors de la mise en bouteille, il en reste, le vigneron peut dégazer (oui, c’est ce que vous croyez). Ou pas ! En effet, sur certains pifs, et pour peu que ce soit léger, une bulle très fine peut donner un sérieux kick, et amener une impression de fraîcheur. Autre avantage, un peu de gaz dissous aide à conserver les vins peu ou pas sulfités, de façon tout à fait naturelle. Vous n’aimez pas ça ? Jouez-la so chic, en mettant le vin en carafe, ou paresseux en laissant la bouteille ouverte : les bulles s’évaporeront d’elles-mêmes. Pas envie de chipoter ? Bouteille ouverte, le pouce sur le goulot, et secouez ! Attention, ça risque de faire pschitt et même de mousser. Dans tous les cas, buvez comme vous aimez !
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