Elle réclame ses données à Tinder, ils lui renvoient 800 pages
Une journaliste française, adepte de l’application de rencontre depuis 2013, a eu l’idée de demander à Tinder toutes ses données personnelles collectées par l’entreprise américaine.
L’histoire est tout à fait rocambolesque. Et pose question. La journaliste parisienne Judith Duportail explique dans un article du Guardian avoir demandé à l’entreprise américaine Tinder de lui envoyer toutes ses données personnelles, et ce depuis qu’elle utilise l’application de rencontre, soit décembre 2013.
Sa surprise fut totale quand elle reçut comme réponse pas moins de 800 pages de données, notamment des photos postées sur Instagram (même après avoir désactivé les comptes « associés »), des « likes » sur Facebook, le nombre de fois qu’elle s’est connectée, le genre d’hommes qui l’intéressent ou encore les lieux et dates de toutes les conversations qu’elle a pu avoir. « En lisant les 1700 messages que j’avais envoyés depuis 2013, j’ai plongé dans mes espoirs, mes peurs, mes préférences sexuelles et dans mes secrets les plus enfouis ». Terrifiant.
« L’application me connaît mieux que je me connais moi-même, mais toutes ces informations ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Et si mes données étaient hackées, ou encore vendues ? », s’inquiète la journaliste.
Judith Duportail explique que si elle est concernée, il doit bien évidemment en être de même avec les 50 millions d’utilisateurs du réseau. Elle décide en mars de contacter la société pour recevoir ses données. Elle explique que tout un chacun peut le faire grâce à la directive européenne de protections des données. Pour l’aider dans sa tâche, elle s’est entourée de l’activiste Paul-Olivier Dehaye et d’un avocat spécialiste des droits de l’homme, Ravi Naik.
« Facebook a des milliers de pages sur vous! »
Interrogé par la journaliste, Olivier Keyes, un « data scientist » de l’Université de Washington, se dit horrifié mais absolument pas surpris de cette masse de données. « Toutes les applications qu’on utilise régulièrement en possèdent autant. Facebook a des milliers de pages sur vous ! »
« Tinder sait à quelle fréquence vous vous connectez et à quels moments, le pourcentage d’hommes blancs, noirs ou asiatiques avec qui vous avez « matchés », quel genre de personnes sont intéressées par votre profil, quels mots vous utilisez le plus, combien de temps les gens passent sur votre photo de profil avant de vous « swiper » », explique Alessandro Acquisti, professeur à l’Université Carnegie Mellon. « Les données personnelles sont l’essence de l’économie. Les données des clients sont évidemment utilisées à des fins commerciales « . Tinder le mentionne clairement dans sa politique interne. L’entreprise américaine stipule ceci : « Ne vous attendez pas à ce que vos informations personnelles, vos conversations ou tout autre communication restent toujours sécurisées ».
« En tant que « millennial classique », constamment accrochée à mon téléphone, ma vie virtuelle a complètement fusionné avec ma vie réelle. Il n’y a plus de différence. Tinder est le moyen qui me fait rencontrer des gens, c’est ma réalité. C’est une réalité qui est constamment « fabriquée » par les autres – mais bonne chance pour découvrir comment », conclut la journaliste.
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