alcool au volant
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« Il y a en Belgique une acceptation sociale trop élevée de l’alcool au volant, plus que chez nos voisins »

Celine Bouckaert Journaliste au Vif
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

Déclinée en spot vidéo et en affiches, la nouvelle campagne hivernale Bob a été dévoilée en présence des ministres de la Mobilité Georges Gilkinet et de l’Intérieur Annelies Verlinden. La sensibilisation demeure nécessaire: la conduite sous l’emprise de l’alcool repart à la hausse en même temps que la pandémie de coronavirus se tasse.

Au cours des neuf premiers mois de l’année, 3.138 accidents de circulation ont trouvé leur source dans une consommation excessive d’alcool. C’est plus que pour toute l’année 2020 (2.922) et qu’en 2021 sur la même période (2.489), marquées par des restrictions de circulation et des confinements en raison de la crise sanitaire. En outre, 22.779 personnes ont été contrôlées positives à l’alcool entre janvier et juin derniers, soit 126 par jour.

11% des Belges tentent d’éviter les contrôles

A cet égard, une enquête récente de Vias révèle que 11% des Belges tentent d’éviter les contrôles d’alcool à l’aide d’une application voire d’un avertisseur de radars. Ce chiffre cache une grande disparité régionale: par  rapport  aux  Flamands  (7%),  les  Wallons  (16%)  et  les Bruxellois (21%) sont respectivement 2 et 3 fois plus nombreux à essayer de passer à travers les mailles du filet.

« La Belgique ne peut pas être fière de ces résultats », estime le ministre de la Mobilité. « Il y a chaque année, chaque jour, beaucoup trop de victimes de la route: des décès et des blessés graves. » Pour réduire leur nombre, « nous devons mobiliser tous les moyens », alors que « la consommation d’alcool est la cause de 25% des accidents de la route », souligne le ministre. À ce propos, celui-ci voit d’un bon œil l’introduction en Belgique du permis à points, déjà instauré chez nos voisins français notamment. « Nous y travaillons mais, pour y arriver, il faut être d’accord à sept au sein du kern. »

La ministre de l’Intérieur s’est elle aussi montrée favorable à une telle mesure, additionnelle. « Nous devons continuer à sensibiliser et contrôler. La police ne dresse pas des amendes pour le plaisir. Nous espérons fêter la nouvelle année dans les meilleures conditions possibles. »

Face à un conducteur imbibé, la moitié des personnes ramène leur ami pour s’assurer de sa sécurité, un tiers tente de trouver une autre solution pour éviter que celui-ci ne prenne le volant, 13% font une remarque sans trop oser intervenir et 3% ne disent rien, selon l’Institut de sécurité routière Vias, qui a interrogé un millier de personnes dans une nouvelle étude. Lorsque la personne qui a trop bu est un inconnu, la moitié n’intervient pas du tout ou se contente d’une simple remarque. « Pourtant,  que  la  personne  ayant  trop  bu  soit  ou  non  une connaissance ne change rien: les conséquences de ses actes peuvent être aussi graves », souligne Vias.

Une acceptation sociale trop élevée

« Il y a en Belgique une acceptation sociale trop élevée de l’alcool au volant, plus que chez nos voisins », poursuit le ministre de la Mobilité. De plus, « bien que les conducteurs soient conscients des risques, ils sous-estiment la baisse d’attention et le ralentissement des réflexes que la consommation d’alcool engendre », abonde sa collègue Annelies Verlinden.

Les conducteurs belges boivent surtout lors de visites amicales (32%) ou de fêtes familles (mariages, communions) (31%).  « Là où le bât blesse, ce sont les nuits en semaine. En particulier celles de jeudi à vendredi, car les gens savent qu’il y a moins de contrôles. On a également demandé aux conducteurs dans quelle situation ils sont tentés de conduire en ayant bu et, le plus souvent, c’est lors d’une visite chez un ami, suivie de fêtes de famille. On constate de grandes différences entre les régions. En Wallonie, c’est plutôt les fêtes familiales qui arrivent en premier lieu avant le diner chez les amis. Et deux fois plus de Wallons que de Flamands déclarent prendre le volant après avoir bu dans un endroit où ils font du sport », explique Benoit Godard, porte-parole de Vias.

Pour sensibiliser les usagers de tous bords (les vélos étant également soumis à la limitation de consommation d’alcool), la campagne Bob sera déclinée sur les réseaux sociaux et dans l’espace public dès ce vendredi et jusqu’à la fin du mois de janvier.

Dès ce 25 novembre, les contrôles d’alcool sont renforcés. Tant pendant la Coupe du monde que pendant toute la période de fin d’année, les conducteurs doivent s’attendre à des contrôles à tout moment de la journée et en tout lieu.

La campagne Bob est une initiative de l’Institut de la sécurité routière Vias. Bob désigne la personne qui ne boit pas et reconduit ses compagnons alcoolisés chez eux. Les campagnes de sensibilisation sont financées par les Brasseurs Belges et Assuralia, l’Union professionnelle des entreprises d’assurances. « Depuis 1995, l’asbl Brasseurs Belges est cofondatrice – et partenaire fidèle – de BOB en raison de son engagement social selon lequel alcool et conduite ne font pas bon ménage« , explique Krishan Maudgal, directeur de l’asbl Brasseurs Belges. (Avec Belga)

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