Le Covid a-t-il provoqué une épidémie de divorces? (factcheck)
2020 avait été une année particulière pour les mariages et les divorces. 2021 l’est également. Même si leur nombre a augmenté, ils n’atteignent pas les chiffres de 2019.
On la craignait, mais elle n’a finalement pas eu lieu, cette vague de divorces post-confinement. Après avoir vécu la totalité de leurs journées ensemble, de nombreux couples savent encore voir leur partenaire en peinture. Ou peut-être n’ont-ils plus le choix? Les divorces ont connu une légère hausse en 2021, avec 22.156 relations dissoutes, ressort-il ce mardi des chiffres publiés par l’office belge de statistique (Statbel). Mais le nombre reste inférieur à celui référencé en 2019, qui s’élevait à 22.435. Par ailleurs, 9.869 cohabitations légales ont pris fin l’an dernier par déclaration de commun accord ou déclaration unilatérale. Un chiffre plus élevé qu’en 2020 mais toujours inférieur à 2019, malgré la crise sanitaire.
Selon Delphine Lamarque, avocate au barreau de Bruxelles et médiatrice en droit de la famille, deux enseignements ressortent de ces chiffres.
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Premièrement, un effet confinement. « Beaucoup de couples se sont précipités chez nous après le premier lockdown pour prendre des renseignements. Le fait de passer la totalité de son temps ensemble a créé un effet de cocote minute qui explose. Mais cela a été un effet assez ponctuel lié aux circonstances. Dans de nombreux cas, les choses se sont apaisées et résorbées d’elles-mêmes. Il y a eu un effet sur le long terme beaucoup moins volumineux qu’annoncé. Il y a aussi des doubles vies ou des amants qui se sont révélés au grand jour. Là, la situation est différente. » A l’époque l’avocate a aussi été confrontée à des parents qui ne se battaient pas pour avoir les enfants la majorité du temps mais pour que l’autre bien. Un effet ponctuel, à nouveau.
Plus ancré, selon Delphine Lamarque: l’effet de la crise économique et énergétique actuelle, qu’elle perçoit directement chez les gens venant lui demander conseil. Selon elle, les divorces ne sont pas près de réaugmenter fortement. « Après le Covid, on a assez vite enchainé avec la crise de l’énergie. Ses effets économiques se ressentent sur les couples et sur leurs perspectives. On ressent clairement une angoisse par rapport au pouvoir d’achat. Quand un couple se sépare, cela implique de ne plus partager un logement mais d’en payer deux avec toutes les charges qui y sont liées. Et il y a de nombreux couples qui ne séparent pas parce qu’ils n’en ont pas les moyens. On le ressent quand les gens viennent nous consulter. » En plus des doubles charges, les frais de la procédure jouent aussi. « Les gens viennent pour avoir des infos mais veulent éviter à tout prix une procédure coûteuse » continue l’avocate. « Les questions financières sont prioritaires. On vient nous consulter pour avoir des informations sur les gardes, les pensions ou les contributions alimentaires puis les gens s’arrangent entre-eux. Avant, ils venaient déposer tout directement chez nous. On voit vraiment une différence. »
Outre les procédures judiciaires, la médiation peut-être une solution. « C’est aussi plus dans l’air du temps. Et si on arrive à trouver un accord, cela coûte globalement moins cher. » Une procédure à l’amiable est également possible. L’avocate met cependant en garde contre ses effets pervers. « Il n’y a rien de plus contraignant qu’un jugement d’accord. Une fois que les parties se sont arrangées, c’est presque irréversible, sauf changement de situation. Il n’y a pas d’appel possible. »
Une augmentation des mariages
Malgré tout, 3,5% des Belges se sont encore mariés l’an dernier. En tout, 40.836 couples se sont dits « oui » en 2021 contre 32.779 en 2020, année frappée par la crise sanitaire. Une hausse de 25% mais un nombre qui reste toutefois inférieur aux 44.270 célébrations enregistrées en 2019. Cela peut s’expliquer par les mesures encore en vigueur l’an dernier. Parmi toutes ces célébrations, 1.087 l’ont été entre partenaires du même sexe sur l’ensemble du pays.
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A côté des mariages, 37.768 Belges sont devenus cohabitaux légaux en 2021. Il s’agit d’une légère hausse de 4% par rapport à 2020, mais cela reste bien en deçà du niveau de 2019 (40.801). Il y a eu relativement plus de couples mettant fin à leur cohabitation légale (+12%), mais là encore, cela reste bien en dessous du niveau de 2019.
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