Joseph Ndwaniye
Est-il encore possible de préserver la magie des fêtes de fin d’année? (chronique)
Est-il encore possible de préserver la magie des fêtes de fin d’année? Elles sont annoncées partout et de plus en plus tôt.
Le rush commence par Halloween. D’origine celtique, cette tradition nous est venue des Etats-Unis durant la dernière décennie du siècle passé. Les rayons des grands magasins sont envahis dès octobre par une cohorte de personnages macabres qui décoreront rues et maisons. Les citrouilles, matière à sculptures grimaçantes, débordent du rayon légumes. Au début, plutôt interloqué, j’ai appris à me prêter au jeu. J’ouvre la porte, d’un air le plus effrayé possible face à cette horde de petits êtres maléfiques qui voudraient nous terroriser. Et pour éviter le sort, j’offre de bon cœur les bonbons réclamés pour la joie de mes jeunes voisins méconnaissables.
A peine remis de nos peurs, voici que le Black Friday prend la relève. Cette journée de soldes massifs trouve sa place dans le calendrier le lendemain de la fête de Thanksgiving, elle aussi originaire des Etats-Unis et instaurée par les premiers colons du Nouveau Monde. D’une journée de gratitude et de partage, on bascule dans le consumérisme endiablé.
Les traditions européennes ne sont pas en reste. C’est au tour des publicités pour la Saint-Nicolas d’envahir les boîtes aux lettres. Célébré le 6 décembre, le grand saint arpente des semaines à l’avance les allées des centres commerciaux, après quoi il s’installe sur son trône à l’entrée des magasins pour recueillir les vœux des enfants mi-effrayés mi-émerveillés, sous l’œil attendri des parents… et du photographe professionnel de service. De plus en plus sophistiqués, les cadeaux du patron des enfants sages risquent pourtant d’être délaissés au profit d’une simple boîte que leur imagination transformera en carrosse ou vaisseau intergalactique. Prenons garde de leur laisser développer cette richesse. Traditionnellement, il est accompagné du père Fouettard, chargé, lui, de punir les enfants désobéissants. Personnage folklorique à la peau noire, certains réclament sa disparition. Il pourrait laisser une trace négative dans l’imaginaire des enfants.
N’oublions pas de garder la magie de nos traditions mais aussi de nous laisser enchanter par la diversité.
Et voici qu’aussitôt déboule le père Noël qui, marketing oblige, est sponsorisé par une célèbre boisson d’outre-Atlantique. On ne voit plus que bonnets rouges et barbes blanches, sapins, boules et guirlandes lumineuses. Je n’ai pas grandi avec cette tradition mais je me la suis rapidement appropriée. Si on ne se laisse pas subjuguer par les offres commerciales, c’est si bon de partager des cadeaux et de se laisser envahir par l’espoir que représente la naissance de l’enfant qui est à l’origine de cette fête chrétienne! A Bruxelles, c’est si bon aussi de se laisser aller à contempler les lumières et à partager les moments chaleureux proposés par les Plaisirs d’hiver qui, pour leur 23e édition, mettent à l’honneur les communautés autochtones du Québec.
Ce sont elles qui ont décoré le traditionnel sapin de Noël dressé au centre de la Grand-Place et réalisé le spectacle son et lumière qui invite à découvrir le symbolisme et les récits de ces peuples. Ils ont apporté dans leurs bagages un shaputuan, tente traditionnelle dans laquelle on découvre ce qu’est le pow-wow, rassemblement des nations autochtones. On en ressort ébloui par la richesse des danses, chants, produits culinaires et artisanaux… N’oublions pas de garder la magie de nos traditions mais aussi de nous laisser enchanter par la diversité. Déjà nous attendent l’Epiphanie, la chandeleur, la Saint-Valentin…
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