Une solution contre la fonte de l’Antarctique ouest? Des canons à neige!
Comment contrer le dégel de l’Antarctique occidental et la hausse du niveau des océans? Pomper l’eau issue de la fonte des glaces pour la rejeter sur la calotte glaciaire grâce à des canons à neige, suggère une étude parue mercredi.
Cette zone de l’Antarctique contient suffisamment d’eau gelée pour faire monter le niveau des océans de la planète d’environ six mètres. Une simple hausse d’un mètre obligerait 190 millions de personnes à fuir de chez elles et une augmentation de trois mètres mettrait en péril des mégalopoles comme New York, Shanghai et Tokyo.
Les scientifiques craignent en particulier que les glaciers de Pine Island et de Thwaites – qui renferment assez de glace pour élever le niveau des mers de trois mètres -, aient atteint un point de non retour où ils continueraient à fondre, quels que soient les efforts menés contre les émissions de gaz à effet de serre.
Alors que limiter le réchauffement climatique pourrait ne pas suffire à éviter les catastrophes, différentes pistes technologiques, souvent réunies sous le terme de géo-ingénierie, sont envisagées. Mais peu d’entre elles concernent le problème de l’élévation du niveau des océans.
Des chercheurs du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) ont donc imaginé cette solution de pompage de la glace fondue pour la projeter sur la calotte glaciaire.
« C’est une chose terrible à faire, il n’y a pas de doute à ce sujet, et nous ne suggérons pas de le faire à tout prix », explique Anders Levermann, physicien au PIK et auteur principal de l’étude parue dans Science Advances.
« Mais tous les modèles montrent que si nous nous en tenons au réchauffement de 2°C de l’Accord de Paris, nous aurons finalement une hausse de cinq mètres du niveau de la mer, voire plus », a-t-il dit à l’AFP.
Pour stabiliser les glaciers, il faudrait au moins 7.400 milliards de tonnes de neige.
Anders Levermann insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une hypothèse et que toute mesure de cette nature devrait s’accompagner d’une réduction radicale des émissions de gaz à effet de serre pour avoir une chance de réussir.
Le système pourrait être alimenté par 12.000 éoliennes et comprendre des centaines de canons à neige pour pulvériser de la poudreuse sur une zone de la taille du Costa Rica.
Une telle infrastructure, dont le coût n’est pas chiffré, nécessiterait « quelque chose ressemblant à une station lunaire en Antarctique », a estimé Anders Levermann.
Des solutions imaginées par le passé pour parer la fonte de l’Antarctique ouest incluaient l’édification de quatre colonnes sous-marines hautes de 300 m pour retenir le glacier ou un mur haut de 50 à 100 m et long de 80 à 120 km.
Anders Levermann a admis que le projet du PIK, s’il était réalisable, pourrait avoir des effets « terribles » en Antarctique, mais que cette solution en vaudrait la peine si elle permet de limiter l’élévation du niveau des océans.
« C’est aussi grand que l’Amérique du Nord, du Mexique au Canada. Il n’y a pas d’endroit sur terre qui soit protégé à une telle échelle », fait-il valoir.
« Nous ferions de l’Antarctique ouest une zone industrialisée », reconnaît-il. « Mais si nous déstabilisons (la calotte glaciaire), tout changera de manière dramatique de toute façon. »
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