« Très mauvaises » perspectives pour la Grande Barrière de corail, selon des scientifiques
Les perspectives d’avenir demeurent « très mauvaises » pour la Grande Barrière de corail, et ce même si cet écosystème unique semble s’être quelque peu rétabli au cours de l’année écoulée, ont annoncé lundi des scientifiques du gouvernement australien, au moment où l’Unesco doit se prononcer sur son statut sur la liste du Patrimoine mondial.
L’agence des Nations unies a publié en juin les préconisations de ses experts et organismes consultatifs qui suggèrent que la Grande Barrière, inscrite au Patrimoine mondial en 1981, soit rangée sur la liste des sites « en péril » du fait de sa détérioration, pour beaucoup due à la récurrence des épisodes de blanchissement des coraux, conséquence des bouleversements climatiques.
L’Institut australien pour la science marine (AIMS) a indiqué que les coraux étaient en ce moment dans une phase de rétablissement après une décennie d’événements très stressants pour l’ensemble du système, du fait du réchauffement de l’eau et de l’impact de cyclones.
Mais ces moments de répit sont de plus en plus rares en raison du réchauffement climatique, expliquent dans leur rapport annuel publié lundi les scientifiques de cette agence gouvernementale qui observe depuis 35 ans l’état de santé de la Grande Barrière.
« La récurrence d’événements météorologiques extrêmes liés au réchauffement et la prolifération de l’étoile de mer +couronne d’épines+ génèrent une pression de plus en plus forte et fréquente, ce qui donne aux récifs moins d’occasions pour se rétablir », a déclaré le directeur général de l’AIMS, Paul Hardisty.
Les scientifiques ont observé 127 récifs en 2021 et noté que la couverture de coraux durs avait augmenté dans 69 des 81 sites observés ces deux dernières années.
D’autres données scientifiques publiées en octobre avaient montré que l’ensemble de 2.300 km de long avait perdu la moitié de ses coraux depuis 1995, sous l’effet de plusieurs épisodes de blanchissement liés au réchauffement des températures de l’eau.
Britta Schaffelke, directrice des programmes de recherche à l’AIMS, a estimé que les dernières découvertes donnaient « une lueur d’espoir quant à la résilience des récifs ».
Mais elle a ajouté que les « perspectives d’avenir étaient toujours très mauvaises à cause des dangers du réchauffement climatique et d’autres facteurs qui ont un impact sur les organismes qui font le récif ».
La Grande Barrière est menacée par la récurrence de graves épisodes de blanchissement de ses coraux provoqués par le réchauffement climatique, par les activités industrielles ou agricoles ou encore par l’acanthaster pourpre, une étoile de mer invasive.
L’acanthaster planci -surnommée « couronne d’épines » ou plus facétieusement « coussin de belle-mère »- se nourrit presque exclusivement de coraux, peut atteindre un mètre de diamètre et est dotée de piquants dont le venin est toxique pour l’homme.
Canberra s’est engagé dans une vaste opération de lobbying destinée à empêcher que cet écosystème exceptionnel soit inscrit sur la liste des sites « en péril ».
Une telle inscription n’est pas considérée comme une sanction par l’Unesco. Certains pays y voient même un moyen de sensibiliser la communauté internationale et de contribuer à la sauvegarde de leur patrimoine.
Mais l’Australie le verrait comme une gifle et redoute que cela n’entame l’attrait touristique de l’ensemble corallien qui s’étend sur 2.300 km et génère 4,8 milliards de dollars de revenus pour le secteur touristique australien.
Une décision est attendue autour du 23 juillet.
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