Surfer sur Internet génère plus de gaz à effet de serre que prendre l’avion
Les technologies et la multiplication des nouveaux usages d’Internet ne sont pas sans conséquence pour la planète. Le numérique – à savoir les appareils et autres objets connectés, les data centers… – émettrait plus de CO2 que le trafic aérien, s’alarment les experts.
Quand on parle de réchauffement climatique, de gaz à effet de serre, de pollution…, on pense souvent à la déforestation ainsi qu’aux fumées noires et toxiques rejetées par les avions, les usines ou encore les voitures. On oublie la pollution numérique engendrée par les nouvelles technologies. Difficile de ressentir le coût environnemental d’un secteur dématérialisé, qui n’a ni goût ni odeur. Et pourtant, les téléphones, ordinateurs, télévisions et autres centres de données émettent plus de gaz à effet de serre que le trafic aérien, selon les résultats d’une nouvelle étude.
Les technologies de l’information et des communications (TIC) produisent en effet entre 2,1 et 3,9 % des émissions mondiales quand le trafic aérien (d’avant-covid) n’en génère qu’entre 2 et 2,5 %. Et pour cause : le secteur du numérique a connu une croissance massive et accélérée ces 70 dernières années.
Aujourd’hui, un simple « like » sur un post Instagram peut avoir de graves conséquences pour la planète. Ce « simple » like n’est pas si simple que ça finalement: il doit parcourir toute l’infrastructure d’Internet, à savoir les antennes (qu’il faut construire), la box wifi (connectée H24), les réseaux de câbles sous-marins, les data centers (gros consommateurs d’énergie), les satellites (qui polluent notre espace)… Et tout cela nécessite des centrales nucléaires, des centrales à charbon, à gaz, ou encore à pétrole, elles aussi sources de pollution.
Des nouveaux usages gourmands en énergie
Pour leur étude, les chercheurs ont procédé à une analyse de la documentation scientifique sur le sujet, qu’ils ont ensuite révisée pour y inclure de nouveaux facteurs essentiels, notamment les émissions totales liées au cycle de vie (extraction des matières premières, processus de fabrication et transport vers l’entreprise ou l’utilisateur), à l’utilisation ou à l’exploitation (consommation d’électricité et entretien) et à la fin de vie (recyclage ou destruction…) de toutes ces technologies.
Les nouveaux usages d’Internet ont également été pris en compte (intelligence artificielle, objets connectés…), parce qu’ils sont particulièrement énergivores. « Les chercheurs ont estimé que 284.019 kg de CO2 sont émis lors de la formation d’un seul algorithme d’apprentissage automatique, ce qui représente cinq fois les émissions d’une voiture sur toute sa durée de vie« , expliquent notamment les auteurs.
L’empreinte carbone des objets connectés est sous-explorée, mais pourtant tout aussi dangereuse pour la planète, déplorent les chercheurs. D’autant que la multiplication des objets connectés s’accompagne naturellement d’une augmentation des déchets des produits non connectés. Les bouilloires connectées remplacent petit à petit les bouilloires traditionnelles. Or, la destruction de ces objets électriques pollue énormément.
Combien consomment nos actes?
- Un email: un mail d’1MB générerait au total 20g de CO2, soit l’équivalent d’une ancienne lampe de 60W allumée pendant 25 min.
- Une recherche sur Internet: une recherche sur Internet représenterait 3,4 Wh (0,8g d’équivalent CO2). Ce nombre atteindrait 10g après une recherche via un moteur qui aboutit à cinq résultats.
- Surfer sur Internet pendant un an: pour surfer sur Internet, un utilisateur lambda consomme environ 365 kWh d’électricité et 2900 litres d’eau par an.
Source: energuide.be
Des règles pour éviter l’anarchie
Si on ne contrôle pas ce secteur, si on n’impose pas de règles strictes, la multiplication des nouvelles technologies pourrait entraîner une croissance exponentielle des émissions de gaz à effet de serre. Rien qu’entre 2002 et 2012, les émissions du secteur de la communication ont bondi de 40 %, soit une croissance annuelle de 1,8 %, ont estimé les chercheurs. Avant de tirer la sonnette d’alarme : « Les émissions du secteur progressent ainsi pratiquement deux fois plus vite que les émissions globales«
Et si l’Europe s’est engagée à devenir neutre en carbone d’ici 2050, cela pourrait être impossible, tant qu’on n’aura pas mis un coup de frein au développement de ces nouvelles technologies. En imaginant que les émissions du secteur du numérique restent stables d’ici 2050, elles représenteront 35,1 % des émissions globales d’ici là. Bref, si on n’agit pas maintenant, le secteur du numérique pourrait à lui seul faire capoter l’accord de Paris.
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