Sécheresse, inondations… Face aux dérèglements climatiques, la Wallonie s’engage à reverdir ses villes
Un nouvel espace vert de 7.000 mètres carrés doit notamment voir le jour en plein cœur de Namur. Un projet parmi d’autres visant à végétaliser l’espace public en Wallonie. Leur objectif? Améliorer le bien-être des citoyens, mais surtout lutter contre le réchauffement climatique.
Inondations en 2021, sécheresse en 2022. Ces catastrophes naturelles ne sont finalement que les deux faces d’une même pièce: les conséquences du dérèglement climatique. Pour diminuer l’impact de ces évènements climatiques extrêmes, contribuer au bien-être mental des citoyens, atténuer la pollution de l’air et la pollution phonique, le sud du pays entend reverdir ses villes.
Afin de répondre aux enjeux écologiques, la Wallonie a en effet fait de la « soutenabilité environnementale » l’un des axes de son Plan de relance et y consacre donc une partie de son budget.
Un plan de grande envergure
Divers plans de verdurisation ont vu le jour ces derniers mois. Parmi ceux-ci, le gouvernement wallon – à l’initiative de la Ministre Tellier et du Ministre Henry – a imaginé un plan de grande envergure divisé en quatre phases.
Phase 1: « Parcs en milieu urbain«
Un premier appel à projet, portant sur la création de nouveaux espaces verts publics, a été lancé le 1er avril 2021. Il s’adressait aux communes dont la population est comprise entre 15.000 et 50.000 habitants et/ou où la densité de population est supérieure à 500 habitants/km2. L’objectif fixé? Lutter contre les îlots de chaleur par la plantation d’arbres et autres végétaux et lutter contre la sécheresse et/ou les inondations en contribuant à la régulation du cycle de l’eau.
Parmi les nombreuses candidatures, 17 villes ont été retenues. Il s’agit des communes d’Arlon, Ath, Binche, Braine-le-Comte, Comines, Dour, Eupen, Frameries, Gembloux, Huy, Lessines, Marche-en-Famenne, Pont-à-Celles, Rixensart, Soignies, Waremme et Wavre. Ces lauréats se partageront un budget de 12,1 millions d’euros, qui permettra la création de 45,39 ha de nouveaux espaces verts. Voici quelques exemples de projets :
- Création d’un grand parc multifonctionnel à Mons ;
- Désimperméabilisation et végétalisation d’un parking grâce à l’installation de plantes pionnières à Braine-le-Comte ;
- Création d’un parc avec écopâturage et cheminement sur caillebotis à Marche-en-Famenne ;
- Création d’un parc inondable évoluant au gré des crues à Rixensart ;
- Aménagement d’un espace vert, de type square, à Wavre…
Phase 2 et 3: « Maillage vert et bleu«
En mai 2022, les autorités wallonnes ont décidé de poursuivre leur action et de lancer deux nouveaux appels à projets. Ceux-ci sont consacrés au maillage vert et bleu, tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Ils ont pour objectif de renforcer et restaurer le maillage vert (pour la nature) et bleu (pour les cours d’eau), notamment par la remise à ciel ouvert de cours d’eau ou encore la restauration de berges plus naturelles. Les villes et villages ont jusqu’au 9 septembre et 7 novembre prochains pour poser leur candidature.
Chaque m² de béton enlevé et remplacé par la nature est une victoire vers une société plus durable et plus résiliente.
Céline Tellier
Phase 4: « Végétalisation à l’échelle d’un quartier »
Enfin, le gouvernement consacre la dernière phase de son plan à une végétalisation à plus petite échelle. Plutôt que de créer de grands espaces verts, ou d’améliorer la qualité des berges naturelles, cette phase se concentre sur les quartiers, les lieux de vie quotidiens.
Les quartiers densément minéralisés et donc plus imperméables sont visés par cet appel. Et pour cause: le béton et le goudron ont pour effet d’emmagasiner la chaleur pendant la journée et d’imperméabiliser nos villes en cas de fortes pluies. Et c’est là la source du problème…
Plantations, végétalisation de façades, créations de petits jardins publics, jardins de trottoirs… Faire revenir la nature en ville, même par petites touches, serait donc la stratégie idéale pour prévenir les inondations et les épisodes de grande chaleur.
L’appel à projets sera lancé d’ici début 2023.
7000 m² d’espace vert à Namur
Côté végétalisation, la capitale wallonne n’est pas en reste: la Ville de Namur a récemment présenté l’esquisse du nouvel espace vert de 7.000 mètres carrés qui doit voir le jour dans son centre en 2024.
Le nouveau parc prendra place sur un site anciennement occupé par la Haute école Albert Jacquard, à quelques centaines de mètres de l’Hôtel de ville. L’obtention d’un permis unique auprès de la Région wallonne pour la reconfiguration du site est espérée pour fin 2022. Les travaux pourraient alors débuter au premier semestre 2023 en commençant par le désamiantage du site, la destruction des bâtiments actuels et l’assainissement des sols. La construction du parc pourrait ensuite débuter fin 2023 pour une durée estimée à un an.
Une place importante y sera donnée à la biodiversité avec une grande diversité de plantations. Le projet inclut également la création de toitures végétales, d’une zone humide ou encore d’une fontaine sèche en circuit fermé.
Un autre parc de 3.500 mètres carrés va également voir le jour dans le quartier des Casernes.
Nature en ville, quelques conseils
Les citoyens aussi peuvent faire avancer les choses, à leur niveau. « Les espaces publics représentent un énorme potentiel à coloniser : bermes centrales, rond-point, oreilles de trottoirs, intérieur d’îlot, bordures des bâtiments, parterres de rue, fosses d’arbres, place de parking… Autant de zones susceptibles d’accueillir des aménagements en faveur de la biodiversité », estime l’ASBL Natagora, qui appelle les citadins à agir dès maintenant.
Elle donne quelques conseils pour aménager les pieds d’arbres:
– Avant de commencer, il convient de se renseigner auprès des autorités publiques pour obtenir les autorisations nécessaires;
– Prenez en compte l’état général de l’arbre et son système racinaire: si la terre est de mauvaise qualité, que les racines de l’arbre sont apparentes ou que la fosse est peu profonde, ne plantez rien. S’il y a déjà des plantes autour de l’arbre en question, laissez courir librement la végétation spontanée déjà présente et s’il n’y a rien autour de l’arbre et que les conditions sont bonnes, il est envisageable de planter directement en pleine terre;
– Ne plantez pas à moins de 15 cm autour du collet d’un jeune arbre ou à moins de 40 cm autour de celui d’un arbre plus âgé;
– Privilégiez les plantes indigènes vivaces;
– Proscrivez les plantes exotiques envahissantes;
Avec belga
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