Premier bilan de l’accord de Paris: « Il faut faire beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts »
Les pays du monde entier doivent faire « beaucoup plus, maintenant, sur tous les fronts » en matière de lutte contre le changement climatique, selon un premier bilan de la mise en oeuvre de l’accord de Paris de 2015, publié par l’ONU à 82 jours de la COP28.
Le monde n’est pas sur la trajectoire pour atteindre les objectifs de long terme de l’accord de Paris », conclut le bilan publié sous l’égide de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Pour limiter le réchauffement à 1,5°C, la limite la plus ambitieuse de cet accord historique, les émissions de CO2 devront atteindre un pic avant 2025 et l’atteinte de la neutralité carbone nécessitera le développement des énergies renouvelables ainsi que la sortie de toutes les énergies fossiles sans captage de CO2, insiste le rapport.
L’intérêt de ce nouveau rappel à l’ordre, qui puise dans les volumineux et alarmants rapports scientifiques du Giec, est qu’il constituera la base indiscutable des âpres négociations de la 28e conférence climatique de l’ONU, du 30 novembre au 12 décembre aux Emirats arabes unis, annoncée comme la plus grande COP jamais réunie, avec au coeur des discussions l’avenir des énergies fossiles: charbon, pétrole et gaz. Il est publié au moment même où les dirigeants des grandes nations du G20 commencent à se réunir à New Delhi, avec peu d’espoir de réaliser des avancées ambitieuses sur la question climatique. Ce « bilan des efforts mondiaux de mise en œuvre de l’Accord de Paris » – « Global stocktake » dans le jargon onusien – est un document attendu de longue date, et le premier exercice du genre depuis l’accord de 2015.
A cette occasion, les nations du monde s’étaient engagées à limiter l’augmentation de la température mondiale bien en-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre leurs efforts pour la limiter à 1,5°C. Avec déjà près de 1,2°C de réchauffement, le monde subit dès à présent des événements extrêmes comme les canicules, sécheresses, inondations et méga-feux qui ont ravagé diverses régions du monde cet été, le plus chaud jamais mesuré sur le globe. Et sont démultipliés à chaque dixième de réchauffement supplémentaire. « Il existe une fenêtre qui se referme rapidement pour augmenter les ambitions et mettre en oeuvre les engagements existants afin de limiter le réchauffement à 1,5°C« , prévient le bilan, qui suggère une nouvelle fois de multiplier les efforts en faveur de la finance, en premier lieu vers les pays en développement, de la baisse des émissions ou encore de l’adaptation au changement climatique.
L’atteinte de la neutralité carbone nécessitera des transformations profondes dans tous les secteurs et domaines, « y compris le développement des énergies renouvelables et la sortie des énergies fossiles sans captage du CO2 », souligne-t-il. Pour atteindre ses objectifs, l’humanité doit « réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 43 % d’ici à 2030 et de 60 % d’ici à 2035 par rapport aux niveaux de 2019″, et atteindre la neutralité carbone en 2050, rappelle le rapport.