Pourquoi les bouchons sont désormais attachés aux bouteilles de sodas
Les bouchons attachés aux bouteilles d’eau et de sodas se multiplient dans les rayons. D’où viennent-ils et pourquoi ?
Sur les bouteilles de Fanta, Coca ou Sprite, se trouvent désormais de nouveaux bouchons. Fini les dissociables, et donc jetables : place à ceux qui restent attachés à la bouteille. Cette grande nouveauté chez Coca-Cola s’inscrit, en réalité, dans le cadre d’une directive européenne sur les plastiques à usage unique qui entrera en vigueur en 2024. Adopté en 2019, ce texte vise à limiter l’impact de certains produits en plastique sur l’environnement et à promouvoir une transition vers une économie circulaire dans toute l’Union européenne. Avec ce nouveau dispositif, « Coca-Cola Belgique aspire à ce que les bouchons soient toujours collectés – et recyclés – avec la bouteille. Cela a pour but d’éviter les déchets sauvages« , expose Joke Dom, manager de la communication chez Coca-Cola Belgique. Une transformation qui représente un investissement 4,5 millions d’euros auprès des sites d’Anvers et de Chaudfontaine, « afin de convertir les lignes de production et concrétiser le passage aux bouteilles à bouchon attaché. »
Les bouchons non attachés, un danger pour l’environnement
La sensibilisation au plastique et la récupération de bouchons de bouteille ne datent pas d’hier. Pourtant, encore aujourd’hui, sur une plage, 9 détritus sur 10 seront en plastiques… sachant que 95% de nos déchets (souvent plastiques) finissent dans la mer, et donc sur les plages. « Les gens, quand ils utilisent des bouteilles en plastique, mettent plus facilement une bouteille en plastique à la poubelle qu’un bouchon, qu’on laisse tomber, qu’on perd plus facilement », énonce Sylvie Gobert, professeure d’océanographie biologique à l’ULiège.
Aux premiers aspects, le bouchon est passif. Mais la réalité en est très éloignée. Comme l’explique Sylvie Gobert, « il y a d’abord la pollution physique : ces bouchons sont assimilés ou mangés par des organismes parce qu’à force de baigner dans l’océan, ils se retrouvent colonisés par des organismes marins, bactéries, micro-algues. Cela leur donne la même odeur que des proies qui seraient mangés par des organismes marins qui les confondent alors. » Les bouchons transportent également des virus, des bactéries et des algues et les amènent, par la dérive, dans des zones où ils ne devraient normalement pas se trouver. « Ces micro-organismes peuvent devenir dangereux, contaminants ou envahissants », complète la professeure. « Et puis, quoi qu’on en dise, ils contiennent aussi des substances chimiques qui, quand elles sont ingérées, peuvent devenir aussi toxiques que des métaux lourds. »
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Un problème post-posé ?
Ces nouveaux bouchons s’inscrivent dans la stratégie « World Without Waste » de Coca-Cola : « Pour réduire l’empreinte carbone de nos emballages, nous avons une stratégie claire : utiliser, là où c’est possible, moins d’emballages et collecter tous les emballages usagés, afin qu’ils ne finissent pas dans la rue et soient recyclés en de nouveaux emballages, expliquer Joke Dom. Ainsi, en tant qu’entreprise, nous continuons à travailler pour réduire de 30 % les émissions de CO2 sur l’ensemble de la chaîne de valeur d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040. » L’usine d’embouteillage d’eau minérale de Chaudfontaine est d’ailleurs devenue le premier site belge de Coca-Cola à obtenir son certificat de neutralité en CO2, en 2022.
Certes, opter pour les bouchons attachés est « mieux car limite la dissémination dans l’environnement » (et les effets que l’on connaît), selon Sylvie Gobert. Qui pointe toutefois quelques limites : « De nombreuses personnes ne font pas le lien avec la pollution et enlèvent le bouchon une fois dévissé. » Il en va de même pour l’usage du PET recyclé, « le nombre de fois que l’on peut recycler un plastique n’est pas illimité. On peut recycler une bouteille deux ou trois fois mais, après, elle retourne dans le cycle normal du plastique. » Et d’ajouter que « le plastique a cette grande particularité d’être quasiment immortel, on peut le manipuler comme on le veut, mais tout ce qu’on ajoute pour qu’il soit bleu ou rouge, souple ou dur, ce sont des composants chimiques. » Bien que la professeure salue l’initiative, elle lui reproche de ne pas s’attaquer à la base du problème et de le post-poser.
Lancée en février 2023, la transformation se terminera d’ici la fin de l’année. Sylvie Gobert invite cependant à limiter l’achat de plastique et à remplacer, par exemple, la bouteille en plastique par une gourde.
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