On n’a jamais été aussi proches de détruire les PFAS, ces « polluants éternels » toxiques
Présentes dans de nombreux produits de la vie quotidienne, les PFAS sont particulièrement dangereuses pour la santé. Une nouvelle méthode de décomposition pourrait représenter une percée majeure dans la lutte contre ces substances toxiques.
Vêtements, produits ménagers, shampoings, poêles antiadhésives, lutte contre les incendies, emballages alimentaires… Les PFAS, ou Substances per- et polyfluoroalkylées, sont abondamment utilisées au quotidien en raison de leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs. Certains PFAS peuvent pourtant avoir des effets néfastes tant sur les humains que l’environnement. La toxicité de ces composés chimiques est en effet multiple:
- ils provoquent une augmentation du taux de cholestérol,
- peuvent entraîner des cancers,
- causer des effets sur la fertilité et le développement du fœtus,
- et sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire.
À tel point qu’aujourd’hui, ces substances chimiques sont fortement réglementées au sein de l’UE.
Produits chimiques dits « éternels »
Outre leur toxicité, c’est leur résistance qui pose souvent problème. On les appelle d’ailleurs les « produits chimiques éternels », car ils se décomposent très lentement et s’accumulent dans l’environnement et les tissus humains, y compris le foie. Avec le temps, ils se sont ainsi répandus à la fois dans l’eau, le sol, l’air, les nappes phréatiques et même dans les lacs et les rivières. Une étude suédoise a récemment montré que l’eau de pluie était impropre à la consommation partout sur Terre en raison d’un niveau trop élevé de PFAS.
En mai 2021, une enquête réalisée par neuf ONG européennes sur la présence de PFAS dans les emballages alimentaires en papier et en carton utilisés en Europe a révélé que l’ensemble des produits analysés présentaient des traces de PFAS. Pire encore : dans la majorité des cas, on constatait un traitement intentionnel aux PFAS et des taux jusqu’à 60 fois supérieurs au seuil de sécurité. La Belgique a donc décidé de bannir les PFAS des emballages alimentaires en papier et en carton.
Une autre étude a même pointé du doigt l’entreprise 3M, située à Zwijndrecht, en province d’Anvers, accusée de pollution massive. Les habitants vivant aux alentours présentaient jusqu’à 168 fois plus de PFAS dans le sang que le seuil normal, qui est de 6,9 nanogrammes par millilitre de sang. Des taux d’une hauteur jamais vue. Des traces ont été trouvées jusqu’à 15km à la ronde, notamment dans les œufs et dans l’eau potable. Les eaux souterraines, contaminées, ont également été versées dans l’Escaut.
Le caractère quasi-indestructible de ces substances est lié aux longues liaisons carbone-fluor qui les composent, parmi les plus fortes en chimie organique. Les méthodes actuelles pour dégrader ces polluants requièrent donc des traitements puissants, comme l’incinération à très haute température ou l’irradiation par ultrasons. Des processus artificiels coûteux et énergivores qui donnent des résultats discutables puisqu’ils ne permettent pas de décomposer totalement les produits chimiques après leur élimination.
Note d’espoir
Des scientifiques ont néanmoins annoncé avoir trouvé une méthode pour détruire ces polluants « éternels ». La technique, qui nécessite des températures relativement basses et des produits dits réactifs courants, a été mise au point par des chimistes aux Etats-Unis et en Chine dont les travaux ont été publiés dans la revue Science, offrant une potentielle solution à un problème persistant pour l’environnement, le bétail et les hommes.
Ce nouveau procédé s’attaque à une faiblesse chez certains types de PFAS: à l’une des extrémités de leur molécule, un groupe d’atomes d’oxygène peut être ciblé par un solvant et un réactif courant à des températures moyennes de 80 à 120 degrés Celsius.
Lorsque cela se produit, « cela provoque l’effondrement de la molécule entière dans une cascade de réactions complexes », explique William Dichtel de l’université Northwestern, un des auteurs de l’étude.
L’étude est préliminaire et ne se limite pour l’instant qu’à 10 PFAS. « Il y a d’autres types [de PFAS] qui n’ont pas le même talon d’Achille mais chacun a son propre point faible », souligne William Dichtel. « Si nous pouvons l’identifier, alors nous saurons comment l’activer pour le détruire. »
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